Quand la beauté du vers s'allie à la musique, c'est un autre univers qui se crée, un monde fabuleux qui creuse à l'intérieur de l'être et l'emmène dans un voyage mystérieux qui change son regard sur la vie, sur la réalité. Le Théâtre municipal de Tunis a accueilli, vendredi dernier, un public nombreux, venu assister au spectacle organisé à l'occasion de la célébration du 25e anniversaire du Prix Aboul Kacem Chebbi et qui a réuni poésie —notamment engagée — , chanson et chant traditionnel . Un hommage a été ainsi rendu à des maîtres et à de grands noms des disciplines, dont Ali Douagi, Abdelhamid Khraïef, Hédi Guella et beaucoup d'autres, présents à travers des poèmes et des airs phare qui ont marqué l'histoire des arts en Tunisie et qui ont contribué à l'enrichissement du patrimoine national. Le programme s'est ouvert avec la prestation de la troupe «Nouveau film » de Fadhel Jaziri. Un show haut en couleurs de chants traditionnels, où le maître d'œuvre a procédé à un mariage entre différents instruments, du mezoued à la guitare électrique, dans une parfaite mise en scène et avec de belles chorégraphies qui ont rehaussé des sonorités originales très appréciables, oscillant harmonieusement entre moderne et traditionnel. Puis, ce fut au tour de l'acteur Amine Ben Saâd de monter sur scène, dans une ambiance feutrée, grâce aux lumières tamisées, d'enchanter le public présent par une déclamation du poème de Abdelhamid Khrayef, «Le texte et la lettre», avant de le gratifier de la chanson engagée de Cheikh Imam (texte de Ahmed Foued Najm), Haha. On a, ensuite, eu droit à une chanson, mise en musique à partir du poème de Chebbi Ila toughat al âalam (Aux tyrans du monde), fort bien exécutée. Pour sa part, Amira Jaziri à la voix forte et expressive a chanté l'inoubliable «qacid» du trio de rêve Abdelhamid Ben Jeddou — Chedli Anouar — Oulaya, Bani watani (Enfants de ma patrie). Une exécution a capella qui a montré les possibilités et la sensibilité de cette chanteuse, ainsi que la délicatesse de son timbre vocal. La soirée s'est poursuivie avec des lectures d'extraits de poèmes qui célèbrent l'amour de la patrie. Jamila El Mejri a choisi de nous offrir deux extraits de son recueil Le royaume des poètes qui s'élèvent contre l'oubli et qui font l'éloge des artistes, notamment les poètes, Ces êtres si sensibles. Quant à Adam Fethi, poète, parolier, traducteur et journaliste, il a épaté le public avec une lecture d'extraits de poèmes qui datent des années 1980, tels que Hila hila ya matar (approximatif : ô pluie) et Hathi ghnaya lihom (Ceci est une chanson pour eux). Il acheva son passage par un extrait de son œuvre Le souffleur de verre aveugle. Retour, ensuite, au chant avec « Ma bin el widyan (entre les oueds) et Babour zammar (Sirène de bateau) de feu Hédi Guella, des morceaux qui ont charmé le public. En témoigne la salve d'applaudissements sur laquelle la soirée s'est achevée.