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Le cri de Doha
Changements climatiques —Marche de protestation au Qatar
Publié dans La Presse de Tunisie le 03 - 12 - 2012


De notre envoyé spécial Chokri BEN NESSIR
La corniche de Doha, capitale du Qatar. Il est 8h30 du matin. Les barques de pêcheurs, dans la baie de la capitale, se prélassent encore au soleil doux qui darde ses rayons. Les nerfs à vif, les conducteurs des voitures bloquées à l'entrée du rond-point où se termine l'avenue Mohamed-Ibn Jaber qui fait face au Musée des arts islamiques, se lancent dans un concert de klaxons. Ils finiront, au bout de quelques minutes d'attente, par se résigner au diktat des policiers en faction, de suivre une autre voie avant de se lancer dans le labyrinthe sans fin d'une jungle en béton. C'est que sur ce tronçon de deux kilomètres de la corniche, fermé à la circulation, une importante manifestation allait avoir lieu. «Une manifestation ? C'est une blague», lance le groom de l'hôtel Swiss Bel Hôtel. «Ils sont en train de préparer les festivités de la fête nationale», explique Munir, le chauffeur de taxi sri-lankais.
Certes, Doha fait sa toilette depuis quelques jours pour accueillir la 18e conférence mondiale sur les changements climatiques, connue sous l'appellation COP 18 (Conférence des parties), il n'empêche à l'approche de la date de la célébration de la fête nationale, la ville connaît un coup de lifting. De l'autre côté des barrières érigées à cette occasion, plus de 400 personnes, réunie en petites grappes, focalisent les regards. Chaque petit attroupement apportait les dernières retouches à ses banderoles, écriteaux. D'autres enfilaient à la hâte les tee-shirts des organisations qu'ils représentent. Les reporters photographes, appareil en bandoulière, scrutent du regard les manifestants. Les policiers en uniforme se font discrets et se tiennent loin des activistes. Toutefois, la présence un peu massive de leurs collègues en civil enfilant des survêtements de sport anodins, est trahie par l'écho de la transmission sonore des talkies-walkies, qu'ils avaient minutieusement cachés quelque part sous leurs vêtements. Et voilà, le moment solennel. Le premier slogan accablant à l'encontre des pollueurs est lancé par un activiste qatari. Au micro de son mégaphone, il appelle à serrer les rangs. Tout le monde se conforme et la marche entame ses premiers pas. A la tête d'un peleton» d'activistes pour l'environnement, Khalid Al-Muhanadi de l'organisation «Doha Oasis» a scandé «Un environnement, un peuple, une planète» avant de déclamer : «Pays arabes soyons leaders dans les négociations climatiques». Lequel slogan fut rapidement repris. Les jeunes activistes arabes de la Arab Youth Climate font alors une entrée fracassante avec leur slogan «Leader arabes, il est temps d'agir». S'ensuivent d'autres slogans qui vont vite galvaniser les troupes sans pour autant rien ôter à l'aspect pacifique de cette marche.
Une marche pacifique
Au fil de sa progression, la manifestation a attiré badauds et autres travailleurs expatriés qui ont quitté leurs lieux de travail sur les chantiers pour immortaliser l'instant avec des photos. C'est que le Qatar, comme le reste des pays du Golfe, n'est pas habitué à ce genre de démonstration.
Cependant, débiter de tels propos pleins de courage et d'optimisme à Doha, était-ce pour bomber le torse à des délégations dont les pieds semblaient plombés par l'atmosphère maussade qui a précédé le démarrage des travaux de la COP 18, et qui vont s'étaler sur deux semaines ?
En effet, pour la première fois dans l'histoire des négociations, une COP se tient dans un pays arabe, à savoir le Qatar. Il y a beaucoup d'enjeux et le monde entier espère que la présidence du Qatar contribuera à trouver un accord fructueux et équilibré pour l'action climatique pré et post-2020. Car, en accueillant ce sommet, le Qatar a non seulement fait émerger les questions climatiques dans la péninsule arabique, très sensible aux conséquences du changement climatique, mais aussi stimulé le mouvement des jeunes arabes pour le climat (AYC).
C'est que le Moyen-Orient subit les conséquences du changement climatique avec davantage de sécheresse, moins de précipitations et parfois même des inondations. Ces pays n'ont pourtant pas engagé jusqu'à présent de changement majeur de leur politique énergétique et n'ont jamais manifesté l'intention de s'impliquer dans les négociations internationales. D'aucuns estiment, par ailleurs, que le Printemps arabe a mis en place des conditions favorables pour se pencher sérieusement sur la question.
On compte surtout sur les jeunes pour aboutir à un «Printemps climatique» car beaucoup de jeunes activistes n'hésitent plus à interpeller leurs gouvernements à agir sur le plan de la mitigation et de l'adaptation afin de réduire l'impact des changements climatiques.
Les jeunes Arabes à la rescousse
D'ailleurs, plus de 100 jeunes Arabes sont présents à Doha pour rehausser la COP, interpeller les délégués respectifs de leurs pays et organiser des évènements en marge du sommet. Ils veulent que les pays arabes prennent des engagements chiffrés en matière de réduction des gaz à effet de serre, qu'ils s'engagent sur la période pré-2020 et qu'ils contribuent à construire un accord international juridiquement contraignant afin d'assurer au monde arabe un futur climatique soutenable.
Il n'empêche que parmi les délégations les plus virulentes en matière de changements climatiques, Doha doit faire ses preuves et revoir sa copie.
Car, bien que le Qatar compte le taux le plus élevé de la planète per capita en termes d'émission de gaz à effet de serre et que les revenus de ce pays proviennent de la production et de la vente du pétrole et du gaz (170 billions de dollars) et hormis le fait qu'il dispose de la troisième plus grande réserve au monde de gaz naturel et qu'il soit le premier fournisseur de gaz liquéfié, il n'a jamais dilué sa bourse pour aider à renverser la vapeur.
De plus, dans un contexte où la planète est en train de se réchauffer, le Qatar ne dispose même pas de fonds de solidarité énergétique, malgré son opulence. D'autant plus que ses gratte-ciel, ses shoppings malls, et ses bâtiments luxueux, sont les plus énergivoes au monde. Chaque citoyen qatari est responsable, selon les études, de pas moins de cinquante tonnes d'émissions de carbone par an. Ces mêmes taux se situent à 17 tonnes pour les Américains, à 1,4 tonne pour les Indiens et à 0,1 tonne pour les Ougandais. «On n'a pas d'autre choix que de recourir aux services de ces monstres énergétiques, qui sont les palaces et les hôtels, qui assassinent le monde», a déploré un négociateur africain venu à ce sommet avec l'objectif de réduire les taux vertigineux de gaz à effet de serre.
Certes, Bismarck a dit un jour «la politique, c'est l'art du possible» et un accord à Doha reste du domaine du possible, mais à condition que la diplomatie soit au cœur des négociations.
Car tout le monde sait que ce n'est pas à Doha que se jouera la coupe du monde du climat. Et les négociations à Durban (l'année dernière COP 17) ont donné aux négociateurs de nouvelles instructions politiques que Doha doit maintenant valider. Il s'agit entre autres des termes de référence de l'accord sur les réductions des gaz à effet de serre pour 2015. Fort heureusement, plusieurs ONG sont là pour leur rappeler que le monde ne doit pas s'endormir sur ses lauriers jusqu'à cette date, mais bien au contraire bouger à une cadence plus accentuée. Car les impacts écologiques, notamment climatiques, aux conséquences potentiellement irréversibles sont désormais connus et mesurés.


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