Des moments forts, magnifiques et inoubliables que nous a offerts la star du reggae Seydou Koné, alias Alpha Blondy, lors de son concert donné mardi dernier, au théâtre romain de Carthage. La première partie de la soirée a été consacrée à la prestation de l'invité de l'Ivoirien, le Tunisien Ahmed Mejri qui, applaudi par certains, hué et sifflé par d'autres, nous a proposé pendant une trentaine de minutes des chansons puisées dans son répertoire personnel avec une reprise de «Insa illi lihkou bik», en référence à la geste de Daghbaji. Puis vint le moment, très attendu, avec la montée sur scène de l'artiste africain Alpha Blondy. Le drapeau tunisien sur les épaules, vêtu en rouge et blanc et accompagné par sa troupe (Solar Système), composée de sept musiciens, il a été accueilli triomphalement par un public acquis d'avance. Dès les premières notes, la couleur de la soirée a été annoncée : un show haut en couleur et en...mouvements, magnétisant l'assistance qui, debout tout au long du spectacle, s'est déhanchée sur des rythmes endiablés de maîtres-instrumentistes, que ce soit le saxophoniste, les guitaristes ou encore les percussionnistes qui ont été dans la justesse et la virtuosité. L'artiste, lui, enthousiaste et époustouflant d'énergie et de talent, a entamé son programme avec un titre-hommage au pays de la souffrance et du combat éternel, la Palestine, lui dédiant Jérusalem, je t'aime, dont les paroles, tout en revendiquant la liberté et la paix, célèbrent l'amour. Très décontracté, l'air joyeux de chanter et soutenu à fond par son groupe, il enchaîna avec le fameux «Sebe Allahe», suivi par «Yes I love», ainsi que par des titres africains aux rythmes rapides entraînant dans une ambiance d'enchantement le nombreux public venu, à l'évidence, savourer ses tubes des années 80 appris par cœur et repris allègrement par les jeunes et les moins jeunes. A ces titres, plus qu'un brin de folie, se sont ajoutées des chansons engagées et critiques qui dénoncent l'oppression, la guerre, la pauvreté... Il nous a régalés, en effet, avec «Don't cry, I want to see you smile», «...ma tête est malade » et la merveilleuse «Peace» (paix), qui, destinée à toute l'humanité, l'invite à cesser de s'entre-tuer et à privilégier la miséricorde. Aussi, l'a-t-il dédiée aux peuples en guerre dans le monde entier, notamment la Somalie, la Côte d'Ivoire, le Congo, la Palestine, le Soudan, la Libye et la Syrie. Terminant en solo sa prestation avec un titre-hommage à son pays et à tous les Ivoiriens décédés lors de la guerre civile, intitulée « Les salauds ont mis le feu dans mon pays», le chanteur a quitté la scène sous les applaudissements nourris des spectateurs qui en redemandaient encore, revendiquant en particulier son tube à succès «Brigadier sabari». Le roi de la soirée est alors remonté sur scène, accompagné cette fois-ci de son deuxième invité, le Tunisien Nawfel Mahbouli, qui a offert à l'assistance «Sebe Allahe» en version arabe. Pour épater davantage ses fans, Alpha Blondy a repris cette chanson au succès mondial dans sa version originale, clôturant ainsi un concert, incontestablement, mémorable.