«Le problème isopérimétrique de la reine Didon et ses ramifications mathématiques», tel est le thème de la conférence internationale «Queen Dido Conference», organisée, sous le haut patronage du Président Zine El Abidine Ben Ali, du 24 au 29 mai à Gammarth, par la Chaire Ben Ali pour le dialogue des civilisations et des religions, et la Société mathématique de Tunisie. En guise d'introduction, M. Mohamed Hassine Fantar, titulaire de la Chaire Ben Ali, a souligné que la tenue de cette conférence scientifique en Tunisie constitue une forme d'hommage à la reine Didon-Elyssa, une femme de génie, au caractère «tenace», fondatrice d'une civilisation, Carthage, appelée à rayonner sur toute la Méditerranée. Relatant aux nombreux chercheurs présents, originaires d'une vingtaine de pays, l'épopée, entre mythe et réalité, de la reine Didon- Elyssa, M. Fantar a commencé par indiquer que si les sources disponibles, essentiellement gréco-latines, s'étalent sur quelque 16 siècles (entre le 4ème siècle avant notre ère, et le 12e siècle) , elles ne sont, au mieux, que secondaires. La tâche première de l'historien, a poursuivi l'orateur, consiste par conséquent à retrouver, au-delà de ces palimpsestes, l'histoire originelle, en veillant à distinguer entre la réalité historique et la part du mythe. Or cette tâche se trouve compliquée par «la très haute teneur littéraire» du récit le plus circonstancié de ce mythe, celui de Justin, écrit à une époque où «la narration historique se devait d'adopter le style et la forme de la littérature». M. Fantar a par la suite reconstitué, en trois actes, comme dans une pièce de théâtre, ou dans un triptyque de maître européen, l'histoire de la fondatrice de Carthage. Acte I: Tyr, florissante cité-Etat du Levant, perd son roi; son fils Pygmalion accède au pouvoir, mettant à l'écart sa sœur Didon-Elyssa. Celle-ci est mariée au grand prêtre Acerbas; assassinat par Pygmalion d'Acerbas; fuite de Didon- Elyssa. Acte II: le passage par Chypre, l'enlèvement des vierges, la consultation du prêtre de Jupiter (ou Juno, selon les sources). Acte III: la ruse de la peau de Boeuf, la rencontre avec une délégation de l'ancienne colonie d'Utica, le choix de la localisation de la nouvelle cité, Qart Hadasht, la passion du roi Jarbas pour la princesse de Tyr, et la mort tragique de cette dernière. Le problème isopérimétrique, thème véritable du colloque, a été ce que devait résoudre la reine Didon, quand, selon la légende, elle devait trouver la forme du périmètre donnant la superficie maximale. Ce problème, en ses différentes variantes et ramifications, a été étudié et commenté par des mathématiciens de toutes les époques, de l'antique Euclide aux contemporains Jacobi et Hamilton, en passant par les Ptolémée, Al-Kindi, Newton et Leibniz.