Par Jawhar CHATTY Nos voisins de l'Atlas travaillent et entreprennent. C'est leur véritable capital pour ne pas tout à fait être absents de l'échiquier mondial de la globalisation politique et économique... Ce « fonds de commerce », cette réserve de sérénité leur permet aujourd'hui de cultiver intelligemment et efficacement leur image à l'échelle internationale. Pendant ce temps, nous excellons dans l'art des initiatives. Pour un peu et nous serons bientôt de simples mais tout de même grands collectionneurs d'initiatives et de contre-initiatives ! Nous continuons surtout à aller chercher des voix internationales qui nous réconfortent dans nos choix et qui seraient propres à « valoriser » notre crédibilité et notre image sur la scène internationale. Sur la voie de la quête des témoignages complices, « surfaits » et sur commande. Cette voie, l'ancien régime l'avait empruntée, on connaît la suite. Et des témoignages, il y en avait à la pelle qui, à l'époque, faisaient l'éloge du modèle tunisien de développement. Des témoignages de personnalités et d'institutions internationales et non des moindres. Nos voisins de l'Atlas travaillent, font aujourd'hui un travail extraordinaire sur le plan du développement économique. Nos voisins, et pour ne citer que le Maroc, ont fait depuis longtemps leur deuil des hypothétiques révolutions. Le Maroc, justement. Voilà un pays dont jusque le nom était jadis et naguère banni par l'ancien régime. Toute référence à la performance économique de ce pays était strictement bannie. Ce pays a non seulement réussi calmement et sans trop de vagues sa révolution copernicienne en termes de gouvernance, mais il a aussi réussi une profonde et porteuse réforme de son système fiscal, financier et bancaire: les véritables vecteurs de tout dynamisme économique et social. Ce pays de l'Atlas n'a attendu pour cela aucune recommandation d'un Prix Nobel quels qu'en soient l'aura, le prestige et l'entrance dans les sphères de la politique et de la finance internationale. Un signe qui ne trompe pas: c'est à Rabat et non à Tunis que la Banque mondiale a tout récemment choisi de tenir son forum sur la question des «Transitions et réformes de la gouvernance dans la région Mena». Les flux d'IDE vers le Maroc, le tourisme et les capitalisations du secteur bancaire marocain n'ont jamais été aussi prometteurs qu'aujourd'hui en dépit de la crise de la dette que traverse l'Union européenne ! Les travaux de la conférence pour le lancement des consultations sur le budget 2013 ont démarré hier sous la présidence du chef du gouvernement en présence de Joseph Stiglitz, Prix Nobel d'économie. La présence d'une aussi prestigieuse personnalité ne manque pas de symbolique mais gardons-nous tout de même des désillusions des images et des symboles. Nous aurons bien sûr toujours à apprendre d'un Prix Nobel. La présence d'un Prix Nobel en Tunisie est tout à l'honneur de la Tunisie. Mais de grâce, n'en faisons plus seulement un vecteur d'image et un simple produit de marketing politique. Penchons-nous sur l'essentiel !