Dans les sociétés arabo-musulmanes, la femme demeure le symbole de la vulnérabilité et de la culpabilité. Ce préjugé dépasse de loin le seul jugement de valeur sexiste pour se transformer en un statut moral qui colle à la femme, tel une faute indéfinie et surtout non pardonnée. Cette vision discriminatoire est renforcée par une série de facteurs sociaux, économiques et culturels, vouant la femme à un profil dégradant. Dans notre pays, le statut de la femme joue souvent à l'encontre de son autonomie et de son bien-être social. Sans emploi, elle se trouve à la merci d'un tuteur censé la prendre en charge et lui assurant les composantes élémentaires à sa survie, comme l'hébergement, la nourriture, les soins, etc. Veuve, divorcée ou célibataire, elle est appelée à faire des concessions multiples et diverses, émanant de l'obligation —faute d'une échappatoire culturelle— à la violence discriminatoire, voire sexiste d'une société qui, malgré un notable parcours vers la modernité, reste prisonnière d'une mentalité stérile. D'autant plus que la violence à l'égard du genre , dans ses diverses manifestations, s'avère monnaie courante. Aujourd'hui, la lutte contre la violence à l'égard des femmes se poursuit, tant à l'échelle internationale que celle nationale. Menée tant par les parties officielles concernées par les affaires de la femme que par la société civile, elle tend à éveiller chez la femme opprimée sa volonté de briser le cercle vicieux dans lequel elle ne cesse de tourner non sans tourmente en dénonçant, d'abord, l'injustice sexiste, mais aussi en réclamant ses droits en tant que citoyenne et en tant qu'être humain. Les efforts se conjuguent également dans l'optique de sensibiliser le public, hommes et femmes, quant à la nécessité d'éradiquer l'esprit sexiste et d'asseoir les bases d'une société fondée sur l'équité entre les genres et sur le respect mutuel. A cet effet, plusieurs organismes non gouvernementaux ont été implantés, au fil des années; des ONGs qui offrent aux femmes souffrant de discrimination et vivant dans des conditions dégradantes, un appui moral, matériel et juridique afin de les aider à sortir de l'impasse. Parmi ces ONGs figure l'association «Beity» ou la Maison des femmes sans domicile. Cette association a été mise en place en 2011. Elle vient répondre aux besoins des femmes sans abri de trouver un toit sécurisant, quoique provisoire, et d'un soutien psychologique et juridique à même de les faire sortir d'une situation d'insécurité traumatisante. Cette association organise aujourd'hui et demain un séminaire international à la Cité des sciences de Tunis. Cette rencontre permettrait aux responsables de certaines associations, mais aussi aux décideurs, de se pencher plus sérieusement sur la situation des femmes démunies et sans abri et de réfléchir, ensemble, sur les axes d'interventions pertinents pour lesquels il conviendrait d'opter. Au programme du séminaire, quatre séances, dont la première s'articulera autour du cadre législatif et institutionnel de l'intervention sociale en hébergement des femmes vulnérables. La deuxième intervention sera axée sur les modalités d'intervention en hébergement et sera l'occasion pour plusieurs ONGs et institutions tant arabes qu'occidentales de présenter leurs expériences respectives dans ce sens. Quant à la troisième et à la quatrième séances, elles permettront de comparer les expériences d'hébergement et d'en tirer les conclusions quant à la pertinence de certaines expériences et aux lacunes à combler. «Beity» ou le refuge des vulnérables L'association «Beity» ou la Maison des femmes sans domicile est une association à but non lucratif. Elle tend à combattre le déficit d'autonomie des femmes démunies et sans abri et de les aider à préserver leur dignité et à surmonter la phase de l'errance et de l'insécurité. Ainsi, plusieurs services sont-ils mis à la disposition de cette catégorie vulnérable, dont l'hébergement provisoire, le soutien psychologique, l'accompagnement social, les soins et le suivi médical. L'association «Beity» assure également à ces femmes un encadrement administratif et juridique. Elle s'active, également, à aider ces femmes à embrasser la vie active et s'intégrer ainsi dans le développement socioéconomique. D'autant plus qu'elle s'active à promouvoir le droit des femmes en essayant de changer les textes législatifs, en insistant sur le principe de l'équité entre les genres.