Si les résultats ont tendance à tout effacer, les choix les plus discutables, les choix les plus incompréhensibles servent aussi à réhabiliter ce qui ne semble pas être accepté par les autres et même pour rendre justice. S'en remettre au bon sens de telle ou telle option n'est pas cependant un pari facile, tant le destin d'une équipe n'est pas toujours entre les mains de son entraîneur. Au Stade Tunisien, Ghazi Ghraïri a préféré contenir les problèmes plutôt que de se contenter de les poser. L'on n'hésitera pas à penser que le projet qu'il a préconisé depuis son arrivée au ST est charpenté autour d'une réflexion portée par de bonnes idées. Souvent l'entraîneur perce sous la passion. Au milieu de savantes considérations, on reconnaît son adhésion à une stratégie et à un programme de travail bien définis. Contrairement à ce que l'on peut croire, Ghraïri a beaucoup vu, beaucoup retenu, même s'il n'a pas pris l'habitude d'entrainer les grands clubs, notamment ceux qui ont la tradition de jouer pour les titres. Il faut dire que quel que soit le contexte, la notion de performance et de l'exploit n'a de sens que dans le devoir accompli. Cela s'applique à une équipe stadiste dont le potentiel, même s'il n'est pas encore assez optimisé, est manifeste, à l'image de l'entente qui unit les joueurs et qui se traduit par une comptabilité assez parlante. Le Stade est aujourd'hui à sa deuxième victoire consécutive. Il a marqué en deux matches six buts et possède la meilleure attaque du moment. Plus encore, il est la seule équipe dans les deux poules confondues à avoir enchaîné deux victoires de suite. Mais l'idée est là: l'avenir de l'équipe stadiste dépend essentiellement de l'épanouissement de ses joueurs. Il leur manque, certes, encore du vécu, même s'ils ont en accumulé depuis quelque temps, y compris aussi et surtout dans la difficulté, mais ils affichent une meilleure expression d'ensemble et multiplient les phases de jeu abouties, aperçues ici et là. Ce constat concerne évidemment tous les joueurs, à travers le soutien des récupérateurs , les initiatives prises sur les côtés par les latéraux et les excentrés, l'inspiration qui caractérise les joueurs du milieu de terrain et le forcing des attaquants. Ce qui incite Ghazi Ghraïri à qualifier la victoire obtenue à Gafsa comme étant «le fruit de l'effort collectif. C'est ainsi que nous sommes décidés à négocier nos différents matches. Tous les joueurs sont concernés par les phases de jeu auxquelles nous sommes exposés sur le terrain. Le football moderne est celui de la polyvalence...» Des joueurs décisifs et déterminants Il faut dire que l'effectif dont dispose actuellement l'équipe est suffisamment étoffé. Les recrutements acquis ici et là se sont avérés bénéfiques pour le club. Il y a aujourd'hui plus de joueurs décisifs et déterminants que des éléments ordinaires comme le ST avait pris l'habitude d'en connaître par le passé. C'était le temps où il n'avait pas vraiment jamais à choisir. Le temps des pratiques sans tête et des théories sans jambes. «La concurrence a ses vertus, on s'en aperçoit de plus en plus au Stade. Il n' y a pas de titulaire à part entière. Les situations auxquelles nous sommes obligés de faire face chaque dimanche nous imposent des options bien particulières, conformément aux dispositions adverses et des différents contextes...», remarque Ghraïri, avant d'ajouter que son équipe a bien préparé son match. «Nous savions déjà que l'adversaire était difficile à manier chez lui et devant son public. Cela ne nous a pas empêchés de dominer le jeu et d'imposer notre suprématie tout au long de la rencontre. Nous avons terminé le match comme nous l'avions entamé. C'est un bon signe. La régularité dans le rendement est très importante pour une équipe qui a besoin de faire un parcours sans faute...» Un parcours sans faute, à l'instar de la prestation de l'équipe à Gafsa. Le ST s'y était d'ailleurs déplacé avec la détermination de gagner. Borhane Ghannem, qui s'est distingué tout au long de la période de préparation par ses aptitudes, son efficacité offensive, a de nouveau récidivé en marquant deux des trois buts inscrits par son équipe. «Nous avons réussi à marquer au bon moment. Cela nous avait permis d'éviter le doute qui, dans le cas contraire, aurait empêché l'équipe de s'exprimer pleinement. L'objectif de gagner le deuxième match est atteint, mais nous devrons encore travailler. Il y a encore beaucoup de choses à améliorer au sein de l'équipe. Nous en sommes fortement conscients. Les joueurs en premier lieu...», affirme l'entraîneur stadiste.