Le congrès de l'Organisation nationale de l'enfance (Onet), tenu dimanche dernier à Monastir, n'était pas sans faits saillants. En effet, si le rapport moral a été concluant, le rapport financier n'a pas été approuvé par le conseil national de l'Organisation. Décryptant les dessous et les raisons de la non-approbation de ce rapport, M.Faïçal Mahbouli, consultant et expert international en gestion des affaires, membre du Conseil national, président du comité des structures de la législation et des affaires étrangères, membre du Comité national de conseil et de contrôle administratif et financier des bureaux régionaux et locaux de l'Onet, met en cause une «gestion défaillante ayant contribué à la douloureuse dégringolade d'une importante institution», selon ses propres termes. Pour lui, le fait de présenter le rapport financier à la dernière minute, en d'autres termes le jour du congrès, et non, au moins, deux ou trois mois à l'avance pour consultation et approbation des membres du Conseil national, contredit les règles en vigueur et susciterait bien des interrogations, voire le doute. «Dans une lettre adressée au président de l'Organisation le 28 août dernier, je lui ai fait part de ma réserve par rapport à cette démarche dépourvue de transparence. Une lettre qui, tout comme ses précédentes, n'a pas été prise en considération. D'ailleurs, les remous qu'a suscités le congrès prouveraient, à eux-seuls, que mes craintes n'étaient pas sans fondement». Dans ce sens, il a fait remarquer que l'état actuel de l'organisation est déplorable : «Après des années prospères au service de l'enfance tunisienne, cette organisation sombre aujourd'hui dans la précarité. Sachant que son local est en total délabrement et qu'il est dépourvu de ligne téléphonique et de services Internet, faute de paiement. Il va sans dire que la situation désastreuse de cette organisation qui gérait, jusqu'à un passé récent, des investissements estimés à des dizaines de milliards, mais qui peine aujourd'hui à honorer des dettes pour le moins insignifiantes, est révélatrice. C'est que le facteur humain, autrement dit les gestionnaires, seraient à l'origine du mal. Sinon, comment explique-t-on ce passage fulgurant de la prospérité au déclin» ? M. Mahbouli reproche à la plupart des gestionnaires de cette organisation «un certain opportunisme aux dépens d'une frange sociale dont dépend l'avenir du pays». Comme il le laisse entendre, «le capital financier de cette organisation à but non lucratif aurait été détourné afin de servir des intérêts personnels, et non ceux d'une enfance que l'on doit encadrer pour préparer les hommes de demain». Dans la même perspective, le membre du Conseil national de l'Onet fait observer que la non-approbation du rapport financier est une première dans l'histoire de l'Organisation, soulignant également que la tenue du congrès en question en une seule journée relève de la volonté des organisateurs de bâcler ses travaux. «D'habitude, le congrès de l'Onet dure trois jours et est couvert par plusieurs médias, pour passer régulièrement dans les infos de 20h00. Ce n'était, néanmoins, pas le cas cette fois-ci, vu qu'un seul quotidien était présent», selon notre interlocuteur, avant d'ajouter que l'Organisation a ces derniers temps peiné à respecter les conventions signées avec ses partenaires régionaux et internationaux, relatives à la qualité du logement, du transport et des loisirs entre autres. C'est pourquoi elle en a perdu plusieurs. De son côté, livrant sa propre version des faits, lors d'un entretien téléphonique, M.Chedhli Srarfi, ancien président de l'Onet et actuel président de son Conseil national, élu lors du dernier Congrès, a noté que le rapport financier n'a pas été bien présenté par le trésorier de l'Organisation et qu'il a été reporté pour révision. S'agissant du déficit financier dont souffre l'Onet, il a indiqué que cette organisation à but non lucratif, dont les services sont destinés aux catégories sociales faibles et moyennes, reçoit une subvention publique de 60 mille dinars. Or, elle a une charge salariale de 180 mille dinars. D'autant plus qu'elle encadrait régulièrement et jusqu'avant la révolution, près de 7.000 enfants. Elle ne compte aujourd'hui que près de 2.000 adhérents. Sur un autre plan, il a souligné que les crises vécues par certains partenaires, tels que la Syrie, l'Egypte et la Grèce entre autres, ont été bien de la partie, générant une nette régression pour ce qui est des échanges de groupes. Laquelle régression a pratiquement et sensiblement entamé une source de revenus supplémentaire. Par-delà les faits et les explications, il convient de dire que les lois concernant les sources de financement et la déclaration des budgets des organisations non gouvernementales ont besoin d'être repensées afin que l'ambiguïté cède à la clarté.