Le mois de Ramadan constitue pour beaucoup de commerçants une aubaine pour augmenter leurs bénéfices usant même d'arnaque et de fraude. Une tournée dans certains marchés très fréquentés par les consommateurs, comme le Marché central et celui de Sidi El Bahri, permet, en effet, de constater que certains marchands de fruits et légumes, voire des vendeurs de viandes blanches et rouges, ne dérogent pas à cette règle. Malgré les opérations de contrôle économique effectuées dans les marchés, ces commerçants ne semblent pas pour autant dissuadés. Les consommateurs — qui n'ont pas le droit évidemment de choisir les produits à leur guise — se plaignent surtout de la hausse des prix. Le pire est que nombre de commerçants n'affichent même pas les tarifs. Au Marché central, il est parfois nécessaire de demander le prix au vendeur. C'est surtout le cas des marchands de légumes qui écoulent le kilogramme d'épinards à 2d,000 et les carottes à 800 millimes. Une botte de légumes pour la soupe peut coûter jusqu'à 3d,000! Mais c'est à la fin des courses que le consommateur découvre le montant à payer. Le céleri est écoulé chez certains marchands à 500 millimes. Une autre pratique très courante dans ce marché concerne l'entente sur les prix pourtant prohibée par la loi. Ainsi, les différents produits agricoles sont vendus au même prix. Inutile de faire une tournée pour comparer. Prix non affichés Au marché Sidi El Bahri, par exemple, les commerçants savent donner des explications au sujet de la hausse des prix imputée essentiellement aux intermédiaires et à la demande effrénée. Autrement dit, la demande dépasse de loin l'offre pour certains produits comme les viandes rouges. La viande ovine est vendue jusqu'à 19 dinars le kg, ce qui est considéré par les consommateurs comme hors de portée des bourses moyennes. Dans certaines boucheries au Marché central, les prix ne sont pas affichés. Il suffit que les agents de contrôle tournent le dos pour que les écriteaux affichant les prix disparaissent comme par enchantement. De plus, les bouchers rechignent à vendre la quantité exacte demandée par le client sous prétexte de déformer le morceau exposé! «C'est à prendre ou à laisser!», lancent-ils. A titre d'exemple, quand le client demande 500 grammes, il doit accepter sans broncher 600 ou 650 grammes. Les services du contrôle économique enregistrent toujours des hausses de prix illicites qui sont classées parmi les premières infractions. Cette hausse survient quand la demande augmente de façon sensible sur un produit donné. Les prix des viandes blanches considérées jadis comme une alternative aux viandes rouges ne sont pas non plus à la portée, puisque le kg de poulet est vendu à 5d,900 contre 9d,500 pour l'escalope. La moralisation du secteur requiert, certes, une rationalisation des achats de la part des consommateurs, mais aussi un respect de la réglementation en vigueur de la part des commerçants, en évitant toute forme de fraude qui porte atteinte au pouvoir d'achat. On n'a pas constaté, cependant, lors de notre tournée, les autres formes de fraudes comme, à titre d'exemple, la vente conditionnée, vu que l'offre au niveau des légumes est assez diversifiée. Par contre, le refus de vente est parfois décidé par certains marchands, notamment dans le rayon des fruits, surtout si le client potentiel se met à palper le produit qu'il compte acheter comme les pêches. Dans ce cas, le marchand lui signifie tout simplement que «les fruits exposés ne sont pas destinés à la vente!».