L'un des enjeux prioritaires de ce XXIe siècle sera de tracer la voie d'un développement réussi et durable pour tous, et donc de concilier les équilibres, à la fois entre les hommes, entre les pays et avec les écosystèmes. Un enjeu qui en appelle, d'ailleurs, un autre, celui de trouver les formules idéales qui soient en mesure d'assurer à tous les pays une transition énergétique fiable et efficace. Or, pour relever un tel défi, il est absolument nécessaire —comme on l'a déjà soulevé lors du Sommet de Rio +20, qui se tient actuellement—, de soutenir significativement la coopération internationale et d'assister surtout les pays en voie de développement. Consciente de l'importance de cette orientation, la Tunisie a réussi, tout de même, à s'entourer d'un réseau de partenaires plutôt efficace. On pense surtout à la coopération allemande qui, grâce à son agence internationale GIZ, a réussi à bien accompagner notre pays dans sa politique de maîtrise de l'énergie. Le parcours de la GIZ semble déjà long. Justement, la coopération allemande s'est positionnée sur le marché tunisien depuis les années 70. Plus précisément en 1975. Le premier secteur ciblé, l'énergie, notamment les énergies renouvelables et l'efficacité énergétique, que le responsable allemand qualifie de stratégiques. A l'époque, soutient M. Ulrich Laumanns, chef de mission à la GIZ, «on a commencé par de petits projets agricoles à travers l'amélioration de l'électrification rurale, avec l'introduction progressive des énergies renouvelables et notamment le système photovoltaïque et aussi le recours aux technologies dans le domaine de la biomasse à travers deux composantes. La première concerne les petits bio -digesteurs et la deuxième concerne l'utilisation des fours économes en énergie, notamment pour la cuisson». A partir de 2003, on a eu droit à un nouveau projet dans le cadre de la coopération tuniso-allemande. Le projet, piloté par la GIZ et l'Anme, consistait alors à l'accélération de la promotion des énergies renouvelables et de l'efficacité énergétique. C'est un projet de 10 années (il va se poursuivre jusqu'à août 2013) et il est financé par le gouvernement allemand et plus particulièrement le ministère de la Coopération économique et du Développement . Ce projet, note M. Laumanns, «s'est reposé sur trois phases : la première consiste au renforcement des capacités de l'Anme sur le double niveau technique et organisationnel. Au cours de la deuxième étape, l'effort, s'est orienté vers le renforcement des mécanismes de promotion des énergies renouvelables et de l'efficacité énergétique». Pour la troisième phase, «notre objectif est de renforcer le potentiel du marché tunisien au niveau des énergies renouvelables et aussi en matière d'efficacité énergétique. Aujourd'hui, on travaille à plusieurs niveaux pour assurer, d'une part, le bon fonctionnement du marché et, de l'autre, mettre en place toutes les conditions favorables à l'attraction des investisseurs, étrangers notamment. C'est-à-dire l'amélioration des conditions-cadres, entre autres réglementaire, juridique et institutionnelle». On assure également «l'assistance nécessaire au triple niveau des connaissances, des technologies et des services. Autrement, l'assistance aux professionnels qui sont actifs dans le domaine énergétique avec, bien entendu, le souci d'améliorer la qualité de leurs services et autres prestations. En d'autres termes, on cherche à renforcer les capacités du capital humain». Autre orientation stratégique, la sensibilisation des consommateurs des produits énergétiques. Et là, « on cible surtout les entreprises grandes consommatrices d'énergie, telles que les entreprises industrielles. Il s'agit là de trouver les formules idéales qui soient en mesure de permettre à de telles entreprises de réduire leur facture énergétique». On cible d'un autre côté les ménages pour qu'ils «puissent suivre un comportement économique à travers le recours notamment aux énergies renouvelables ou encore l'utilisation des équipements économes». Le responsable allemand estime que depuis le démarrage du projet, le marché tunisien a réussi à s'assurer une dynamique d'évolution remarquable. Aujourd'hui, on compte plus de 300 entreprises opérant dans le secteur énergétique et plus de 3.400 professionnels du secteur. Mais l'on reconnaît que les possibilités de développement du marché local restent largement importantes. Le programme a réussi également à effectuer des réformes importantes au niveau des conditions-cadres, notamment en 2009, avec l'adoption de la nouvelle loi pour la maîtrise de l'énergie, le lancement de nouveaux programmes de promotion et surtout la possibilité pour les ménages de produire leur propre électricité à partir des énergies renouvelables. Transition énergétique Pour ce qui est de l'objectif pour les prochains mois, c'est surtout «de chercher à optimiser encore plus le cadre réglementaire, car parfois, l'on constate un certain flou au niveau de l'application de certains textes». On va chercher également à renforcer les conditions-cadres pour mieux encourager le privé à investir dans le secteur. Actuellement, la GIZ, en collaboration avec l'Anme, est en train de préparer un nouveau projet dans le domaine de l'énergie solaire thermique pour l'industrie. Le projet va démarrer en septembre 2012. En plus de la promotion des énergies renouvelables et de l'efficacité énergétique, la coopération allemande projette de soutenir la Tunisie et l'aider à préparer la transition énergétique, car cette question reste pour M. Laumanns «comme l'un des sujets les plus importants, car le risque d'un épuisement des ressources en pétroles et en gaz est de plus en plus proche. On a atteint le pic de la production et il faut donc réagir, et chercher donc les moyens efficaces pour arriver à cette transition». En Allemagne, par exemple, «on a adopté l'année dernière une feuille de route pour arriver à cette transition énergétique en 2050. Actuellement , on est à 20% des énergies renouvelables dans la production de l'électricité. En 2050 on compte arriver à 80% ». Pour la Tunisie,estime l'expert allemand « je pense que c'est bien là l'une des thématiques prioritaires et stratégiques mêmes, car environ 95% de la production de l'électricité proviennent des énergies fossiles, et cela ne constitue aucunement une situation durable, encore moins rassurante. C'est pour cette raison qu'on soutient la Tunisie dans l'élaboration d'une étude stratégique pour un mix énergétique optimal à l'horizon de 2030» . Mais pour lui, «la Tunisie est en mesure de réussir convenablement sa transition énergétique, car elle a l'avantage de disposer de tout le bouquet des énergies renouvelables».