Les patrons des clubs professionnels refusent de parler de chantage. Pourtant, ils pourraient déposer une démission en bloc si... «Basta, cela ne peut plus continuer comme cela!». C'est en gros l'état d'esprit qui animait avant-hier les présidents des clubs des ligues 1 et 2 réunis dans le cadre de leur Amicale. Ulcérés par ce qu'ils appellent «l'immobilisme et l'indifférence» des autorités de tutelle face aux graves difficultés financières auxquelles ils doivent faire face, ils menacent tout simplement de se retirer de manière collective si la situation n'évolue pas d'ici le 15 octobre. D'ailleurs, tous les dirigeants présents à cette réunion ont signé un engagement allant clairement dans ce sens, y compris ceux qui n'étaient pas présents mais avaient donné au préalable leur accord pour une telle démarche. «Les clubs pros veulent mettre la pression car ils ne voient plus venir des sources de financement répondant aux besoins de plus en plus pressants et considérables, explique Anis Ben Mime, conseiller juridique de l'Amicale. Il y a un tel engagement solidaire de leur part que toutes les associations professionnelles, qui ne comprennent d'ailleurs pas uniquement des sections foot, se placent aujourd'hui sur une même longueur d'ondes. Ces clubs entendent transmettre le message au chef du gouvernement, dont ils avaient sollicité par le passé une réunion sans obtenir satisfaction et au ministre de la Jeunesse et des Sports pour leur dire que tous les circuits classiques de financement des clubs sont bloqués et que cela ne peut pas continuer ainsi: Promosport, droits TV, sponsors, subventions des pouvoirs publics... Même la levée du huis clos n'est pas siffisante pour soulager les caisses des clubs pros puisqu'il est prévu de n'admettre dans les enceintes sportives que les abonnés parmi le public local», analyse le dirigeant du Stade Tunisien qui sert en même temps conseiller juridique auprès de l'Amicale. Un schéma de financement clair Pour ne pas ajouter aux graves problèmes et aux nombreux défis qui se posent actuellement au pays, les clubs pros ont, rappellent-ils, serré les dents pour mener à terme la saison 2011-2012. Toutefois, avant de négocier le nouvel exercice qui commence le 4 novembre prochain, ils exigent un engagement clair et ferme des autorités qu'ils invitent à assumer leur devoir financier, et à dire clairement si le foot constitue actuellement une priorité. Autrement, certains présidents appellent tout simplement à s'accorder une saison sans compétition, et invitent à cet effet à la convocation d'une assemblée générale extraordinaire de la FTF réservée aux clubs pros pour débattre du chapitre du financement. «Avant toute reprise du championnat, il y a un préalable sur lequel les patrons des clubs ne veulent pas transiger : celui de l'établissement d'un schéma de financement clair et pratique», insistent des sources proches de l'Amicale. En attendant le deadline fixé pour la mi-octobre, plusieurs signaux doivent venir rapidement. A l'exemple de la subvention de 90 mille dinars (pour les clubs de L1) et de 40 mille (pour ceux de la L2) décidée mardi soir par le Bureau fédéral. Une subvention de laquelle on retiendra au préalable l'argent dû à la FTF au titre d'amendes.