Depuis quelques jours, le programme cinéma des festivals de Carthage et de Hammamet a démarré à la grande déception des cinéphiles et des amateurs du 7e art. C'est raté encore une fois pour cet été et pour le plaisir de découvrir des films à qui, depuis des années, les distributeurs tournent le dos. Le ministère de la Culture et les directions des deux festivals les plus prestigieux de la Tunisie ont encore opté pour la solution de facilité : présenter au grand public les nouvelles acquisitions des distributeurs tunisiens favorisant un cinéma commercial, grosses productions, succès populaires et série B. Entre les comédies françaises, Batman3, Spiderman 4 et films d'action égyptiens, les cinéphiles n'ont rien à se mettre sous la dent. On est loin des projections grand écran des Palmes de Cannes, des Ours de Berlin et des Lions de Venise, encore très loin des avant-premières de films tunisiens comme on en faisait, il n'y a pas très longtemps. La sélection offerte au public ne propose aucune innovation, et même si les films choisis sont des productions récentes, elles circulent depuis déjà des mois dans les échoppes des pirates et les boutiques de gravure de DVD. Certains ont dû même être projetés sur des chaînes TV du Golfe. Les festivals de Hammamet et de Carthage ont-ils définitivement opté pour l'aspect commercial du programme cinéma? Ont-ils tourné pour toujours la page des soirées cinématographiques en plein air comme rendez-vous des vrais cinéphiles ? La réponse semble claire, lorsqu'on feuillette le programme des nuits de Carthage et de Hammamet. Pourtant, le cinéma de qualité n'est pas en crise et les productions tunisiennes en courts et en longs métrages et documentaires ne manquent pas. On ne comprend pas pourquoi Le royaume des fourmis» de Chawki Mejri ou Dégage, dernier film de mohamed Zran qui sera présenté en avant-première mondiale au festival du film du monde à Montréal à la fin de ce mois, n'ont pas été programmés et présentés au public festivalier ? On s'attendait de la part du ministère de la Culture et de ses festivals d'offrir aux spectateurs un programme alternatif qui prône la qualité, qui s'ouvre sur des expériences inédites et des cinématographies diverses et non moins intéressantes, surtout pour des avant-premières de films tunisiens. Ce n'est pas le cas. On espérait que les deux directions des festivals de Hammamet et de Carthage choisiraient, pour leur programme cinématographique, une ligne éditoriale plus claire et plus affinée qui mettrait en exergue un choix artistique qui va dans le sens d'un renouveau culturel auquel on aspire depuis la révolution et de ne pas tomber dans la facilité d'une programmation imposée par le choix commercial des distributeurs guidé uniquement par l'intérêt mercantile.