Dans la foulée des réactions et vagues de contestation ayant émané de certains partis politiques et d'organisations de la société civile, suite aux agressions perpétrées mardi dernier contre le siège de l'Ugtt, en pleine commémoration du 60e anniversaire du martyre du leader Farhat Hached, le Front populaire a organisé, hier vers midi, un mouvement de protestation à la place Mohamed-Ali à Tunis. Les adhérents et les sympathisants du parti s'y étaient rassemblés en grand nombre pour exprimer leur soutien constant à la centrale syndicale ouvrière et à ses militants, tout en manifestant leur rejet catégorique face aux tentatives attentatoires à son image et à la mémoire de son père fondateur Hached. L'ambiance était si chauffée que le climat hivernal et les averses qui se sont abattues en abondance n'ont pu fléchir les protestataires ou baisser d'un cran leur détermination à défendre l'organisation ouvrière. Ils ont, ainsi, continué, sans relâche, à brandir les banderoles de leur parti et les bannières de l'Ugtt. Au moyen d'un haut-parleur, M. Mohamed Hedi Oueslati, du parti des patriotes démocrates unifié s'est prononcé au nom du Front populaire pour dénoncer les attaques ayant ciblé le siège de l'Ugtt et certains membres de son bureau, outre une dizaine de blessés parmi ses adhérents. Des actes de violence, ajoute-t-il, qui peuvent être comparés à un deuxième assassinat du leader Farhat Hached. Il a indiqué que ce mouvement si symbolique soit-il se veut une marque de solidarité à la centrale syndicale et ses figures emblématiques, mais aussi une forme d'adhésion à sa position catégorique à l'égard des comités de protection de la révolution qui s'autoproclament des forces légitimes de l'ordre et du bien. «Aujourd'hui, il s'agit tout juste d'un mouvement contestataire limité dans l'espace, mais qui pourrait prendre, dans les jours à venir, l'ampleur d'une marche pacifique de soutien...», prévoit-il. Par la même occasion, M. Ahmed Seddik, secrétaire général du parti arabe d'avant-garde (Attaliaâ) et leader au sein du Front populaire, a haussé le ton pour revendiquer la dissolution de ces ligues dites de protection de la révolution, les qualifiant de milices du mal, activistes pour le compte d'Ennahdha. Son message est de mettre un terme aux pratiques malsaines préjudiciables à l'Ugtt et à son histoire de militantisme, mettant en exergue son poids sur la scène politique et sociale. Et les discours de rejet et d'indignation se sont poursuivis à tour de rôle. Ayoub, jeune appartenant au Front populaire, n'a pas mâché ses mots pour adresser des critiques assez virulentes à l'encontre du parti Ennahdha et des milices qu'il parraine. Il a qualifié ce parti au pouvoir de rétrograde, l'accusant d'avoir bafoué les principes de la démocratie et de chercher par tous les moyens à servir ses intérêts partisans et électoraux au détriment de l'intérêt suprême de la nation. D'après lui, Ennahdha est un parti qui a échoué, tournant le dos aux revendications légitimes de la révolution. Son camarade Ramzi, de même appartenance, n'a pas manqué, lui aussi, de rappeler au leader de la troïka au pouvoir que l'Ugtt est prête à braver tous les défis, et que nul ne peut ignorer son combat à travers l'histoire pour la bonne cause et des travailleurs et de la patrie. Il a fait allusion, ici, à la grève générale prévue pour le 13 de ce mois et qui a été précédée, hier, de grèves dans plusieurs régions du pays. Au fur et à mesure, ces discours improvisés ont été accompagnés par autant de slogans d'appui et de sympathie que ne cessaient de lancer et de crier haut et fort les jeunes adhérents du parti. «Balles de chevrotine, les Tunisiens n'ont jamais peur», «Démission, oh gouvernement d'intelligence avec l'étranger», «oh gouvernement de colonisation, vous avez vendu la Tunisie», «oh Hached, oh Hached, Ennahdha a vendu le pays», «toujours révolutionnaires, le front populaire continuera le parcours», et bien d'autres slogans hostiles au gouvernement en place. Entre-temps, des jeunes volontaires ont distribué, en plusieurs copies, la déclaration que la commission administrative nationale de l'Ugtt rendait publique, le 5 courant, et dans laquelle les membres signataires se sont indignés des attaques commises par les comités de protection de la révolution à l'encontre de leur organisation ouvrière. Ils y ont déclaré que jeudi prochain est décrété journée de grève générale.