Sauvée la saison dernière par la mesure exceptionnelle de porter à 16 le nombre des pensionnaires de la L1, la Zliza n'a pas retenu la leçon. Le troisième passage de l'Avenir Sportif de Gabès en division d'élite a été tout autant bref et éphémère que les précédents, en 1984-1985 au bout de barrages épiques pour l'accession en division nationale contre le COTransports et le Stade Nabeulien (seul ce dernier échouera dans son entreprise) et en 1995-96. Les deux fois, l'ancien Carrelage Sportif Sud de Gabès, créé le 26 novembre 1973 et rebaptisé sous sa dénomination actuelle (ASG) le 8 mai 1980, dut se contenter d'une simple saison d'amère expérience. Cette fois, le club d'El Menzel rechute après deux années au soleil. Et c'est comme si les maux dont il souffre étaient ataviques et lourds à porter. «Le mal est beaucoup plus profond qu'on ne le croit, analyse l'entraîneur Mokhtar Tlili qui a appris, en seulement 24 jours d'exercice dans le Sud-Est, à connaître comme sa petite poche les us et coutumes des «Rouge et Noir». Chaque membre de la grande famille gabésienne doit faire son mea-culpa et comprendre pourquoi il en arrive à empiéter sur le domaine de l'autre. Il y a ici une confusion des rôles telle que les structures du club paraissent grippées, notamment au niveau de l'équipe seniors. Celle-ci est désorganisée de façon extraordinaire. Les jours de match, le délégué de l'équipe ne prend pas place sur le banc des remplaçants tout simplement parce qu'il n'a pas payé une amende infligée par la ligue. Son rôle est assuré par... le médecin du club. Les jours de stage, en revanche, vous risquez de croiser un nombre considérable de responsables. A l'ASG, on fait curieusement fi de la règle qui veut qu'une équipe soit encadrée par un président de section (qu'on ne voit jamais, d'ailleurs), un délégué et par le staff technique», analyse le doyen des coaches exerçant en Ligue 1. Lequel admet qu'en étant le 5e entraîneur de la saison, il héritait d'un legs difficile à assumer. La saison de la Zliza avait commencé avec le Suisse Christian Zermattan avant que Sofiène Hidoussi ne prenne le témoin. Pendant la trêve estivale, on assista au bref intérim de Salah Dey, puis du Brésilien Antonio Dumas, lequel était engagé au départ aux fonctions de directeur technique. Et, last but not least, Mokhtar Tlili n'a pas réussi un miracle similaire à celui accompli à la tête du CAB, la tâche s'avérant cette fois proprement surhumaine. «Effectif : c'est le néant» Mais au-delà de la question des retards de versement des primes et salaires dont ont pâti en cette saison de vaches maigres la quasi-totalité des clubs, il y a un facteur que la Zliza a dû traîner depuis la reprise, le 24 août, tel un boulet : celui inhérent à un mercato mal ficelé. «Personne n'a consulté l'entraîneur avant de procéder sur le marché des transferts au renforcement de l'équipe, rappelle Tlili. Conséquence : aujourd'hui, c'est le néant. S'ils espèrent retourner parmi l'élite tout de suite, cela va être très dur avec un tel effectif. Ce dernier reste très limité sur le plan technique aussi bien quantitativement que qualitativement. En attaque, hormis le Camerounais Mark Pongwe, qui doit néanmoins beaucoup travailler, et le Brésilien Dacruz Dos Santos, il n'y a pas grand-chose à retenir. Peut-être Yassine Bouchaâla. Le gardien Bourokba, qui s'est finalement imposé, a toutefois besoin d'un sérieux concurrent. Bref, les postes ciblés au prochain mercato d'hiver concernent un gardien de but, un défenseur axial, un latéral droit pour relever et soulager de temps en temps un courageux Aymen Charni, en plus de deux attaquants de renom», énumère-t-il. Cette analyse faite, la Zliza veut pourtant entretenir l'espoir d'une permanence en Ligue 1, mais à quel prix? Le club gabésien conduit aujourd'hui un tour de force institutionnel appelant à annuler les décisions de la dernière assemblée générale ordinaire de la FTF, le 30 juillet à Hammamet, qui n'ont pas reçu l'aval des clubs selon les règles convenues d'un vote. Qu'un joueur signe une même saison pour trois clubs, voilà un parfait exemple d'infraction aux règlements, soutient l'ASG, qui appelle tout simplement à une saison blanche et au rétablissement du statu quo de juin 2011.