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Wolinski le magnifique
L'entretien du lundi
Publié dans La Presse de Tunisie le 09 - 07 - 2012

Cinquante ans à faire rire ou sourire les autres, n'est-ce pas là le plus enviable des destins ?
Georges Wolinski le sait, l'apprécie, mais, comme il le dit avec cette fausse candeur qui lui sied si bien, il ne pensait pas que ce serait à ce point.
Il est vrai que tout s'emballe en ce début d'été pour ce Tunisien de bonne souche qui n'a jamais oublié ses racines du rire :
Un livre, qui rassemble cinquante années de carrière, une exposition hommage à la BNF— Bibliothèque Nationale Française, ce qui est en soi la plus belle des reconnaissances, et la conservation de son œuvre dans les archives de cette même Bibliothèque Nationale.
Voilà de quoi donner un certain vertige au pourtant très calme et très serein Wolinski.
«Un vrai tourbillon en ce moment».
Et il est vrai que l'on fait la queue pour l'interview.
En tant que tunisiennes, nous bénéficions d'un régime de faveur : le temps que nous jugerons nécessaire, et une déclaration de tutoiement et d'amitié éternelle. Car si le poète disait « Je dis tu à tous ceux que j'aime, même si je ne les connais pas », Wolinski, lui, nous tutoie gentiment : « Je ne vouvoie que ceux que je ne veux plus revoir ».
Cet hommage que l'on vous rend, c'est la consécration d'une œuvre, mais aussi d'un rôle : celui de témoin de l'histoire.
Je dois reconnaître que je ne m'y attendais pas. Et que je ne recherchais pas cette consécration, ne l'ayant ni demandée, ni intrigué pour l'obtenir. Les gens de la BNF, que je ne connaissais pas, sont venus me voir, m'ont invité à déjeuner, et m'ont demandé si cela m'intéresserait, d'une part d'y exposer, d'autre part d'y conserver mon œuvre. Au bout de cinquante années de travail, à raison d'un dessin par semaine sur trois journaux différents, il faut reconnaître que les cartons s'entassaient, et que je ne savais plus très bien où était quoi. La proposition a beaucoup plu à mon épouse, offrant l'avantage de lui libérer une chambre. J'ai donc travaillé plusieurs mois à préparer la garde des dessins, à les classer, à retracer leur date et leur origine, et, parallèlement, à monter l'exposition. Une grande partie de mon œuvre est donc, aujourd'hui, à la Bibliothèque nationale.
D'où vous vient ce sens de la dérision, du trait acéré, du dessin qui fait mouche ?
L'insolence, l'impertinence est un trait très français. L'humour est iconoclaste, l'humour ne croit en rien. Nous, on regarde le monde qui nous entoure, et on cherche la faille. On y voit des choses drôles, mais aussi des choses sinistres.
De votre enfance tunisienne, quels sont les souvenirs que vous avez gardés ? Quelle est votre madeleine ?
Ces deux tableaux qui sont en face de nous, et que j'ai vus tous les jours pendant des années chez mes grands-parents où je vivais. L'un d'entre eux représente Sidi Bou Saïd. Mon grand-père, qui avait créé la pâtisserie « Chez Les Nègres », en face du Lycée Carnot, payait les peintres en gâteaux. Tout comme, un autre joli souvenir, il renvoyait un couffin rempli de pâtisseries à cet ami qui, chaque année, nous offrait l'agneau pascal. Mon père avait été tué, ma mère, malade, était partie se soigner, et la guerre nous avait empêchés de la rejoindre, ma sœur et moi. Chez mes grands-parents, nous avons vécu dans un contexte assez libre, où l'on sacrifiait aux rites plutôt qu'à la religion. C'est probablement pour cela que je ne crois en rien.
Vous avez, pourtant, toujours été un homme de gauche. Vous croyez donc à une idéologie ?
J'ai travaillé pour L'Humanité, sans jamais adhérer au Parti communiste, ni à aucun autre parti d'ailleurs. Je n'aime pas que l'on me dise ce que je dois faire. Alors comment peut-on être de gauche aujourd'hui ? En respectant la liberté, l'égalité, la fraternité. Je n'aime pas le pouvoir de l'argent, et si j'aime l'argent, je n'aime pas les riches. J'aime l'idée de gagner de l'argent et bien vivre par mon talent. Mais je n'aurais jamais pu être un entrepreneur, un patron. Un patron, c'est quelqu'un qui sait dire non. Ce que je n'ai jamais su faire.
Vous êtes rarement cruel. La caricature peut-elle aisément l'éviter ?
Il m'arrive d'être cruel, mais c'est que le thème, le sujet le commande. Quand la situation est cruelle pour les faibles, on a le droit d'être cruel avec les forts.
En fait, j'essaie de comprendre la situation dans laquelle se trouve mon pays. J'essaie de vivre bien, honnêtement, et de ne pas céder à un pouvoir injuste. Mais je réclame le pouvoir de dire ce que je pense sans contrainte. Et de contraintes, je n'en ai jamais eu dans les différents journaux où j'ai travaillé. Ceci dit, je ne refuse jamais de modifier un dessin quand les raisons sont valables.
Pouvez-vous définir un bon dessin ? Doit-il faire rire, faire pleurer, ridiculiser, éveiller ?
Un dessin est bon, bien sûr, lorsque les gens rient en le voyant, et se disent : « Oui, il a raison », ou encore : « Tiens, je n'y avais pas pensé ». On est là pour surprendre, avec une vision drôle de l'actualité. Omar Khayam était un humoriste, le saviez-vous, avec sa vision originale du monde. Ceci dit, il y a des choses qui ne me font pas rire, et auxquelles je ne m'attaquerai pas : la religion, par exemple. Tout en n'étant pas croyant, ce sont des choses que je ne ferai pas.
En tant que tunisien, comment avez-vous perçu le printemps arabe ?
J'étais heureux. C'était comme Mai 68. J'ai d'ailleurs fait un dessin pour le livre « Dégage », paru aux éditions Alif. Le régime de Ben Ali était un régime malhonnête. Les gens vivaient sous la contrainte. Je suis venu, il y a quatre ans, participer au tournage d'un film sur moi. J'ai dû être contrôlé cinq fois pendant que je retournais sur les lieux de mon enfance, rue de Marseille, dans les souks, à La Marsa...
J'aime Tunis, mais maintenant je suis inquiet. Je vous souhaite la liberté.


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