De violents affrontements font au moins deux morts et plusieurs blessés L'ambassade des Etats-Unis à Tunis a été, hier en début d'après midi, la cible d'attaques aussi violentes que dévastatrices perpétrées par des groupes de salafistes lors d'une journée décrétée «Vendredi de la colère». Ainsi, après avoir accompli la prière du vendredi, un flux massif de fidèles sont partis de la mosquée d'El Fath, à l'avenue de la Liberté dans la capitale, prenant le chemin de l'ambassade U.S. dont le siège est aux Berges du Lac. Femmes portant le niqab et jeunes hommes barbus ont décidé de riposter à leur manière dans un mouvement de protestation contre le film américain «Innocence of Muslims» jugé diffamatoire, tournant en ridicule le Prophète Mohammed, ses femmes et ses compagnons. Un film provocateur, rappelle-t-on, diffusé sur la toile, suscitant un tsunami de colère et de vives réactions dans plusieurs capitales arabes et islamiques. A leur arrivée au théâtre des événements, des centaines de manifestants ont bravé les forces de l'ordre déjà en alerte, pour prendre d'assaut l'enceinte de l'ambassade, dans un brouhaha de cris de victoire, en scandant des slogans hostiles à Washington. Ils s'étaient introduits dans les bâtiments annexes de l'ambassade, où ils ont abaissé et brûlé le drapeau américain, étant déjà en berne suite à la spirale d'attaques et d'agressions ayant ciblé des consulats et des sièges d'ambassades américaines dans plusieurs capitales arabes. Sous une haute surveillance policière, et au moment où un hélicoptère de l'armée nationale survolait les lieux à une basse altitude, les actes de vandalisme commis par les salafistes ont pris l'allure d'une véritable bataille rangée. Ils ont mis à feu un nombre de voitures stationnées dans le parking et aux alentours des lieux, faisant dégager des colonnes de fumées épaisses. Selon des témoins oculaires, l'école américaine jouxtant l'ambassade a été également incendiée. Et les affrontements manifestants-forces de l'ordre se sont, d'ailleurs, poursuivis, dans une atmosphère de haute tension. Des tirs de sommation intensifs et des bombes lacrymogènes ont été entendus de loin, dans une vaine tentative de disperser la foule. La colère s'est emparée des esprits et la situation qui a tourné au drame a échappé à toute prévision. Personne ne prévoyait que les événements allaient prendre une telle ampleur. Afin de parvenir à y mettre un terme, des blindés de l'armée et de la garde nationales ont été également déployés sur les lieux. Alors que les agents d'intervention ont monté en toute puissance, avec tous les moyens de bord, des protestataires ont continué à défier tout obstacle, portant des bannières spécifiques à leur mouvement sur lesquelles est écrite l'expression de la profession de foi musulmane «Il n'y a de dieu que Dieu, Mohammed est son messager». Sur les trois passages aériens enjambant la route de la Marsa, une foule considérable a suivi le cours des événements. Et l'on a remarqué des insurgés ayant lancé des pierres sur les forces de l'ordre. Selon une source autorisée ayant requis l'anonymat, ces affrontements se sont soldés, au moment où nous rédigions notre article, par d'importants dégâts matériels et des pertes en vies humaines. Le bilan a été ainsi lourd: deux morts et quelque 29 blessés. C'était une journée tragique qui a poussé le chef du gouvernement à interrompre son congé et à regagner son bureau pour suivre de près le cours des événements.