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La Khaldounia, la Zitouna et Cheikh Laâbidi
Patrimoine
Publié dans La Presse de Tunisie le 08 - 01 - 2013

Encore une fois, l'imam Houcine Laâbidi défraie la chronique. De temps à autre, à la manière d'une piqûre de rappel, l'impétueux cheikh nous rappelle son existence. Cette fois, ce n'est pas la mosquée Zitouna qui est le théâtre des événements mais un espace environnant : la Khaldounia, sise au 67, rue El Attarine. Un lieu chargé d'histoire, de culture et d'instruction que l'imam considère comme le domaine de la grande mosquée, donc lui revenant de droit. Portée devant la justice, l'affaire suit son cours. Entre-temps, l'espace est mis sous scellé, non pas par l'Etat, mais par notre cheikh...
Les événements, tels que rapportés par le président de l'association des anciens d'Ibn Charaf, Pr Fethi Gasmi, sont violents et accablants. Au début de la semaine dernière, Cheik Laâbidi, accompagné d'une cinquantaine d'hommes de main, ont agressé Pr Gasmi. Des agressions verbales et physiques suivies d'une expulsion musclée. Des étudiants et étudiantes de troisième cycle, en témoignent les vidéos circulant sur le Net, ont subi à des degrés divers le même sort. S'ensuivront un changement de serrure et le verrouillage des portes. Des affaires et documents privés des occupants et autres habitués n'avaient pu être récupérés.
Sabordage de la mémoire collective
M. Gasmi a porté plainte au poste de police d'El Kasbah, contre cheikh Laâbidi, entre autres, «pour occupation irrégulière des propriétés d'autrui». Le procureur de la République a été saisi. Mais, une grande émotion s'est emparée de la population. La Khaldounia, en référence au savant arabe Ibn Khaldoun, est riche de 20.000 volumes mis à la disposition des chercheurs. C'est aussi le siège social de nombre d'associations scientifiques et culturelles, dont notamment l'association Al-Khaldounia et celle des Etudes internationales. Pour la charge historique que recèle l'espace, pour sa portée symbolique, pour la richesse de son patrimoine livresque, les réactions des artistes, des universitaires et des hommes de culture se succèdent encore. Le sabordage de la mémoire collective du peuple tunisien se poursuit à un rythme soutenu, condamnent-ils.
De son côté, et dans un communiqué de l'Association des études internationales, Dr Moussaddak Besbes apostrophe les autorités, les ministères de la Justice et de l'Intérieur pour qu'ils jouent leur rôle face à ce passe droit, ou encore «ghazawettes» conquêtes, contre tout «esprit libre et académique». La «lapidation de l'inestimable bibliothèque» de la Khaldounia est à craindre.
Sakhr El Materi a subtilisé 3.964 ouvrages
Afin de connaître l'autre version, La Presse prend contact avec Cheik Laâbidi. «L'imam El Akbar» selon son titre, n'y va pas par quatre chemins et annonce d'emblée que la Khaldounia fait partie des «wakf», biens de mainmorte de la Zitouna, et qu'une plainte a été déposée devant le tribunal de première instance, en date du 4 janvier. L'enseignement zeitounien y était dispensé, rappelle-t-il, en 1990, lors de la suspension des cours de la Zitouna et de sa marginalisation, la Khaldounia a été squattée par des associations, s'est-il emporté. Après le dernier verdict pour la relance de l'enseignement religieux, nos enseignants avaient trouvé une salle vide qu'ils ont récupérée à la Khaldounia. Le dimanche 30 décembre, les «chioukhs» voyaient s'entasser des cartons de livres estampillés «Wazaret El Maraef», désignation du ministère des Affaires religieuses au temps de la colonisation. Les livres dans les cartons peuvent dépasser les 7.000 unités, a-t-il détaillé. « Nous avons donc envoyé un comité relevant de la mosquée en plus d'un huissier notaire pour faire le constat sur place. Il s'est avéré que ce sont des manuscrits volés de la bibliothèque de l'espace Ibn Charaf, lequel relève aussi de la mosquée Zitouna », déclare le vindicatif imam Laâbidi.
« Nous sommes allés sur le lieu pour mettre les livres à l'abri, Fethi Gasmi a commencé à crier et gesticuler. Ceux qui se sont attroupés sont les passants et commerçants du souk Al Attarine, personne n'est venu avec moi », s'est défendu l'imam. « Il faut savoir, nous apprend-il encore, que Sakhr El Materi, de son côté, avait subtilisé exactement 3.964 ouvrages de la bibliothèque de la Zitouna. Ceux qui avaient participé au transfert sont prêts à témoigner. Il faut savoir que la bibliothèque de la Zitouna compte 530 mille ouvrages et manuscrits de référence qui ont été volés, accuse-t-il, nous sommes en train de les chercher et les rassembler ».
Voila la version de l'Imam, il nous annonce au gré de l'entretien que la «Mashiakha», le conseil de la Zitouna, compte bien passer en revue tous les lieux qui œuvrent «soi-disant sous la férule des municipalités, distribués aux associations, dont certaines sont manipulées par des partis politiques», a-t-il dénoncé. Un grand lustre offert par la Turquie transféré au palais de Carthage en 1991, appartient à la mosquée, lance-t-il encore.
L'imam compte récupérer tout ce qui appartenait à la Zitouna, il ne s'en cache pas, et rappelle à ce titre le document signé par les ministères le 12 mai, édictant dans son article 9 que «la préservation des propriétés de la grande mosquée relève de la double responsabilité de la mosquée et des autorités». Fort du jugement en faveur de la relance de l'enseignement zeitounien, et de ce document officiel signé par les ministres des Affaires religieuses, de l'Education et de l'Enseignement supérieur, cheik Laâbidi se sent dans son droit de mettre la main sur les «madaress», sur un certain nombre de commerces, sur une grande partie de la rue et des ruelles environnantes. Ainsi, la Zitouna s'érigerait, si jamais ces souhaits étaient suivis de faits, en Etat dans l'Etat.


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