Promouvoir les technologies de traitement des eaux et des déchets dans les pays du bassin méditerranéen est le thème principal du séminaire international portant sur les technologies innovantes en matière de traitement des eaux et des déchets, organisé par l'Ecole supérieure des sciences et des technologies de Hammam-Sousse (Essths), le Laboratoire de recherches en énergie et matériaux, en collaboration avec la Chambre de commerce et d'industrie du Centre (Ccic) et qui a eu lieu récemment à Sousse. Cette manifestation organisée dans le cadre du projet européen Sowaeumed (réseau euro-méditerranéen de traitement des eaux et des déchets), a connu la participation d'experts, d'enseignants universitaires, d'industriels, de représentants de laboratoires spécialisés dans la réutilisation des eaux et la valorisation des déchets venant d'Espagne, Croatie, Suède, France, Maroc, Algérie, Egypte et Tunisie. Cette manifestation baptisée encore «Workshop international: waste cluster initiative» a regroupé, pour la première fois en Tunisie, la quasi-totalité des institutions nationales exerçant dans le domaine du traitement des eaux et des déchets dont l'Anpe, l'Onas, l'Anged, la Sonede, l'Apal... Sans oublier les centres de recherche et d'innovation tels que le Centre international des technologies de l'environnement (Citet), le Centre de biotechnologie de Sfax (CBS), le Centre de recherches et technologies de l'eau, le Centre de recherche sur les sciences des matériaux de Borj Cédria... Ainsi que plusieurs coordinateurs de projets euro-méditerranéens qui représentent plus de 150 institutions euro-méditerranéennes. Objectifs et organisation A propos des objectifs et de l'organisation de cette manifestation euro-méditerranéenne sur les technologies innovantes dans le traitement des eaux et des déchets, M.Mongi Seffen — principal coordinateur de ce séminaire, enseignant universitaire de chimie à l'Essths — nous a indiqué que le principal objectif est l'échange d'expériences et le transfert de technologies ainsi que la proposition de nouveaux projets dans le cadre de cette thématique environnementale. Cette manifestation, a-t-il poursuivi, a comporté des sessions plénières de conférences-débats et de communications scientifiques. Parmi les thèmes de ces conférences, il a cité : «Les technologies innovantes en matière de traitement et de valorisation des eaux et des déchets», «Développement de nouvelles technologies dans le traitement des eaux et des déchets»... Traitement des eaux par les bioréacteurs à membranes Au cours de son intervention-débat portant sur le traitement des eaux par les bioréacteurs à membranes, M. Sami Sayadi, directeur général du Centre de biotechnologie de Sfax (CBS) et enseignant universitaire, a indiqué que cette technologie avancée de traitement des eaux urbaines, domestiques et industrielles permet l'obtention d'une eau traitée de bonne qualité, dépourvue de germes pathogènes (bactéries, salmonelles, virus...) ainsi que des polluants organiques tels que les molécules pharmaceutiques, les «perturbateurs endocriniens»... Ces eaux traitées peuvent être utilisées en agriculture sans risque potentiel sur la santé humaine. Le CBS, a-t-il poursuivi, a réalisé dernièrement des expériences à différentes échelles et notamment dans des stations d'épuration industrielle qui ont prouvé l'innocuité et la conformité des eaux traitées aux normes nationales (composition physico-chimique et microbiologique). Cette technologie est basée sur l'utilisation d'un bioréacteur (bassin aéré dans lequel sont immergées des membranes afin de filtrer l'eau usée). En outre, les micro-organismes qui se trouvent dans l'eau utilisent l'air pour dégrader les polluants organiques. Par la suite, l'eau est filtrée à travers les membranes se trouvant immergées dans l'eau. «Faut-il insister sur le fait que cette eau traitée peut être utilisée dans l'irrigation des arbres fruitiers et des cultures maraîchères, sans risque potentiel sur la santé», a-t-il conclu. Traitement des eaux de rejet des usines textiles «Les eaux de rejet des usines textiles contiennent des traces plus ou moins importantes de colorants et de métaux lourds ayant des effets toxiques et néfastes sur l'environnement et la santé humaine, il est donc nécessaire de dépolluer ces eaux de rejet en vue de leur réutilisation dans le domaine agricole», a mentionné M. Philippe Ayrault, ingénieur à l'Institut de chimie des milieux et des matériaux relevant de l'Université de Poitiers (France), au début de son intervention-débat portant sur le traitement des eaux de rejet des usines textiles, tout en précisant que cette technologie utilise des biomasses d'origine végétale non valorisées pour l'alimentation animale et humaine telles que les stigmates de maïs, les noyaux d'olives et de dattes, les agaves... Ces biomasses, après divers traitements, peuvent être utilisées comme absorbants et dépolluants des eaux. C'est ainsi que les colorants et les métaux lourds (plomb, chrome...) sont adsorbés à la surface des biomasses. Il est à signaler, a-t-il poursuivi, que les colorants métallifères et surtout les métaux lourds comme le «chrome VI» ont un effet cancérigène. «L'application de cette technologie nécessite un développement et une amélioration afin de l'utiliser à grande échelle dans le traitement des eaux de rejet des usines textiles en Tunisie», a-t-il conclu.