• L'arbitrage entre les coupures d'électricité, limitées dans le temps, et les colossales enveloppes à débourser pour de nouvelles centrales n'est pas aussi facile. Toutefois, à long terme, il n'y a pas de quoi s'inquiéter. L'un des directeurs de la Steg a rappelé qu'à l'horizon 2016, avec l'entrée en exploitation des trois nouvelles centrales, les risques de coupures seront anéantis Bien que limitées dans le temps, les coupures d'électricité sont plus fréquentes cette année que par le passé. S'agit-il d'une défaillance technique ou matérielle à bannir ou tout simplement d'un incident aléatoire ? A court de réponses plausibles, plusieurs histoires ont circulé, récemment, sur les coupures d'électricité. De l'hôpital de Jendouba à l'alimentation en eau potable en passant par la climatisation des zones touristiques, les responsables ont pointé du doigt ce dysfonctionnement. Le citoyen, pour sa part, confus et préoccupé, ne cesse de se demander s'il faut se soucier de la continuité de l'alimentation électrique de sa maison et du fonctionnement des équipements qui lui procurent du confort et du bien-être ? Doit-on se passer de la climatisation dans ces temps de canicule, notamment durant le mois saint ? Ces coupures d'électricité, de plus en plus probables, engendrent-elles des interruptions prolongées de l'eau potable ? Pour répondre à ces interrogations et bien d'autres, la Steg a organisé, hier, une visite au Centre du mouvement de l'énergie, à Radès, où les techniciens pilotent à distance, en temps réel, tous les sites de production et les circuits de transport de l'électricité sur tout le territoire. «C'est le centre névralgique de la société nationale», estime l'un des responsables de la Steg. Ce qui explique, probablement, que l'établissement soit placé dans un site banalisé sans aucune indication. Les dispatcheurs, ainsi appelés dans le jargon de la société, sont mobilisés pour veiller à l'équilibre de l'épineuse équation entre la production et la consommation. Ils interviennent à distance sur tous les sites de production, à tout moment, pour apporter les ajustements nécessaires. Toutes les activités de production et de transport de l'électricité sur le territoire sont tributaires des décisions des techniciens de ce centre. Mais, le fait est là. On n'a pas pu empêcher les coupures d'électricité. En effet, le plein régime de toutes les centrales de production n'a pas pu satisfaire les pics de consommation, notamment celui du 9 courant. En plus d'une consommation à son apogée, la production a été freinée par les pannes qui ont planté trois centrales électriques. Face à cette situation, les dispatcheurs ont opté au délestage. Ce qui consiste en des arrêts volontaires de l'approvisionnement d'une ou de plusieurs régions durant une quarantaine de minutes pour rétablir rapidement l'équilibre entre la production et la consommation. Autrement, le système national s'écroule. «Il nous faut des heures pour sortir du black-out et reprendre une activité normale», explique M Ridha Damak, directeur de la production et du transport de l'électricité. Il est à signaler qu'une telle situation enverra de mauvais signaux aux investisseurs étrangers. Sur un autre plan, les professionnels de la Steg ont profité de l'occasion pour insister sur le fait que les coupures d'électricité ne peuvent en aucun cas expliquer les interruptions d'alimentation en eau potable. «Il s'agit d'un manque de groupes électrogènes fonctionnels» explique les responsables. Mme Radhia El Hachi, directrice du pilotage du système électrique a fait remarquer que la consommation moyenne évolue selon les saisons et les journées. Et qu'au-delà d'une consommation de 3.000 Mw, la situation devient préoccupante. A cet égard, il convient de rappeler que l'investissement dans une centrale supplémentaire nécessite des centaines de milliards dont la majeure partie est financée par des crédits. L'arbitrage entre les coupures d'électricité, limitées dans le temps, et les colossales enveloppes à débourser n'est pas aussi facile. A long terme, il n'y a pas de quoi s'inquiéter. L'un des directeurs de la Steg a rappelé qu'à l'horizon 2016, avec l'entrée en exploitation des trois nouvelles centrales de production d'électricité, les risques de coupures seront anéantis. Mais à court terme, seule la rationalité des citoyens et la vigilance des professionnels pourraient nous faire éviter d'amères expériences. Surtout qu'en ces derniers temps, le taux d'équipement des foyers, notamment en climatiseurs, a progressé à une vitesse vertigineuse. Ce qui s'est traduit par une évolution de la demande de 10%. Pour ce qui est de la vigilance des professionnels, tous les responsables n'ont cessé de rappeler que des études statistiques montrent les moyennes d'évolution de la consommation. Dans l'enceinte réservée aux dispatcheurs, un grand tableau digital affiche des graphiques, des tableaux, des courbes et des voyants lumineux. Il mesure instantanément la demande et la capacité de production du parc national, ainsi que les quantités d'électricité échangées avec les pays frontaliers. A midi, la consommation nationale est de 2652,5 Mw. Devant ce grand tableau, derrière la table de contrôle, l'un des dispatcheurs souligne que le premier graphique retrace l'évolution de la fréquence qui doit avoisiner 50 Mg/h avec une tolérance de 2 points. Il s'agit de l'indicateur d'équilibre entre la demande et la production. «Si on dépasse ces deux points, dans les deux sens, on demande, selon le cas, aux centrales de produire plus d'électricité ou on procède au délestage pour atténuer la demande», explique-t-il. Ces actions peuvent être mises en œuvre directement de la salle, à distance. En effet, sur l'écran, un grand tableau affiche les régimes de production et les capacités résiduelles de toutes les centrales. Pour des opérations d'envergure, les techniciens organisent avec les responsables opérationnels les plans d'action à mettre en place. Par ailleurs, sur le journal système s'affichent toutes les activités dans toutes les centrales du territoire ainsi que les éventuelles pannes. Dans ce cas, des alarmes sonores préviennent les techniciens qui sont dans la mesure d'apporter les rectifications nécessaires ou envoyer une équipe de maintenance sur place. Un contrôle permanent!