L'association tunisienne Tunisian Science and Technology Society (TSTS) a organisé le 17 juillet 2012, le Forum tunisien des énergies renouvelables à Tunis. Moncef Harrabi, Directeur de projet Energies Renouvelables et Planification à la Société tunisienne d'électricité et de gaz (Steg), a présenté à cette occasion les défis et les opportunités de la Steg en termes d'énergies renouvelables (EnR). Nous avons saisi l'occasion pour recueillir des précisions là-dessus. Quelle est la stratégie de développement des énergies renouvelables du pays ? Actuellement, le gouvernement, la Steg et l'Agence nationale pour la maîtrise de l'énergie (ANME) travaillent ensemble pour mettre à jour la stratégie de développement des EnR en Tunisie. Il y en a eu plusieurs de par le passé. En ce qui concerne la Steg, dès 1983 elle a installé la première centrale photovoltaïque à Hammam Biadh (30 KWC). Par ailleurs, la Steg est la première à avoir réalisé la station aérienne de Sidi Daoud en 2000, et maintenant on a l'énergie solaire à concentration à Sidi Daoud (54 MW). A Kechabta et Metline, un projet de 190 MW est en cours d'étude. On est en train de voir le potentiel éolien et solaire du pays pour déterminer les contributions de toutes les composantes, publiques ou privées, permettant d'exploiter au maximum ce potentiel. Actuellement, il y a des initiatives internationales, il faut qu'elles soient étudiées de façon à ce que l'échange soit gagnant-gagnant. Quels sont les projets de la Steg dans le domaine de l'énergie solaire ? On a un projet d'installations solaires à concentration (Concentration Solar Power, CSP en anglais) dans la région de Gabès, et une centrale solaire photovoltaïque de 10 MW à Tozeur. Ce sont des projets industriels pilotes en cours d'étude. Le coût d'investissement pour l'énergie solaire est trop élevé, il faut donc chercher des crédits bonifiés et des dons pour essayer de réaliser ces projets. Il semble qu'il y ait des problèmes avec le CSP qui pourraient entraver son développement dans le Sud tunisien. Le CSP consommerait beaucoup d'eau et ne conviendrait pas à un milieu désertique à cause de la poussière. Pouvez-nous expliquer le choix de la Steg pour ce type de technologie? Pour le choix de l'endroit d'implantation des CSP, toutes les conditions et les contraintes environnementales ont été prises en considération, y compris la consommation en eau. Afin, ne pas épuiser les ressources hydriques, c'est l'eau de mer qui sera utilisée pour le refroidissement plutôt que l'eau douce. Aujourd'hui, la Steg explore diverses technologies d'EnR pour les évaluer toutes, en menant des projets pilotes. Ainsi, demain on pourra faire un choix pour l'une ou l'autre technologie en toute connaissance de cause. En attendant qu'on trouve des solutions techniques et technologiques pour développer les EnR, est-ce que la Steg envisage d'exploiter d'autres sources d'énergie non renouvelables pour répondre aux besoins énergétiques du pays, le nucléaire par exemple? A ma connaissance, le projet est actuellement en suspens. De toute façon, la station nucléaire ne devrait pas être construite avant 2025, voire 2030, parce que la puissance unitaire de la station est très importante et la capacité de réseau en Tunisie ne peut pas encore l'accepter. Il y a d'autres freins à la réalisation de ce projet, notamment les risques sanitaires qu'un tel projet comporte et la cherté des coûts de l'électricité d'origine nucléaire.