Les absents ont toujours tort, dit-on, pas toujours à raison. Cette fois-ci, ce dicton s'est avéré juste, d'autant plus que la poignée de spectateurs qui ont consenti le déplacement au théâtre de plein air de Sidi Dhaher n'ont sûrement pas regretté d'être allés assister au gala donné par le chanteur égyptien qui revenait en Tunisie, après une éclipse de quelques années, Mohamed El Hilou. Auréolé d'une respectable réputation qu'il a commencé à acquérir du temps où il appartenait à la célèbre troupe d'Oum Kalthoum de musique arabe, l'artiste s'est frayé un chemin parmi les icônes de la chanson, grâce à un cachet moderne particulier qui n'occulte pas le «tarab». Avant-hier, et en dépit de la présence très réduite des spectateurs, il a été tout simplement rayonnant et même époustouflant de talent et d'énergie, réussissant à enivrer son auditoire par un tour de chant puisé alternativement dans le répertoire des célébrités de la musique du pays des Pharaons et dans ses propres compostions dont plusieurs ont servi de générique à différents feuilletons télévisés égyptiens. En parfaite complicité et harmonie avec l'orchestre qui l'accompagnait, Mohamed El Hilou s'est baladé à travers des morceaux aussi agréables les uns que les autres. Il a ouvert le bal par un air très suave intitulé « Saber ya ghali», avant d'enchaîner avec la chanson - générique du célèbre feuilleton «Layali El Hilmia», reprise en chœur par les présents. La musique et le texte ont certainement suscité pas mal de nostalgie. En tout cas, ce fut un début prometteur d'une veillée ramadanesque qui a fait le plaisir des quelques mordus mélomanes présents. La suite de ce concert ne fut pas en deçà du démarrage. Elle a même constitué un véritable régal pour les connaisseurs. Tour à tour, l'invité de «Sidi Dhaher» a embarqué son petit monde dans une série de reprises des plus beaux succès des « monuments « de la chanson arabe : «Akdhab âlik» de Warda ; «Alf lila wa lila», «Al atlal» et «Sirit el hob» d' Oum Kalthoum, «Sawah» de Abdelhalim Hafedh et, enfin, «Mouch ana'lli abki» du maître Mohamed Abdelwaheb. Une occasion pour permettre au public de s'extasier avec la musique haut de gamme. Ce dernier, tout ému et tout admiratif, n'en finissait pas d'ovationner le chanteur pour le régal qu'il lui a offert. Le temps s'est vite écoulé sans que personne ne s'en rende compte, car le spectacle a tenu tout le monde en haleine.