Finis les travaux des commissions au sein de l'Assemblée nationale constituante (ANC). Ses 217 membres sont déjà partis en vacances parlementaires après avoir rédigé la première version du projet de la Constitution post- révolutionnaire. Tout simplement, une copie-zéro sujette à une mille et une lectures critiques. D'ailleurs, les fans de la Toile n'ont pas manqué de la faire circuler autant que possible sur les fameuses pages Facebook, où des cercles de discussion et des forums d'échange ont partagé des commentaires et des réactions touchant aussi bien le fond que la forme. Sur la même lancée, le Parti républicain « Al Joumhouri » a décidé, de son côté, de piloter une campagne de mobilisation massive visant à éclairer la lanterne de l'opinion publique, ses adhérents et ses sympathisants notamment, sur les tenants et les aboutissants d'un tel brouillon constitutionnel qui n'a pas encore recueilli un accord définitif. Cela a été bel et bien révélé lors d'une soirée ramadanesque organisée à la municipalité d'Ezzahra à l'initiative du bureau régional d'«Al Joumhouri» au cours de laquelle des membres du parti se sont montrés disposés à faire de tout leur mieux pour éviter d'éventuelles dérives politiques et surmonter les conflits et les dissidences émanant de tous bords. M. Issam Chebbi, constituant relevant du groupe démocratique et membre de la commission du préambule, des principes fondamentaux et de la révision de la Constitution, s'est déclaré, lui aussi, optimiste de voir le projet du texte constitutionnel aboutir à un consensus national qui devrait mener le pays à bon port. A l'en croire, il serait possible d'enregistrer dans les mois à venir certaines divergences et éparpillement d'idées, mais aussi des convergences et des rapprochements des points de vue qui pourraient, en effet, rectifier le tir. Car, l'adoption majoritaire de la Constitution nous permet d'avancer au plus loin, d'éviter de reprendre les débats et de tomber dans le piège du référendum. Un état de fait qui ne servira à rien. «Mais plutôt ça serait, malheureusement, une défaite cuisante tant pour la légitimité électorale que pour le devenir de la démocratie dans le pays.. », ainsi prévoit-il les choses s'il n'y aura pas de bonnes volontés prêtes à prendre leur destin en main. Et M. Chebbi d'ajouter qu'il relève de la responsabilité partisane et parlementaire d'honorer les engagements envers le peuple, « lequel nous a donné une confiance absolue pour jeter les bases de la deuxième république et panser les profondes plaies de la dictature...». « Au lieu de s'impliquer dans les tiraillements et les surenchères partisanes, on aurait dû mettre les bouchées doubles pour sortir de l'impasse et réaménager nos affaires pour mettre le pays sur les rails.. », a-t-il suggéré, rappelant que la tâche fondamentale consiste, essentiellement, en l'élaboration de la Constitution. A quoi aspire tout le peuple tunisien, d'ailleurs, pour franchir tranquillement cette étape transitoire et rompre avec l'Etat provisoire. Cependant, il n'a pas caché ses inquiétudes face aux dernières déclarations du rapporteur général de la Constitution indiquant que l'adoption dudit projet ne saura se faire que d'ici février prochain, ce qui pourrait, selon lui, bouleverser l'agenda politique de la Troïka et décaler, par conséquent, les autres échéances électorales. « Notre peur est que cette tergiversation et cette lenteur de décision camouflent des intentions malsaines tendancieuses à mettre la main sur le pouvoir de façon détournée », alerte M. Chebbi exhortant toutes les forces vives de la société à faire preuve de vigilance et d'attention afin que la dictature renvoyée par la grande porte ne revienne pas par la petite fenêtre. C'est dans cette optique que le parti « Al Joumhouri » s'est engagé désormais à mener une vaste campagne de sensibilisation quant à la primauté constitutionnelle, l'ancrage des libertés individuelles fondamentales et la reconnaissance du principe de l'égalité de la femme, en tant que citoyenne à part entière, contrairement à ce que stipule l'article 28 du projet de la Constitution considérant la femme comme partenaire complémentaire. Une interprétation qui a suscité beaucoup de colère et autant de réactions au sein de la société civile. De telles réactions, comme l'a souligné M. Iyed Dahmani, constituant et membre du parti précité, ne font que contribuer à remettre les pendules à l'heure et pousser, le cas échéant, à réviser la situation. Et de relever l'ampleur du combat politique pour gagner le pari de la démocratie. Il importe, à ses dires, de remuer ciel et terre pour chercher les pistes du consensus national autour du texte de la Constitution dans la perspective de s'accorder sur le régime politique à instituer, l'indépendance de la magistrature, l'instance indépendante des élections, la liberté d'expression et la sauvegarde des acquis de la femme. Invité en tant qu'expert en droit constitutionnel, Dr Sadok Belaid était bref, présentant une courte lecture constitutionnelle très improvisée. Il a souligné que la Constitution tire sa légitimité d'un large consensus populaire émanant, entre autres, des réactions et interactivité partisanes et celles de la société civile pour créer des changements très positifs. Dr Belaid a qualifié le long marathon parlementaire couronné par la rédaction d'un premier jet de la Constitution de mi-temps d'un match politique, où tout pourrait jouer pour l'intérêt suprême de la patrie et du peuple.