L'annonce de la sélection officielle des films tunisiens aux Journées cinématographiques de Carthage (JCC) 2012, la première édition après la révolution, a fait le buzz sur la toile. Les internautes et autres facebookers, artistes, cinéastes et cinéphiles, se sont posé la question sur les critères de sélection des films qui représenteront la Tunisie post-révolution et, surtout, la sélection des films documentaires. Sans pour autant remettre en question la présence d'un film comme We are Here de Abdallah Yahia dans la compétition officielle, on s'interroge tout de même sur les raisons de l'absence flagrante de documentaires tunisiens, particulièrement ceux qui viennent tout récemment d'être primés dans les festivals les plus prestigieux au monde et dont des jury internationaux ont reconnu la qualité. Nous pouvons citer Babylon de Alaeddine Slim, Smaïl Louati et Youssef Chebbi qui a décroché le grand prix de la compétition internationale au FID Marseille (prix, pour la première fois remporté par un film tunisien), Fellaga 2011 de Rafik Omrani, grand prix de la 5e édition de Miroirs et cinémas d'Afrique et, tout récemment, Maudit soit le phosphate de Semi Telili, meilleur film documentaire du monde arabe au festival du cinéma d'Abou Dhabi. Nous n'en citerons pas d'autres... Cette sélection laisse à croire qu'il y aurait certains sujets qu'il vaudrait mieux ne pas montrer. Ce qui a ravivé encore plus la polémique c'est que la nouvelle direction des JCC 2012 a fait le choix d'éliminer la compétition vidéo, celle qui a permis auparavant de montrer un nombre plus important de films tunisiens et autres, toute catégories confondues, et de primer la meilleure œuvre dans le cadre de ce festival prestigieux. Eh bien, cette année, cette compétition n'aura pas lieu ! Pourquoi ? Quelles en sont les raisons ? Par ailleurs et outre la sélection officielle, l'affiche des JCC 2012 a aussi provoqué des réactions sur la Toile. Outre le fait qu'un grand nombre la trouve inesthétique, « has been » et, surtout, pas originale puisque achetée à une banque d'images, on se demande pourquoi on n'a pas fait appel à des créatifs tunisiens pour réaliser l'affiche de ce festival. Pourquoi n'y a-t-il pas eu un concours pour des propositions d'affiche, afin que la meilleure soit choisie pour le festival ? Certains y voient un mépris vis-à-vis des compétences de nos créateurs et, franchement, on ne voit pas comment ne pas les croire. Heureusement, une action citoyenne est lancée. Le photographe Hamideddine Bouali propose sur Facebook «Juste pour le fun, parce que ce n'est ni un challenge ni un concours, mais uniquement pour démontrer que les photographes tunisiens sont aussi créatifs que les autres... je lance un appel pour que d'ici le 16 novembre, ils conçoivent et publient sur leur compte Facebook, des idées de visuels pour les JCC en ajoutant la mention suivante : «si les responsables du ministère de la Culture m'ont sollicité, j'aurais proposé cette affiche pour la 24e session, mais ils ont préféré m'ignorer». De son côté, Mahmoud Chelbi, animateur d'Aire-Libre, offrira cet espace pour les exposer... » Entre les associations cinématographiques qui menacent de boycotter les JCC et les photographes qui appellent à une action de protestation, on s'attend à une édition post-révolution mouvementée et pleine de surprises.