Les œuvres exposées actuellement dans le hall du centre culturel de Sousse et relevant d'artistes adhérents à l'Union des artistes plasticiens tunisiens (Uapt) varient entre classique et contemporain. L'«éternité» idéale de l'un contraste avec l'incessant devenir de l'autre. Tous deux sont les gestes d'un désir, d'une pensée. Mais la peinture classique vise un monde de représentations, de modèles qui hantent le réel dont il faut les extraire, et par rapport auxquels le réel n'est qu'une copie approximative ou affaiblie. C'est le cas de l'œuvre de l'artiste Zine Harbaoui où sont figurées trois silhouettes de trois enfants se trouvant dans un quartier de la ville mais issus de deux milieux antagonistes, l'un aisé, l'autre pauvre. Une huile sur toile à couleurs bleues et vertes harmoniques, mêlées à des touches ocres et où sont mises en exergue les zones d'ombre et de lumière. Pour la peinture moderne, il s'agit de saisir une causalité, une action, un travail... C'est une peinture qui s'appuie sur l'idée d'un monde inachevé en train de se construire et dont l'œuvre est un témoin passager. C'est un monde différent qui rompt avec les références du classique et qui se voit dans quelques œuvres abstraites exposées qui mettent en valeur une attitude qui s'accommode logiquement des fonds abstraits et des gros plans et qui substituent un espace polyvalent et incommensurable à la vision classique qui était optique et éloignée. C'est le cas des deux photos originales de l'artiste photographe Mohamed El Ayeb. La première, titrée Acier, est une composition de lignes courbes à couleur ocre-rouille, suggérant le mouvement et la dynamique. «C'est une composition graphique suscitant une dynamique créée par des lignes arrondies et un vrai tourbillon que l'acier peut nous suggérer avec toute sa force et son poids», nous a affirmé cet artiste chevronné, modeste et aimable. Sa deuxième photo, titrée Soie, de même conception que la première a trait à la pureté de l'art minimaliste. «Elle est composée d'un graphisme oscillant entre le rouge et le noir. En fait, elle est inspirée d'une trame de tissage évoquant une symphonie chaude méditerranéenne avec beaucoup de romantisme», a-t-il rétorqué. C'est le cas aussi de l'œuvre originale abstraite de l'artiste Khélifi Mahmoud titrée : Le cirque, à technique mixte (acrylique et pâtes). «Mon œuvre relève de l'abstrait, animée par diverses formes géométriques avec des touches de couleurs tournoyantes révoltées, harmoniques et parfois contrastées», nous a-t-il révélé. Le cas aussi de l'artiste Mongi Maâtoug qui a présenté une œuvre titrée Tutoiement, semi-abstraite à couleurs légères, basées sur la transparence, mentionnant des silhouettes gracieuses du corps de la femme, marquées par la dynamique du mouvement et l'esquisse subtile de couleurs tournoyantes. D'autres œuvres n'ont pas manqué d'originalité et d'effort remarquable de création. Elles relèvent des artistes Mahfoudh Selmi, Ali Bergaoui, Amel Hajjar, Khélifa Bradaï, Mohamed Sami B'chir, Imen Souissi, Besma Ben Yahia...