Le Credif lance une série de rencontres entre société civile et députés, pour engager le débat sur la constitutionnalisation des droits de la femme. L'article 27, récemment adopté par la Commission des droits et des libertés et des relations extérieures, a été largement débattu au cours de la première réunion, tenue le jeudi 2 août. Le Centre de recherches, d'études, de documentation et d'information sur la femme (Credif), a organisé ce jeudi 2 août dans son siège à Tunis, en collaboration avec l'entité des Nations unies pour l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes (ONU femmes), une soirée-débat autour du thème : Le statut juridique de la femme au sein de la famille. Etaient présents à cet évènement, des représentants de la société civile, associations et ONG, et une députée du mouvement Ennahdha, Hager Azaïez. Cette réunion est la première d'une série de rencontres organisées par le Credif, qui visent à encourager le dialogue entre les parlementaires autour de la constitutionnalisation des droits de la femme. «Les femmes de l'Assemblée nationale constituante doivent s'unir autour de cette question cruciale, en mettant de côté leurs différences idéologiques et partisanes», a déclaré Dalenda Larguèche, directrice générale du Credif. L'un des principaux enjeux étant de mettre un terme à la relation verticale entre l'homme et la femme qui prévaut généralement au sein des familles tunisiennes. «Une révolution dans les mentalités peut être programmée», assure Salsabil Klibi, professeure en droit constitutionnel. Pour l'universitaire, «les outils pour le changement sont les lois», et «c'est maintenant qu'on doit agir, alors que la Constitution est en phase de rédaction». Nouvelle Constitution : l'article qui fait polémique Hager Azaïez, qui fait partie de la Commission des droits et des libertés et des relations extérieures, a assuré qu'au niveau de la constitution, les acquis de la femme seront préservés, et que les bases juridiques pour garantir l'égalité homme-femme sont d'ores et déjà assurées, et ce, par le biais de l'article 22, récemment voté au sein de la commission, qui stipule que «les citoyens sont égaux en droits et libertés et face à la loi, sans discrimination d'aucune sorte». Un autre article également adopté, le numéro 27, remet pourtant en question ce principe d'égalité. Le texte stipule que «l'Etat assure la protection des droits de la femme et de ses acquis» mais «sous le principe de la complémentarité avec l'homme au sein de la famille, et en tant qu'associée à l'homme dans le développement de la patrie». Pour Salwa Hamrouni, enseignante en droit, ce texte remet au goût du jour le statut de l'homme comme chef de famille et dévalue ainsi le rôle de la femme au sein de la famille. Hager Azaïez a rappelé que les articles votés au sein de la commission ne sont pas définitifs, et qu'ils pourraient encore faire l'objet de modifications d'ici le mois d'octobre. En attendant, d'autres rencontres entre société civile et députés seront organisées par le Credif afin de poursuivre le débat autour des questions de la femme, et sensibiliser par la même occasion l'opinion publique sur ces sujets. Le prochain rendez-vous avec le centre, sera donc pour le 10 août, où, en plus d'un atelier de réflexion sur les droits de la femme dans la Constitution, le Code du statut personnel sera commémoré.