A la fin du mois d'octobre, quelque 200 mille doses de vaccins anti-grippe ont été épuisées. Actuellement, les 100 mille doses recommandées en seconde phase sont sur le marché. Il est probable que la Pharmacie centrale importe encore quelque 50 mille doses supplémentaires. En dépit d'un hiver qui se veut réticent et d'un soleil de plomb qui continue, en ce début de novembre, à taper fort, sur la tête, certains ont déjà eu le réflexe habituel de se faire vacciner contre la grippe saisonnière. Déjà, quelque 200 mille doses du vaccin contre la grippe ont été épuisées, et ce, depuis leur arrivée sur le marché pharmaceutique en date du 10 octobre et jusqu'au 29 octobre, date du second arrivage. Le vaccin de prévention contre la grippe saisonnière s'est, petit à petit, ancré dans les traditions préventives des Tunisiens; un comportement intelligent qui a pris de l'importance au fil des dix dernières années. La pandémie du virus mutant AH1n1, qui a semé le trouble auprès des spécialistes comme auprès des Tunisiens en 2009, a sans doute permis de prendre plus au sérieux l'épidémie de la grippe saisonnière. Selon les chiffres fournis par le Pr. Amine Slim, chef de service Labo Microbiologie à l'hôpital Charles-Nicolle, la Tunisie passait une commande de quelque 120 mille doses de vaccin, et ce, à la fin des années 90. En 2000, ce besoin a atteint les 180 mille pour se fixer, depuis 2005, aux alentours de 300 mille doses; quelque 50 mille doses supplémentaires sont souvent prévisibles. Une prévention qui s'impose pour deux raisons principales: la facilité de transmission du virus et son impact sur certaines personnes qui présentent, déjà, des pathologies chroniques. Il faut dire que le virus de la grippe se transmet par voie respiratoire. «Il suffit qu'une personne atteinte de la grippe tousse pour que des milliers de virus se progagent dans l'air. La saison froide s'avère être le terrain favorable à l'épidémie de la grippe. Le pic de cette épidémie est, généralement, situé entre le 15 décembre et la fin février. C'est durant cette période que le baromètre affiche les températures les plus basses qui permettent au virus de résister plus longtemps dans l'air. Au mois de mars, nous enregistrons, quand même, quelques cas de grippe saisonnière et ce en fonction, notamment, de la température. En avril-mai, la grippe devient sporadique, résiduelle; des cas moins considérables sont souvent décelés», indique le Pr. Slim. Quand la grippe vous complique la vie Si la grippe demeure considérée par le commun des mortels comme étant une maladie virale sans grandes répercussions sur le métabolisme, elle présente, pourtant, un risque notable pour certaines personnes souffrant de maladies chroniques. En effet, le virus de la grippe commence, avant toute chose, par attaquer les poumons. Pour les personnes souffrant déjà de problèmes respiratoires, dont la bronchite chronique, l'asthme, la dilatation des bronches ou encore l'insuffisance respiratoire, une grippe pourrait fort bien aggraver leur malaise. Pour les sujets ayant des problèmes cardio-vasculaires, le virus de la grippe influe sur leur état de santé. Selon le Pr. Slim, une inflammation des poumons peut retentir sur le cœur. Immunisé contre ce virus, le risque est nettement moins palpable. D'ailleurs, selon les résultats d'une étude canadienne sur les effets protecteurs du vaccin contre la grippe, une réduction de 50% des cas d'infarctus du myocarde et des accidents vasculaires cérébraux a été déduite chez les personnes vaccinées. Outre les sujets présentant des pathologies respiratoires ou cardio-vasculaires, d'autres sujets peuvent endurer un déséquilibre significatif de leur métabolisme. « Les diabétiques, les hyper-tendus, les insuffisants rénaux constituent une population à risque. Leur métabolisme souffre déjà d'un déséquilibre dur à résoudre au quotidien. Une grippe risque de compliquer davantage leur état de santé», souligne notre interlocuteur. Et d'ajouter qu'il est recommandé aux malades chroniques, mais aussi aux sujets âgés de plus de 65 ans et dont les anti-corps sont affaiblis avec l'âge ainsi qu'aux enfants âgés entre 2 et 5 ans qui fréquentent les jardins d'enfants — véritables foyers propices à la transmission du virus — de se faire vacciner contre la grippe pour s'assurer une meilleure protection contre ce virus. «Il est à souligner, ajoute le professeur en microbiologie, qu'en ce qui concerne les enfants, c'est au pédiatre de décider de l'attribution ou non du vaccin, et ce, selon l'état de santé de l'enfant en question». Fièvre, courbatures, rhume, toux, la grippe saisonnière influe, outre l'organisme, sur l'aspect économique. L'augmentation, durant la saison froide, du taux d'absentéisme revient, entre autres, au virus de la grippe. Le Pr. Slim insiste sur l'importance de protéger certaines catégories socio-professionnelles afin de limiter l'impact de la grippe sur la population et d'éviter la pandémie. Ainsi, les pélerins se font vacciner afin d'éviter la transmission du virus et sa prolifération auprès de la population.Leur part au vaccin varie entre 5 mille et 10 mille doses. Le ministère de la Santé se charge de vacciner les populations démunies et à risque comme les personnes âgées, placées dans les maisons de retraite, ou encore les handicapés. Ces catégories nécessitent entre 15 et 20 mille doses. Actuellement, le vaccin de prévention contre la grippe saisonnière est disponible sur le marché. Il est probable que la Pharmacie centrale importe quelque 50 mille doses supplémentaires pour subvenir à l'éventuelle demande. «Certes, après la pandémie de 2009, nous avons généralement un terrain moins favorable à une nouvelle pandémie. Toutefois, avec un virus aussi mutant et imprévisble que celui de la grippe, mieux vaut être vigilant», renchérit le Pr. Slim. Trois virus, un vaccin La grippe est provoquée par l'atteinte, par l'homme, par l'un des trois types de virus grippaux, à savoir le AH3, le AH1 et le virus dit B. Le virus A, sous ses deux sous-types AH3 et AH1, s'avère le plus problématique car mutant. Selon le Pr. Amine Slim, spécialiste en microbiologie et chef de service du Labo Microbiologie à l'hôpital Charles Nicolle, le virus AH1 se caractérise par sa capacité à se combiner avec d'autres virus grippaux animaux, comme celui des porcs ( on parle de grippe porcine) ou encore celui des canards et des oiseaux migrateurs ( et on parle de grippe aviaire), produisant ainsi à chaque fois un nouveau virus transmissible à l'homme. Le virus grippal du porc se caractérise par la combinaison entre le virus grippal humain et celui aviaire, d'où sa gravité. «Par ailleurs, le sous-type AH3 est encore plus dangereux que le sous-type AH1», fait remarquer le Pr. Slim. Pour la prévention contre ces virus ainsi que les éventuelles recombinaisons génétiques qui peuvent se produire, le vaccin contre la grippe se présente sous forme d'un cocktail des trois virus de base (AH1, AH3 et B). «Les laboratoires nationaux de surveillance de la grippe, actifs depuis 1980 veillent sur la surveillance et sur l'analyse des souches. Ils informent les réseaux internationaux de surveillance de la grippe afin que ces derniers puissent prendre le temps qu'il faut pour décider de la composition du vaccin pour l'année en question», indique notre interlocuteur. Cette année, les données de référence ont été déposées auprès des réseaux internationaux avant le 15 février afin de donner aux labos industriels un délai indispensable à la production des doses nécessaires du vaccin anti-grippe. D.B.S.