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Essebsi a-t-il les moyens de ses ambitions ?
Les composantes du paysage politique national réagissent à la création du «Mouvement Appel de la Tunisie»
Publié dans La Presse de Tunisie le 18 - 06 - 2012

Comment les différentes composantes du paysage politique national ont-elles réagi à l'annonce, par Béji Caïd Essebsi, relative à la création du «parti Mouvement Appel de la Tunisie» ? Quelle lecture font les représentants des partis politiques et de la société civile du discours de Caïd Essebsi et plus particulièrement du volet dans lequel il souligne que «le Mouvement Appel de la Tunisie n'est pas un mouvement d'opposition, mais plutôt un mouvement de soutien au service de la Tunisie».
Pensent-ils que les fondateurs de ce nouveau parti ont les moyens et les compétences nécessaires pour assurer le rôle qu'ils se sont autoconfié, celui de sauver la Tunisie de la dérive, comme le laisse entendre le discours de Caïd Essebsi ?
Ce sont ces interrogations qui ont constitué la toile de fond des entretiens que La Presse a eus avec plusieurs acteurs de la vie politique en Tunisie dans l'objectif de savoir si ce nouveau parti a de l'avenir et si ses responsables ont les moyens et les projets qu'il faut pour satisfaire les attentes des Tunisiens.
Issam Chebbi : des objectifs qui manquent de clarté
Issam Chebbi, membre du bureau exécutif du Parti Al Joumhouri, commence par souhaiter du succès au Mouvement Appel de la Tunisie qui «ambitionne de rassembler les destouriens et leur offrir un cadre leur permettant de participer à la vie politique et d'exercer leur droit à l'édification de la Tunisie nouvelle comme ils l'ont fait pour la construction de l'Etat moderne à la suite de l'accession de notre pays à l'indépendance. Toutefois, le positionnement de ce parti manque de clarté et de transparence pour ce qui est de sa relation avec le gouvernement et avec le reste des composantes du paysage politique national. Nous considérons que l'opposition assume un rôle fondamental pour ce qui est de la consécration de la démocratie et de l'instauration de l'équilibre entre les différentes forces présentes sur la scène.
Seulement, il apparaît que Caïd Essebsi a choisi pour son parti la position de «mouadhadha», ce qui veut dire une position de soutien au gouvernement et non d'opposition claire ou déclarée.
Cependant, nous attendons que le parti Appel de la Tunisie publie son programme afin qu'on puisse avoir une idée précise sur les relations qu'il aura avec les autres formations politiques et nous pensons que dans tous les cas, ces relations seront des relations de coopération dont l'objectif est de faire réussir la deuxième étape de la transition démocratique».
Le responsable du Parti Al Joumhouri évoque certaines lectures qui soutiennent qu'il existe un marché politique qui serait appuyé par certaines parties étrangères pour souligner: «Ceux qui penchent pour ce genre d'analyse oublient un élément essentiel. Il s'agit du peuple tunisien qui a surpris le monde entier par sa révolution tranquille et pacifique et qui est déterminé à constituer la force motrice de la construction de la Tunisie de demain, loin des marchés et des arrangements. Quant aux affirmations de Si El Béji selon lesquelles aucun parti politique n'a participé à la révolution de la dignité et de la liberté, je pense qu'elles gagneraient à être révisées dans la mesure où le PDP (qui a fusionné avec d'autres partis pour donner naissance au Parti Al Joumhouri) a été, comme le reconnaissent les acteurs de la vie politique nationale, la voix de cette révolution, que ses militants étaient sur le terrain et qu'ils ont payé chèrement leur engagement pour que triomphe cette même révolution».
Mohamed Hamdi : des messages contradictoires
Pour Mohamed Hamedi, coordinateur du courant réformiste au sein du PDP, «le discours de Béji Caïd Essebsi comporte des messages contradictoires, puisqu'il véhicule beaucoup de données qui ne sont pas claires. Nous attendons que les choses soient claires et que le programme de ce parti soit divulgué afin qu'on puisse le juger».
Et Hamedi de poursuivre : «Nous avons le sentiment que Caïd Essebsi veut ratisser large, qu'il propose ses services à tout le monde et qu'il cherche à regrouper des familles politiques et des appartenances idéologiques qui ne peuvent pas, à mon avis, travailler sous la même bannière. Et puis, je ne pense pas qu'il soit de l'intérêt de la Tunisie de voir son avenir dépendre uniquement du parti Ennahdha et du nouveau parti annoncé par Essebsi. Je crains fort qu'il y ait un marché derrière toute cette mobilisation médiatique dont l'objectif est de se partager le pays et de nous faire croire qu'on ne peut pas concevoir d'avenir en dehors de la mainmise ou de la tutelle des islamistes d'Ennahdha ou des libéraux rangés derrière Essebsi. Seulement, ils oublient que le paysage politique national est plus large et que la révolution a libéré beaucoup d'énergie et de compétences qui proposent d'autres alternatives».
Abdelwaheb El Heni : présence des anciens de l'Etat-parti RCD
Quant à Abdelwaheb El Héni, président du parti Al Majd, il est d'avis que «l'initiative de regroupement est une très bonne chose puisqu'elle permet de mieux équilibrer le paysage politique national en vue des prochaines échéances électorales».
«Mais, poursuit-il, nous regrettons que l'initiative de Si El Béji ait regroupé plutôt des anciens de l'Etat-parti RCD.
Pour ce qui est de la situation actuelle, nous estimons qu'elle est difficile et qu'elle commande un consensus aussi large que possible pour répondre aux attentes des citoyens, préparer les prochains rendez-vous électoraux, nous mettre d'accord sur le futur système politique et entamer les grands chantiers de la réforme.
Quant au discours de Si El Béji, nous pensons qu'il a repris beaucoup de nos propositions concernant les solutions à même de faire sortir la Tunisie de la crise. Il a puisé dans notre position de soutien critique du gouvernement, loin de l'allégeance d'un côté, ou de l'opposition frontale de l'autre. C'est ce que nous avons appelé “Al Mouadhadha” et que Si El Béji a repris textuellement. Chose qui nous rassure quant à la justesse de nos analyses. Nous constatons qu'il a repris aussi l'appel que nous avons lancé au gouvernement pour l'initiation d'un débat national sur la meilleure stratégie à mettre en œuvre en vue de réussir la transition démocratique, et ce, avec la participation de tous les partenaires politiques et sociaux, notamment l'Ugtt.
Si El Béji nous a habitués à ces petites phrases à l'endroit de ses adversaires, ce qui anime la vie politique mais cela doit rester dans le cadre du respect des individus et des institutions».
Abdelwaheb El Héni est convaincu, d'autre part, que «Si El Béji, en grand habitué de la tactique politique, a dû réunir les éléments du succès à son initiative sur les plans interne, international, organisationnel, médiatique et financier, d'où cette grande mise en scène qui a été précédée par ses allers-retours diplomatiques à l'étranger, en Occident comme en Orient, auprès du même soutien qatari de l'actuel parti au pouvoir. Ce qui peut faire penser à une probable stratégie double chez le “parrain” en question».
Slaheddine Jourchi : Si El Béji au-dessus des tiraillements
De son côté, Slaheddine Jourchi, communicateur et co-président de l'Assemblée constituante civile, pense que les éléments suivants seront déterminants quant «à l'avenir de l'initiative d'Essebsi qui a mûri pour donner naissance à un nouveau parti politique.
D'abord, comment les Tunisiens vont-ils accueillir ce parti qui regroupe plusieurs parties dont les Bourguibiens et une partie des Rcdistes?
Ensuite, la capacité de Si El Béji à prouver que son parti n'est pas un parti d'opposition traditionnel mais un parti d'une autre envergure, vu l'expérience politique de son fondateur et sa réussite à conduire la première étape de la transition.
Si El Béji est convaincu, partant des données précédentes, que son parti et les compétences qu'il renferme ont les compétences nécessaires pour diriger le pays face à la Troïka qui manque précisément d'expérience. Et c'est cette donnée là qui représente la substance du discours du fondateur du parti du Mouvement Appel de la Tunisie.
Pour lui, l'alliance actuelle n'a pas les moyens de diriger toute seule le pays et de faire face aux problèmes. Elle a donc besoin d'être soutenue, accompagnée et conseillée par ceux qui disposent de l'expérience et de la compétence requises.
A mon sens, il se propose en tant que partenaire qui ne cherche pas à intégrer le gouvernement tout de suite, mais qui veut proposer ses services et ses conseils, du moins pour ce qui est de l'étape actuelle.
Aussi, Si El Béji cherche-t-il à se mettre au-dessus de la mêlée et à se placer au-dessus des tiraillements qui distinguent le paysage politique actuel. Je reste, toutefois, convaincu que l'initiative de Si El Béji, qui fera l'objet d'une grande campagne de dénigrement de la part de ceux qui lui sont hostiles, demeure une tentative importante en vue de rétablir l'équilibre entre la Troïka au pouvoir actuellement et les partis de l'opposition plus éparpillés que jamais».
Chokri Belaïd : une initiative vouée à l'échec
Me Chokri Bela ïd, coordinateur général du Mouvement des patriotes démocrates, n'y va pas par quatre chemins pour exprimer sa conviction que Béji Caïd Essebsi ne réussira pas avec son nouveau parti à rassembler les partis de l'opposition, et ce, pour les considérations suivantes :
– L'opposition est composée, en réalité, d'oppositions diverses et diversifiées. On trouve une opposition en contradiction complète avec le programme du gouvernement actuel dont le programme économique est le même que celui mis en œuvre par le gouvernement Essebsi lors de la première étape de la transition démocratique. Je pense que la véritable opposition à laquelle appartiennent les Patriotes démocrates n'est pas concernée par l'initiative d'Essebsi.
– Plusieurs parties en Tunisie et à l'étranger cherchent à créer un pôle à deux composantes. La première de droite et opérant sous le couvert de la religion et dirigée par Ennahdha. La deuxième de droite également et libérale sous la conduite d'Essebsi. C'est une orientation qui rompt avec le processus révolutionnaire tunisien.
– C'est une tentative qui cherche à empêcher les forces démocratiques de faire prévaloir leur programme visant à éradiquer définitivement le despotisme, la corruption et la malversation.
Et Chokri Belaïd de souligner qu'il «est plus que jamais à l'ordre du jour d'édifier un front patriotique progressiste fondé sur un programme et des objectifs communs dont en premier lieu la rupture avec le modèle de développement libéral et l'instauration de la démocratie sociale».


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