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Utica-Ugtt et gouvernement : des partenaires gagnant-gagnant pour le pays
Entretien avec : Mme Wided Bouchammaoui, présidente de l'Utica
Publié dans La Presse de Tunisie le 16 - 12 - 2012

Le nouveau pacte social sera signé le 14 janvier 2013
Dans quelques jours se tiendront les assises du congrès national de l'Utica, qui réserve aujourd'hui une bonne partie des débats à cet évènement marquant. Après la révolution du 14 janvier 2011, cette organisation patronale a profondément renouvelé sa représentativité à l'échelle régionale et nationale. Consciente de sa « responsabilité » économique et sociale, elle a contribué activement au débat national par une série de propositions et actions qui tiennent compte du nouveau contexte socioéconomique actuel tant au niveau national qu'international.
Aujourd'hui, l'Utica reprend son catéchisme sur l'importance de la compétitivité et la nécessité de la responsabilité sociale des entreprises, sur le rôle crucial qu'elle ne cesse de jouer en se projetant dans le champ social et politique, en déployant des efforts considérables pour réussir l'intégration de la Tunisie dans le marché maghrébin et africain, chaque fois en concertation avec l'Ugtt et le gouvernement.
Mme Wided Bouchamaoui, présidente de l'Utica, appelle à réussir l'avenir, à moderniser et à développer le tissu productif et industriel, à redorer l'image du chef d'entreprise, « diabolisé » depuis quelques temps. Plus qu'un rôle d'interface, l'Utica entend jouer un rôle capital dans le dialogue social. Pour sa présidente, l'organisation patronale se doit de veiller, à la fois, à l'intérêt de l'entreprise et à l'intérêt général du pays.
La présidente de l'organisation patronale fait montre d'une opiniâtreté à ferrailler sans relâche sur tous les dossiers qui sont au cœur de la politique économique et sociale du pays. Elle se prononce ici ouvertement sur certaines vérités... Interview.
Les assises nationales de l'Utica se tiendront en deux temps et à deux dates distinctes, le 18 décembre et le 17 janvier prochain. Une première qui suscite d'ores et déjà nombre de supputations et de conjectures. Qu'en est-il réellement ?
Oui, absolument. C'est une première pour l'Utica. Il s'agit tout d'abord de présenter des projets de statuts qui seront suivis d'une opération de vote de ces statuts pour passer, à la fin, aux élections du bureau exécutif national. Mais, vu qu'il y aura une refonte totale des statuts avec de nouvelles donnes, empreintes de transparence, et avec une bonne gouvernance, on a voulu impliquer tous les intéressés. C'était la cause principale du report de la date du congrès qui permettra aux candidats de discuter, de présenter leurs projets de statuts et de prendre connaissance des conditions de candidature au bureau exécutif. On a voulu aussi donner le temps nécessaire aux candidats pour mener leurs campagnes, de présenter leurs programmes et de faire connaissance avec les congressistes. C'est dans le but d'avoir une meilleure représentativité des entrepreneurs dans le bureau exécutif et de fixer les critères dans la clarté, que la décision du report de la date a été prise non pas par la présidence de l'Utica mais par le conseil national, qui est la deuxième instance regroupant plus de 350 personnes représentant le bureau exécutif, les présidents des fédérations, les présidents des unions régionales..., la teneur et le programme de l'ordre du jour du congrès sont du ressort de ces membres. Le rôle de la présidence est donc de passer l'information et de valider les décisions du conseil national.
Que les choses soient claires. Au départ, on a confié les statuts à une commission indépendante composée d'experts qui a été élargie pour regrouper d'autres personnes afin de garantir une meilleure appréhension des différends qui peuvent exister. C'était aussi dans le but de donner la chance à tous pour rejoindre cette commission et donner leurs avis sur les statuts. A l'évidence, on ne peut pas faire un statut chaque année, c'est pour cela qu'on veut avoir des statuts révolutionnaires conformes aux attentes des différentes composantes et instances de l'Utica.
Peut-on dire aujourd'hui que l'Utica a définitivement tourné la page des déchirements et de la guerre des chefs qu'elle a connus au lendemain du 14 janvier ?
Ce que l'Utica a connu après la révolution du 14 janvier n'était pas spécifique à l'Utica, c'était valable pour la majorité des organisations nationales.
Pour notre organisation patronale qui représente le secteur privé et les employeurs, cette frange sociale a son poids sur le plan économique et social, c'est pour cela que toutes les lumières sont projetées sur elle et nous nous sommes engagés après la révolution à être une organisation indépendante qui défend sa légitimité, sans s'allier à un parti politique. Notre objectif et notre raison d'être en tant qu'organisation patronale, c'est de défendre les intérêts des chefs d'entreprises et des entreprises elles-mêmes.
Le déchirement qui a eu lieu est une réalité mais pas une fatalité. Quand il s'agit de faire des élections ou d'accéder au bureau exécutif national, les tiraillements reflètent la démocratie. L'essentiel, c'est que le respect règne au sein de l'organisation, notamment après les efforts fournis durant plus d'une année pour qu'elle puisse reprendre progressivement son souffle. L'Utica a regagné sa place, elle est consultée aujourd'hui par le gouvernement, la présidence et l'Ugtt, pour donner son avis et ses propositions sur le plan économique et social. Nous sommes arrivés à nous imposer et à être en position de force tout en préservant les acquis non négligeables au sein de l'Utica.
Un congrès national se tiendra donc le 18 décembre pour débattre des projets de statuts proposés et en adopter un. Il sera suivi, un mois plus tard, le 17 janvier, d'un congrès ordinaire en vertu des nouveaux statuts qui seront votés. Peut-on connaître l'esprit et les lignes de force qui vont marquer de leur sceau les nouveaux statuts proposés ? Etes-vous candidate à votre propre succession ?
Comme je l'ai expliqué auparavant, il y aura plusieurs projets qui seront soumis au vote pour en adopter à la fin un seul. Donc, toute personne a le droit de présenter un projet et de le défendre, de faire sa campagne pour choisir le projet idéal. Tous les projets seront présentés lors du congrès et après on passera au vote pour le projet de l'Utica. Cette démarche est en soi une première, avec un projet ficelé que les gens vont accepter dès le départ. Deuxièmement, pour les différents projets, environ 80% des gens sont unanimes sur la bonne gouvernance, les prérogatives du président de l'Utica, le développement régional..., nous sommes tous d'accord pour qu'il y ait une meilleure implication, une meilleure présence et une meilleure transparence. Il ne faut pas que le président de l'Utica soit le seul maître à bord.
Je tiens à préciser qu'un désaccord a été observé sur deux ou trois articles qui ne peuvent en aucun cas affecter nos relations ou perturber le déroulement des assises du congrès. C'est tout à fait légitime, on ne peut pas être tous d'accord sur un même projet. Ces deux articles concernent le nombre des membres du bureau exécutif national de l'Utica et les conditions de candidature qui fixent l'éligibilité et l'accès à ce bureau. Chacun a sa théorie et c'est défendable.
Il y a par ailleurs un petit problème que je veux résoudre, il s'agit des rumeurs qui circulent sur la politique d'élimination que l'Utica ne cesse d'exercer. Je dirais même que notre organisation patronale a veillé après la révolution à l'organisation de toutes les élections à l'échelle régionale et nationale et a tenté d'introduire des rectifications sur le statut actuel de l'Union, pour qu'il soit souple et flexible. En effet, il faut que la personne qui veut se présenter comme candidat à n'importe quelle instance de l'Utica, y soit affiliée pendant une année à compter de 2011, au lieu de cinq ans. C'est un choix que l'Utica a fait pour ancrer de nouvelles traditions d'ouvertureet défier tous ceux qui la condamnent de fermeture et d'exclusion de certaines personnes. Je tiens à préciser que toute personne qui veut rejoindre l'Utica doit s'acquitter de son adhésion d'une seule année.
Concernant les élections du bureau national exécutif, chacun pourra présenter et défendre des propositions, celles qui lui semblent bonnes et c'est le congrès qui demeurera souverain. J'ai essayé d'expliquer à tous que la décision des congressistes est capitale. Il n'y a pas un statut fait par Mme Bouchammaoui. Je n'ai donné aucune consigne. Les gens ne connaissent pas ma position, je vais justement la présenter au congrès comme tout le monde.
Candidate, je ne sais pas encore. D'abord, la candidature concerne le bureau exécutif national et non la présidence de l'Utica. Il ya 2300 congressistes qui vont élire un bureau exécutif national et c'est ce dernier qui élira son président après le 18 décembre.
Depuis quelque temps, l'Utica fait montre d'un rare activisme à l'échelle nationale et internationale. Vous êtes vous-mêmes de toutes les guerres et sur tous les fronts. Certains pensent que cet activisme dépasse parfois la sphère économique et la défense des intérêts du secteur privé pour se projeter dans le champ social, voire politique. Quelle est votre réaction à cet égard ?
Pour nous, les deux buildings de l'Utica, c'est l'économique et le social. Le social, pose par essence deux questions fondamentales: on vit avec qui ? Avec quoi ? Avec les ouvriers bien évidemment. Donc, si jamais il y a un problème social, est-ce que l'entreprise va prospérer, investir ou exporter ? Non bien évidemment. Nous sommes partie prenante, tout comme l'Ugtt et l'inspecteur du travail, s'il y a un conflit entre le chef d'entreprise et son employé, l'Utica doit intervenir pour soutenir les chefs d'entreprises ou les employés. Ce qui nous préoccupe le plus, c'est de garantir un climat social serein pour que l'entreprise puisse travailler et prospérer.
Est-ce dans cet esprit et dans celui qui caractérise votre attitude lors de la signature avec l'Ugtt de l'accord sur la majoration salariale dans le secteur privé que vous concevez la vocation et l'action futures de l'organisation patronale ?
Nous avons déjà préparé notre programme et esquissé notre vision qui devaient être présentés la semaine dernière, mais qu'on a décalés d'une semaine vu les évènements qui ont marqué la scène politique et sociale. Nous sommes aussi impliqués dans la conclusion des accords de partenariat public-privé, l'élaboration du nouveau code d'investissement, la mise en œuvre de la loi de finances, la conception du nouveau pacte social qui sera signé le 14 janvier prochain en présence de l'Utica, l'Ugtt et du gouvernement. Toutes ces actions de partenariat tripartite entre le patronat, l'Ugtt et le gouvernement donneront une meilleure image de complémentarité, le tout dans l'objectif de défendre les intérêts du citoyen tunisien et du pays, de chercher à avoir un meilleur climat social entre l'entreprise et l'employé, d'assurer la sécurité sociale à tous les travailleurs, d'améliorer les conditions de travail...
C'est dire que le patronat a toujours été présent dans le domaine social, en soulevant les problèmes et les difficultés économiques de l'entreprise et des secteurs. C'est de notre devoir de les soutenir et de trouver les solutions idoines.
Avec l'Ugtt, vous semblez entretenir des relations plus courtoises, des relations fortes et responsables qui vous autorisent à jouer les bons offices dans le sérieux conflit qui a opposé la semaine dernière le syndicat et le gouvernement. Peut-on dire la même chose de la solidité de vos relations avec le gouvernement, notamment au sujet de ses choix de développement ?
Nous sommes une organisation indépendante mais nous travaillons avec le gouvernement. On ne peut pas travailler seuls. Nous sommes dans un contexte où il y a l'Ugtt, l'Utica et le gouvernement, qui exige la concertation entre les trois. Le gouvernement est appelé à nous écouter parce que nous sommes des opérateurs importants (l'Ugtt et l'Utica), à trouver des solutions à nos soucis communs, à aborder ensemble les problèmes afin d'apaiser l'atmosphère tendue. On ne peut pas être d'accord sur tous les plans, certes, mais ce rapprochement est une première dans l'histoire de la Tunisie. Une première dans le bon sens et non dans la théorie du complot contre le gouvernement. Le patronat n'a pas l'intention de faire de la politique. On s'est rapproché pour le bien de l'entreprise et là on sent qu'il y a un terrain d'entente pour le meilleur.
Même aujourd'hui, si vous voyez le discours du secrétaire général de l'Ugtt lors de la signature de l'accord sur les augmentations salariales, il parlait en tant que chef d'entreprise et non pas en sa qualité de secrétaire général. Il défendait l'entreprise. Cela incarne un certain changement dans les mentalités qui fait qu'on se considère enfin comme des partenaires gagnant-gagnant pour le pays.
Il faut sauver ce pays et lui donner plus de force, en mettant la main dans la main et entretenir de bonnes relations. L'Utica n'est en conflit avec personne.
Vous avez rencontré avant-hier, vous et le conseil administratif élargi de l'Utica, le président provisoire de la République, M. Moncef Marzouki. Quels étaient les points forts de cette rencontre ?
Suite à la demande de la Présidence, il y a eu une rencontre avec le conseil administratif élargi, qui représente aussi bien les secteurs que les régions. Nous avons parlé essentiellement de l'image et de la diabolisation du chef d'entreprise corrompu ou qui n'est pas patriote et nous avons par la même occasion demandé d'arrêter ce genre de contestations pour dire que nous défendons comme tous les Tunisiens les intérêts du pays. On veut, également, établir ce climat de confiance entre le Tunisien et le chef d'entreprise.
Je tiens à préciser qu'on n'a pas l'intention de défendre ceux qui ont profité de l'ancien régime et nous ne nous substituerons pas à la justice. On a juste demandé d'accorder plus d'importance à notre organisation qui est l'un des piliers de l'économie tunisienne.
Nous avons parlé avec beaucoup de franchise et abordé certains problèmes régionaux. Nous avons surtout à cette occasion insisté sur la vraie image du chef d'entreprise. On est loin de toutes les tractations politiques. Notre unique devise est la mise en valeur de l'entreprise et du travail. Il faut que cette valeur de travail soit le pain quotidien de tout un chacun.
L'entreprise tunisienne est aujourd'hui confrontée à une conjoncture particulièrement difficile. L'obligation de la compétitivité dont elle est tenue, personne n'en parle plus. Au-delà de l'aspect conjoncturel, quelles sont à votre sens les difficultés structurelles qui méritent aujourd'hui que les pouvoirs publics s'y penchent sérieusement. (Marché parallèle et économie informelle, nouveau code d'investissement, fiscalité...) ?
Absolument, il existe des problèmes structurels. Tout d'abord, l'ensemble du tissu industriel composé des PME souffre d'un manque terrible de financement et de ressources pour que les entreprises se développent. Notre cadre législatif et fiscal n'est pas vraiment un cadre qui incite à l'investissement. Donc, ce que nous demandons aussi, c'est qu'il y ait une meilleure incitation, surtout dans les régions intérieures du pays, et plus d'avantages pour que les opérateurs s'y investissent.
Des aménagements dans les zones industrielles sont à cet égard nécessaires. Idem pour le commerce parallèle, ce fléau qui nuit à l'entreprise tunisienne et qui doit être profondément traité.
Pour l'entreprise tunisienne, le marché européen est une destination de choix. L'accord d'association tuniso-européen de 1995 a entretenu cette tendance même s'il lui a ouvert quelques perspectives vers l'export. L'entreprise tunisienne devrait-elle, à cet égard, ne plus craindre ou plus espérer du nouveau statut privilégié que l'UE envisage d'accorder à la Tunisie ?
Nous devons préserver nos relations avec l'Europe, qui restera notre partenaire privilégié. Mais avec ce qu'on a comme nombre de chômeurs et vu notre marché exigu, il faut s'orienter impérativement vers le marché maghrébin et tenter de trouver plus de place pour nos entreprises et nos jeunes. Il faut préserver ce choix. Nous avons entrepris des actions de coopération avec l'UE concernant la mise à niveau, la compétitivité des entreprises... Notre premier partenaire, c'est l'Europe, c'est évident. Nous avons certes beaucoup gagné de notre association avec elle, mais la crise qui touche toute la zone euro affectera inévitablement nos exportations, voire notre économie. Donc, autant s'orienter vers d'autres cieux, avec 850 mille chômeurs, on n'a guère d'autres choix..
Qu'en est-il des efforts de l'Utica en matière d'intégration maghrébine et africaine ?
L'Afrique aussi est l'un des marchés prometteurs. Mais le marché maghrébin est le plus proche qui nous évite les problèmes de transport maritime. Nous avons des relations étroites et beaucoup de potentialités et atouts communs (la langue, les traditions, la proximité...). Bien sûr, le marché africain sera l'idéal pour notre économie, sachant que des entreprises tunisiennes installées dans des pays africains ont fait honneur à la Tunisie.
Dans le même contexte, la Tunisie s'emploie à encourager les entreprises tunisiennes à s'internationaliser et aller investir ailleurs, pour pouvoir sortir de cette crise et exporter notre main-d'œuvre.
Nous étions en Algérie, en Libye il y a quelque temps et nous avons demandé qu'il y ait des facilitations (octroi des visas, permis de séjour, autorisation, pour l'investissement...) pour que nos opérateurs puissent se déplacer et établir des partenariats fructueux. Mais tout cela exige une volonté politique qui nous empêche d'accéder à ce marché.
Il faudrait, dans tous les cas, diminuer ces obstacles dus essentiellement à la résistance de certains politiciens pour ne pas ouvrir les frontières.
La situation des hommes d'affaires empêchés de voyage sur de simples présomptions de corruption sans que la justice n'ait tranché pèse très lourdement sur la relance économique. Qu'est-ce que l'Utica peut faire pour trouver une solution finale à cet épineux dossier ?
Ce dossier épineux est devenu notre pain quotidien depuis la révolution. On l'a évoqué maintes fois avec les responsables du gouvernement et la presse nationale, mais en vain.
Je pense qu'il est inadmissible de laisser les gens traîner pendant 15 mois sans aucun jugement, il faut accélérer les procédures. Cette lenteur et ce désistement affectent l'image du pays. On a reçu mille et une promesses jusqu'à aujourd'hui, sans voir une lueur d'espoir. On ne connaît pas la liste des personnes susceptibles d'être poursuivies, ni leur nombre, ni encore les raisons. Nos multiples interventions n'ont pas abouti à des solutions finales, c'est pourquoi, aujourd'hui, moi personnellement, je veux une réponse claire et définitive.
Le pluralisme syndical patronal est désormais une réalité que personne ne peut nier avec l'émergence de la Conect. Quelle est votre appréciation de cette nouvelle réalité ?
Si on veut être démocrate, il faut s'accepter les uns les autres sur des bases solides. Pour le pluralisme syndical, il faut définir d'abord l'organisation patronale. D'après la législation tunisienne et internationale en vigueur, on ne peut s'appeler organisation patronale qu'après avoir organisé son congrès et identifié sa représentativité (secteurs et adhérents). Il faut qu'elle s'acquitte d'une expérience pour pouvoir mesurer sa solidité et son engagement de respecter les dispositions nationales et internationales. Si ces critères existent, que n'importe quelle organisation patronale soit la bienvenue et que sa concurrence aille dans le bon sens.
Aujourd'hui, il n'y a pas une deuxième organisation patronale en Tunisie, il n'y a qu'une seule, c'est l'Utica, la Conect, c'est une association et non une organisation. Notre organisation patronale, vieille de 65 ans, est la seule qui représente les secteurs. Nous signons les accords avec le gouvernement et l'Ugtt, nous sommes membres des organisations internationales, donc la seule organisation syndicale patronale légitime et légale.
Le mot de la fin...
Il faut pousser et tout faire pour sauver ce pays. C'est mon meilleur message. De plus, il faut donner de l'importance à la valeur du travail.


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