Le CA s'est assuré les services d'un conseiller sportif qui tiendra désormais un rôle prépondérant au sein du club. Belhassen Malouche a vite fait d'enfiler le costume de directeur sportif et de «débuter le chantier», comme il nous l'a confié récemment. De l'encadrement à la conception (des projets de la structure), en passant par la coordination avec le bureau directeur et la mise en œuvre des orientations stratégiques, son rôle s'étend à toutes les activités sportives du club. C'est dire l'ampleur de la tâche qui attend «l'instructeur Fifa» du CA. Abordé au Parc A, Belhassen Malouche a bien voulu nous éclairer sur la situation sportive du CA et ses perspectives d'avenir : «Je veux remettre une philosophie de travail en place», nous a-t-il dit d'entrée. «Je sais que ce sera difficile mais il faut tout d'abord assainir les bases. Je suis ici au service d'un projet et si le bureau directeur a jugé nécessaire la présence d'un technicien dont le travail échapperait à l'urgent, pour se concentrer sur l'important, c'est parce que l'entraîneur est souvent préoccupé par le court terme, par son match du week-end... Il fallait avoir quelqu'un qui n'ait plus ce stress et qui puisse prendre de la hauteur». Pour l'ex-directeur technique national, il ne s'agit plus d'assurer la jonction entre le staff technique et la direction uniquement, mais de proposer des orientations en matière de politique sportive, et de diriger et d'organiser le service chargé de la gestion administrative et technique : «Il s'agit d'être aussi à l'aise dans un match de football qu'à une réunion du comité directeur ». Créer une synergie pour travailler en harmonie, c'est le vœu du directeur sportif d'un club en reconstruction : «Toute l'équipe pédagogique est placée sous une même coupe. Notre rôle est d'organiser et de gérer l'ensemble de “l'enseignement" du club et d'assurer la coordination avec les dirigeants». Un interlocuteur privilégié Si le directeur sportif s'occupe des relations entre l'entraîneur et le bureau directeur, il influe également sur les choix des joueurs achetés pendant le mercato. Quand le «DS» accepte, le président n'a plus qu'à payer. Grosso modo, Belhassen Malouche donne son avis sur tout sauf sur l'aspect économique (quoique...) : «Généralement, je refuse de confirmer les rumeurs, notamment parues dans la presse, qui évoquent un budget de transferts colossal pour cet été. Je préfère parler d'investissements à long terme (Djabou, Max, Baratli...). Nous avons des joueurs ciblés qui entrent dans un investissement global. Nous construisons les fondations du club, et, les fondations, ça coûte cher...Mais nous sommes aussi en passe de réaliser de jolis coups non onéreux sur le marché des transferts (filières camerounaise et ivoirienne)». Premier interlocuteur des encadreurs techniques au sein du comité directeur, Belhassen Malouche n'en démord pas : «De bons joueurs, un bon entraîneur, un bon staff, un bon centre d'entraînement, un bon centre de formation... tout cela coûte cher et le bureau directeur est prêt à investir car ce sont des investissements à long terme. On ne veut pas arriver au top sportivement en oubliant l'essentiel, cela n'aurait pas de sens. Nous faisons les choses dans l'ordre». Plus encore que l'intendance, la coordination ou même le recrutement, Belhassen Malouche sait qu'il exerce son activité d'encadrement en toute autonomie et qu'il est responsable au plan pédagogique, technique et logistique : «Mon attention ne doit pas se focaliser sur le mercato, les recrutements et tout ce qui brille... Vous savez, tout ce qui est négociations, ça passe par le bureau directeur. De mon côté, j'identifie les besoins, recherche et propose de nouveaux joueurs... Mais je n'ai pas toujours le dernier mot sur les dossiers de recrutement en cours... On touche là à un problème structurel du football de club, je crois, mais ça, c'est un tout autre dossier... Moi, mon job, c'est de superviser un staff technique, gérer le recrutement, l'intendance et servir de tampon entre l'équipe et sa direction». Du coup, c'est un peu au bon vouloir des présidents, selon leurs désirs de s'attacher les services d'un directeur sportif dans leur organigramme. Or, il s'avère que les clubs professionnels ont besoin d'une personne qui propose une réflexion dans le temps, sorte de chaînon manquant entre «le coach et son président», celui qui voit plus loin... «Deux têtes valent mieux qu'une» Pour Belhassen Malouche : «Il y a le système idéal et il y a le système qu'on trouve». Et au technicien clubiste d'ajouter : «Deux têtes valent assurément mieux qu'une. Ce n'est pas un problème de compétences mais plutôt une histoire d'expérience. Tout le monde n'est pas capable d'être entraîneur de l'équipe première, de gérer le recrutement et de superviser la formation en même temps. Cela demande des capacités de management. Il faut donc répartir les tâches. Vous savez, l'“hyper-coach", c'est tendance mais il faudrait tout d'abord avoir un plus grand nombre de techniciens capables de supporter cette double charge. A l'heure actuelle, la majorité des clubs de Ligue 1 tendent de plus en plus vers une organisation bicéphale permettant une meilleure utilisation des compétences». Gestion, planification et organisation, le directeur sportif du CA s'active du côté du Parc Mounir-Kebaïli. La restructuration du club est en marche.