Jeunesse, fraîcheur et envie ont eu raison de la lassitude et de l'absence de construction L'Espérance est encore première de la classe, mais elle voit son trône trembler après avoir perdu sa couronne continentale. Mais ce n'est pas tant son actuelle position qui est en cause ou en doute, mais plutôt son capital jeu et confiance. Voilà en effet une équipe qui emportait tout sur son passage il n'y a pas longtemps, mais qui voit vaciller ses fondamentaux pour cause d'une maladroite gestion de l'effectif et des revirements tactiques à cent quatre-vingts degrés. Pour d'autres raisons également que nous essaierons d'expliquer un peu plus loin. Pour sa part, le Club Africain fait aujourd'hui le parcours contraire avec un regain de confiance, un retour au jeu et la libération de la plupart de ses joueurs sur le plan mental et individuel. Le tout sur fond de réglages tactiques et de révision de choix qui font la part belle aux jeunes joueurs, véritables héros du derby de la capitale. Mais comme rien n'est définitif en football, nous attendrons avec curiosité l'évolution des deux équipes où le seul mercato ne constituerait pas la seule surprise. Nous n'écartons pas du reste une de taille, lors des tout prochains jours, et ce en dépit de l'absence quasi-totale de communication, tant au Club Africain qu'à l'Espérance. C'est qu'aux deux parcs de la capitale, le journaliste est tantôt porte-parole officieux de ce qu'on veut bien lui faire dire ou écrire; tantôt manipulé et souvent pestiféré parce qu'il est coupable du crime de lèse-majesté de vouloir exercer son métier. En toute indépendance et en toute objectivité. Il n'est d'ailleurs pas inutile de rappeler à tous ceux qui investissent des milliers de millions et à ceux qui en gagnent des dizaines, que le journaliste n'est pas responsable d'un club, de sa politique sportive, de ses recrutements et de ses choix techniques ou tactiques; mais qu'il est un simple observateur et critique de ce qu'il voit se dérouler devant ses yeux. CA : jeunesse triomphante Et que c'est son métier, son droit et son devoir pour lesquels il est payé dix fois moins qu'un joueur au standing moyen dans un club de la Nationale. Qu'on arrête donc une fois pour toutes cette cabale contre les journalistes et qu'on cesse de manipuler les supporters pour leur faire croire que les journalistes sont responsables des choix d'un président, d'un entraîneur ou du rendement des joueurs! Fermons la parenthèse. Zitouni, Baratli et Hedhli ont été les rois du derby. Ils ont dominé de la tête et des jambes adversaires et coéquipiers. Et si Maher Haddad et Djabou se sont mis en évidence (et même brillé de mille feux pour ce qui concerne l'Algérien), c'est bien grâce au travail de fourmi et parfois d'orfèvre de ce trio qui était relégué au banc des remplaçants il n'y a pas si longtemps. A se demander pour quels motifs ils ont été recrutés... Non seulement ces trois joueurs ont libéré Djabou et Haddad (pas encore Kasdaoui, encore une fois un ton au-dessous), mais ils ont également, par leur travail de couverture, permis à leur axe central et surtout aux latéraux, Souissi et Haddadi, de renforcer l'entrejeu qui domina celui «sang et or» et de faire pression sur les flancs de l'Espérance où Afful et Derbali passèrent un sale après-midi. Ce schéma, ces choix, il fallait juste y penser et l'on félicite Kouki de n'avoir pas insisté sur ceux antérieurs. Comme quoi seuls les imbéciles ne changent pas d'avis... Trois pivots polyvalents, un seul attaquant de pointe, un Djabou en neuf et demi tantôt à droite, tantôt à gauche et tantôt au centre, et enfin un Haddad plus lucide parce qu'il ne veut plus tout faire : voilà aujourd'hui la bonne formule au Club Africain. Mais attention à l'euphorie: tout n'est pas parfait au Club Africain qui a tout de même risqué de se faire rejoindre au score par l'Espérance, alors qu'il pouvait légitimement aspirer à une victoire plus éloquente. Une morale aussi : avec deux joueurs qui n'ont coûté que 50 mille dinars (Hedhli et Zitouni du COT), on peut faire beaucoup mieux qu'avec des recrutements milliardaires. Espérance : un moment délicat L'Espérance a souvent gagné et personne n'a rien eu à redire, tellement sa domination était éloquente. Son classement lui donne encore raison, mais plus son jeu et surtout son revers en finale de la Champions League africaine, et samedi face au Club Africain. Elle paye aujourd'hui le tribut de quelques erreurs, de quelques choix et, samedi face au Club Africain, «l'absence» de son duo de choc N'djeng-Youssef Msakni qui étaient visiblement ailleurs. Il est tout de même anormal qu'un club comme l'Espérance, qui joue sur tous les tableaux, se retrouve à court de choix tant lors de la double confrontation face à Al Ahly qu'avant-hier face au Club Africain. Au niveau des latéraux, de l'axe central et des demis notamment. Sur celui du jeu aussi avec Ragued et Mouelhi «submergés» sur le plan défensif et de la couverture et absents sur celui de la relance et du soutien. Le seul Iheb Msakni ne pouvait assurer construction et soutien, alors que M'hirsi ne savait plus quoi faire : revenir pour soutenir son entrejeu et son latéral ou alors pousser devant pour prêter main forte à N'djeng. Aujourd'hui, l'Espérance a recruté Akaïchi et c'est très bien ainsi, mais les véritables solutions aux problèmes actuels de l'Espérance sont peut-être ailleurs. Dans des pivots à qui on n'a pas appris à aller de l'avant, aux flancs où il n'y a pas de solutions de rechange et à un axe central qui n'a jamais vraiment rassuré. Et ça messieurs, les journalistes n'y sont pour rien!