Avec une chaleur étouffante et des températures record, le jeûne durant le Ramadan 1433 a été éprouvant. En effet, pour récupérer les sels minéraux et satisfaire sa soif, plusieurs de nos concitoyens ont trouvé leur salut dans les jus frais. Du côté de la ville de Nabeul, quelques heures avant la rupture du jeûne, nombreux sont ceux qui se dirigent vers les points de vente des jus frais pour acheter du jus de fraise ou de la citronnade. Et entre minuit et le début du jeûne, on ne compte plus les personnes qui préfèrent un cocktail jus de fruits comme shour. Reportage. Il est 1h30 du matin. Du côté de la principale artère de la ville de Nabeul, l'avenue Habib-Bourguiba, juste à l'entrée du souk El Bhaïer, une dizaine de personnes attendent leur tour pour prendre Kas Esshour : un cocktail de jus composé d'une multitude de fruits de saison, plus des fruits secs et un peu de miel. Karim, un habitué des lieux, nous raconte : «Depuis le début de Ramadan, chaque soir, après la rupture du jeûne, je rejoins mes amis au café pour siroter un café capucin et jouer une partie de rami (jeu de cartes). Et vers 1h00 ou 2h00, nous venons ici pour boire un cocktail de jus de fruits. C'est énergétique, riche en fibres.». Un shour juteux Inspiré par Am Salem, le célèbre vendeur de jus frais à Sousse et des « juice shops» de Tunis, Jamel Kacem est le premier du côté de la ville des potiers à avoir eu l'idée d'ouvrir ce genre de commerce. Il nous raconte ses débuts: «Notre aventure a débuté en 2008. Nous étions les premiers à nous spécialiser dans les jus de fruits. Je me suis dit pourquoi ne pas lancer une telle activité comme c'est le cas à Tunis et à Sousse. Depuis, nous avons beaucoup évolué dans nos recettes en fonction de mes dégustations.». Il ajoute : «Les gens aiment les jus de fruits et les cocktails surtout quand c'est propre et bon marché. Avant, à Nabeul, pour acheter un cocktail de fruits, on ne pouvait en trouver que dans les salons de thé et les hôtels avec des prix très exorbitants. Mais comme vous le constatez déjà, entre jus de fruits exotiques (mangue, kiwi et avocat) et cocktails de fruits de saison, nos prix oscillent entre 1d200 et 2d500. Pour ce qui est de Ramadan, cette année nous avons remarqué une nette augmentation dans la demande vu qu'il a fait très chaud. Avant la rupture du jeûne, la citronnade et le jus de fraise sont de loin les jus les plus courtisés par nos clients. Pendant la soirée et au moment du shour, ce sont les cocktails qui sont recherchés, surtout notre spécialité le Kas Esshour composé d'un assortiment de fruits (pommes, pêches, dattes, poires, figues, fruits secs et miel).». Toujours du côté des adeptes des jus, Samia (32 ans, secrétaire dans un bureau d'avocat), nous explique sa passion pour les jus : «Les vendeurs de jus frais ont largement contribué dans la démocratisation des jus frais avec des prix à la portée de tout le monde. De plus, chaque saison a son fruit; en automne, il y le jus de grenadine, en hiver, le jus d'orange, même si au Cap Bon ce dernier est présent à chaque saison.». Elle renchérit : «Et la chaleur qui a caractérisé le Ramadan cette année explique cet engouement pour les jus. Les liquides frais arrivent en premier lieu de la consommation ramadanesque. Que demander de mieux qu'un verre de jus frais bien frappé.». De l'autre côté de l'avenue, Sahbi Boughzela voit les choses autrement. Pour lui, l'orange reste la reine des lieux avec l'indétrônable citronnade. En effet, chez les Boughzela, dont la pâtisserie était célèbre, le verre de jus d'orange est seulement à 1 dinar et la bouteille de 1,5 litre (l'équivalent de 6 verres) est à 5 dinars. Assurément, pour contrer le sirocco et les exigences d'un climat moyen-oriental, durant Ramadan 1433, les Nabeuliens ont trouvé la parade dans les jus de fruits. Voilà une love story qui va encore faire parler d'elle durant les prochaines années.