Après la conférence de presse tenue par les deux Premiers ministres tunisien et libyen, à Tripoli, au cours de laquelle il a été annoncé l'ouverture officielle du poste frontalier de Ras Jédir, pour les échanges commerciaux entre les deux pays, l'information a vite circulé et on s'attendait à l'application de la décision prise conjointement sur les lieux, mais en vain. Jusqu'à présent, le point de passage, à Ras Jédir, est toujours fermé, du côté libyen, aux camions chargés de marchandises, dans les deux sens. En outre, les confrontations entre les manifestants et les forces de l'ordre, dans la ville de Ben Guerdane, ont repris de plus belle, l'après-midi, et la situation devrait sûrement dégénérer avec la tombée de la nuit. Incendie de pneus, jets de pierres, bombes lacrymogènes et fermeture des routes...Une panique générale a rapidement gagné la ville et les rues sont désertes. Tant que les camions transportant les marchandises ne sont pas autorisés à franchir la frontière dans les deux sens, les protestataires, qui sont pour la plupart des petits commerçants, ne sont pas disposés, semble-t-il, à lâcher. «Nous voulons une solution radicale à ce point de passage. Qu'il soit ouvert ou fermé définitivement ! Sans ça, nous comptons faire monter la pression», souligne M.Mongi Ch. Hier dans la journée, les confrontations se sont poursuivies par intermittence. Le nombre de manifestants a beaucoup augmenté, en raison de la fermeture des établissements scolaires. En revanche, les forces de l'ordre, malgré les renforts dépêchés des villes avoisinantes, comme Zarzis, Médenine, Djerba et même Gabès, sont parfois débordées, surtout quand les lycéens se sont joints à la foule. Plusieurs commerçants ont fermé leurs boutiques. Des pneus incendiés dans les ronds-points, les grandes avenues et devant les institutions scolaires, ainsi que des jets de pierres et la fermeture des routes, d'un côté, et les bombes lacrymogènes, de l'autre, n'ont pas pris fin. Les manifestants surgissaient de tous les quartiers et leur nombre était considérable. Les tentatives d'intervention de quelques sages de la société civile dans l'espoir d'apaiser la tension et calmer la situation, en attendant le retour de la délégation tunisienne de Tripoli, n'ont pas abouti, malgré les échos prometteurs qui sont déjà parvenus de Libye. Dans les milieux proches de l'hôpital de Ben Guerdane, on parle de six blessés, dimanche soir, parmi les protestataires, mais l'information n'est pas confirmée. En même temps, la situation au poste frontalier de Ras Jédir est stationnaire. Le trafic est lent et les voitures sont autorisées à passer dans les deux sens. Ce n'est pas le cas pour les camions qui sont immobilisés et aucun incident n'a été signalé.