Une succession d'événements survenus récemment confirme l'existence d'une véritable menace sur notre pays. Voilà nos services de sécurité et surtout de renseignements avertis ! Tout a commencé l'année dernière du côté de Bir Ali Ben Khelifa où a été perpétré un acte terroriste qui portait la griffe d'Al Qaïda. Quelques jours après, c'est au tour de la ville de Rouhia d'en faire l'amère expérience dans les conditions sanglants et dramatiques qu'on connaît. Al Qaïda, encore elle, est passée par là. Persistant et signant, l'homme fort de ce mouvement sanguinaire, Aymen Al-Dhawahri, pousse plus tard le défi au point d'appeler le peuple tunisien à la révolte «dans le but d'éliminer Ennahdha» qu'il a taxée d'«ennemi de l'Islam». Ces trois faits saillants, pris alors quelque peu à la légère par un gouvernement provisoire ayant d'autres chats à fouetter, sont subitement redevenus d'actualité par la grâce de... l'oncle Sam à la main toujours sur la gâchette dès qu'il s'agit de lutte contre le terrorisme international. Trois visites ciblées En effet, la Tunisie a enregistré trois visites US, rien qu'au cours des trois derniers mois. Chronologiquement, c'est d'abord Mme Hillary Clinton qui a donné le ton par un saut subit et presque inopiné dans nos murs où elle s'est réunie avec le président de la République et le chef du gouvernement. Quelques jours plus tard, c'est au tour du «number one» du Pentagone, Leon Paneta, de prendre l'avion pour Tunis. Dans la foulée, des navires de la VIe flotte américaine, flanqués de leur porte-avions, accostent au port de La Goulette. Et au ballet américain de poursuivre son allant, sous la forme de la venue du nouvel ambassadeur US à Tunis Jacob Walles. Ce dernier, connu pour être un expert averti en matière de lutte contre le terrorisme, sera reçu tour à tour par MM. Moncef Marzouki et Hamadi Jebali et le ministre de la Défense, Abdelkrim Zbidi. Or, contrairement à ce que pensaient certains, cette formidable succession de visites entreprises par un si grand nombre de personnalités américaines a bel et bien dépassé le cadre routinier de la diplomatie de la courtoisie et des relations bilatérales pour toucher à des sujets d'actualité internationale avec, au centre des entretiens, l'inévitable question des menaces d'Al Qaïda. Une question qui n'a pas empêché M. Paneta en personne de déclarer publiquement que «les menaces d'Al Qaïda se précisent de plus en plus à vos frontières avec l'Algérie et la Libye». Venant de l'ex-patron de la CIA qui en sait quelque chose pour avoir donné à ce célèbre et puissant organisme d'espionnage ses lettres de noblesse, le message ne peut pas ne pas être reçu 5 sur 5. La preuve est que les ministres de la Défense et de l'Intérieur, reçus récemment au palais de Carthage, ont promis de prendre le taureau par les cornes. En effet, selon certaines sources bien informées parce qu'au fait de ce dossier sensible, des instructions ont été données à l'armée et aux forces de sécurité intérieure, afin de redoubler de vigilance dans les postes frontaliers. Là où deux nouveaux postes militaires ont été construits dans l'objectif de conférer plus d'efficacité aux opérations de ratissage et de surveillance, lesquelles opérations ont été renforcées par une logistique appropriée (avions, véhicules, équipements de télécommunications, etc.). Ainsi bien quadrillées, nos frontières peuvent aspirer à une meilleure invulnérabilité. Or, pour des experts avertis en la matière, «le verre est à moitié vide, car ces mesures de renfort et de prévention, si elles paraissent réconfortantes et rassurantes, n'en demeurent pas moins insuffisantes tant qu'elles ne s'accompagnent pas d'un grand travail de sape en matière de renseignements généraux». Autrement dit, la balle est aujourd'hui dans le camp de nos services de renseignements qui devront collaborer plus étroitement avec leurs homologues occidentaux, désormais «omniprésents» dans les pays voisins, agents secrets et... drones US interposés. Il est vrai qu'avec Al Qaïda, tout est possible...