C'était un show à la fois original et drôle. Venus du pays du berceau des cultures mondiales, Marseille, ils ont animé la soirée estivale de mardi dernier sur la scène du théâtre de Hammamet. Ils étaient habillés tout en noir : sorte de kimono, pieds nus, ces musiciens, Makoto Yabuki (japonais), Laurent Piacentino, Guillaume Bonnet, Nathanaël Pinna et Nicolas Aubin, ont réservé au public une soirée musicale si particulière, basée sur l'innovation des sonorités musicales à travers le bambou. Il s'agit d'un spectacle musical à thème, intitulé «Un jour, ils ont rencontré un bambou» avec une mise en scène théâtrale— proposée par l'orchestre— à travers des morceaux sonores aux rythmes novateurs. Menus d'instruments de bambou de différentes formes et tailles, tels que le surittam (sorte de grand tuyau en bambou) ou encore de shisuko (petit tuyau) ,de la marimba en bambou «taki marimba», la troupe a alterné pendant toute la soirée entre les sonorités douces de ces petits instruments et le son fort des instruments à percussions créant des résonances puisées dans la tradition musicale japonaise, hindou, africaine et à résonance orientale, créant une ambiance de fête multicuturelle. C'était le message qu'a voulu nous transmettre le fondateur de l'orchestre, le Japonais Yabouki, qui, depuis la fondation de Bamboo Orchestra en 1994, s'est spécialisé dans la recherche d'une identité artistique par le biais des sonorités électroacoustiques d'instruments fabriqués en matières naturelles. Inspiré de la nature, il s'approprie un style qu'il réalise par un mixage de différents genres de musique proposant à l'auditoire un travail artistique qui vise à la protection de l'environnement et plaide pour un rôle plus responsable de l'homme vis-à-vis de la nature. Une hache à la main, Yabouki démontre au public comment à partir de déchets et de morceaux de bambou, il est possible de créer son univers musical. Par ailleurs, le public a eu droit à une démonstration tangible de l'utilisation de cette matière, en l'occurrence en jouant au xylophone et en utilisant ces plantes comme baguettes à percussion pour mettre de l'ambiance auprès de l'assistance et lui offrir des sonorités vibrantes et fortes dégageant une énergie débordante. Les instruments en bandoulière, les musiciens qui ont fait une immersion au sein du public ont joué des sonorités à tonalité ponctuée et douce. Le show continua avec des compositions exécutées en toute harmonie, alliant le son aigu de la flûte, jouée par Yabuki au rythme fort, grave subtilement mélangé à celui effréné des tambours dans un beau brassage. Réunissant plusieurs cultures et civilisations dans un show haut en couleur la troupe nous a proposé un véritable voyage dans la nature et a incité, par le biais du ludique, les spectateurs à poser un nouveau regard sur la vie. Une harmonie totale fortement remarquable dans le travail d'ensemble, qui a conquis le public, peu nombreux «malheureusement».