Les chômeurs et les ouvriers sont les principales victimes de la précarité. Selon le rapport sur la mesure de la pauvreté des inégalités et de la polarisation en Tunisie 2000/ 2010, la pauvreté touche certaines catégories socioprofessionnelles plus que d'autres. Il faut dire que ces catégories se divisent en trois parties majeures: les cadres et les employés, les indépendants et les inactifs. Déjà, cette classification place les inactifs en haut du podium de la pauvreté. En effet, les chômeurs représentent les plus importants indices de la pauvreté au seuil le plus bas en 2010 avec 20,8%. Ce taux, dans une conception plus élargie, s'élève à 40,3%. Aussi, cette catégorie s'avère-t-elle être nettement prioritaire en matière d'interventions indispensables à la lutte contre la pauvreté. Tenant compte des indicateurs relatifs au seuil le plus bas de la pauvreté, l'INS suggère de doter cette population à besoins socioéconomiques spécifiques du taux le plus élevé en matière de priorité devant être accordée à la région dans le traitement de la pauvreté, soit 4,45%. Les chômeurs sont suivis par les autres inactifs, dont la priorité d'intervention est estimée, tant pour les indices relatifs au seuil le plus bas comme pour ceux relatifs au seuil le plus haut de la pauvreté à 0,9%. Après les inactifs, viennent les ouvriers; cette population qui, quoique active, perçoit une faible rémunération par rapport aux efforts physiques qu'elle déploie. Les ouvriers œuvrant dans le domaine agricole sont, en effet, sensiblement touchés par la pauvreté avec un indice de seuil bas de 13,3% et un indice d'un seuil haut de 28,9%. Pour les ouvriers non agricoles, leur contribution absolue à la pauvreté nationale varie entre 2% et 7,1%; un taux qui en dit long sur leur situation économique et sur l'insuffisance notable de leurs revenus en comparaison avec les besoins financiers d'une famille tunisienne. Par ailleurs, les personnes œuvrant dans les secteurs industriel, commercial ou encore dans le secteur des services, comme patrons de petits métiers, artisans ou encore indépendants, nécessitent, toujours, selon le rapport de l'INS, un traitement efficient pour lutter contre la pauvreté. Et malgré leur autonomie professionnelle, les patrons de petits métiers œuvrant dans le secteur industriel, celui commercial ou encore celui des services, contribuent à la pauvreté nationale à raison de 0,6% en termes du seuil le plus haut enregistré en 2010. Il est intéressant de souligner que le taux de pauvreté est étroitement lié au niveau d'instruction du chef de famille. Ainsi, les cadres et les professionnels libéraux supérieurs et moyens ne sont pas vraiment touchés par la pauvreté. Les indices de la pauvreté pour ces deux catégories et leurs contributions à la pauvreté nationales sont nuls pour les seuils bas. En revanche, les familles chapeautées par un chef de famille analphabète représentent 23,4% de la population vivant en dessous du seuil de la pauvreté et 8,4% de la population vivant en dessous du seuil de la pauvreté extrême. Plus le niveau d'instruction du responsable de la famille est élevé, plus le risque de précarité est atténué. Or, si le chômage — qui touche également les diplômés de l'enseignement supérieur — constitue le terrain propice à la pauvreté dans notre pays, la thèse de la corrélation entre le niveau d'instruction et la pauvreté tient -elle réellement?