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Est-il encore possible de sauver notre pays ou est-il déjà trop tard?
Opinions
Publié dans La Presse de Tunisie le 09 - 01 - 2013


Par Abou Fayçal*
J'ai appris, avec beaucoup d'amertume et d'inquiétude, par un quotidien de la place, en date du vendredi 14 décembre, que l'usine de Mdhilla, produisant des engrais chimiques, a été contrainte à l'arrêt par suite de l'épuisement des stocks de phosphates. Cette matière première qui approvisionnait le site a toujours été transportée par deux moyens : par camions et par voie de chemin de fer. Si les transporteurs routiers ont fait défaut, c'est suite à une grève des conducteurs de camions. Si le droit de grève est un droit reconnu et respecté, nous comprenons bien cette situation quoique... Cependant, l'approvisionnement aurait pu parvenir par voie ferrée et permettre à l'ensemble des unités de production de fonctionner normalement. Mais voilà que des groupes d'employés des sociétés de l'environnement et des sans-emploi ont observé un sit-in au niveau de la ligne de chemin de fer reliant la gare des trains de Mdhilla, à près de 6 km de la ville, empêchant l'arrivée du phosphate par voie ferrée et bloquant ainsi une importante source de devises, surtout en cette période de vaches maigres. Au lieu d'être un élément productif pour l'économie du pays, cette unité subit, par suite de l'arrêt de ses activités, des pertes financières de près de 130 mille dinars de dépenses fixes par jour. Aucune intervention des forces de l'ordre n'a eu lieu pour dégager ces sit-inneurs de la voie ferrée. Est-il normal de laisser cette pratique se répéter et se perpétuer ? Nous comprenons très bien la situation des uns et des autres et la légitimité de leurs demandes mais est-il concevable que le pays qui, dans quelques jours va entamer sa troisième année post- révolution, continue à naviguer à vue, dans cet océan d'incertitudes et de tornades, sans aucun appareil, sans instruments, sans boussole ? Même si, demain, une solution sera trouvée à ces demandeurs d'emploi, il y aura, le surlendemain et les jours suivants, d'autres Mdhilla et d'autres Siliana à n'en plus finir.
Est-ce que le gouvernement qui doit veiller à ce que l'intérêt national prime sur l'intérêt des individus ou des partis politiques va continuer à laisser faire ces jeunes, aux demandes certainement légitimes, au risque de mettre le pays qui est déjà, en grosses difficultés, complètement à genoux ? Est-ce qu'il va encore fermer les yeux comme ce fut le cas pour l'ambassade des Etats-Unis, et les Américains nous attendent au tournant, ou comme ce fut le cas pour la question du bafouillage du drapeau dont l'auteur n'a écopé que de six mois de prison avec sursis alors que sous d'autres cieux, la sanction minimale serait de quelques années de prison ferme, ou encore comme ce fut le cas pour la violence physique lors du meeting de Nida Tounès à Djerba. Nos concitoyens doivent aussi comprendre que notre pays ne peut plus supporter ces dépassements qui ne font que nuire à notre image de marque, à la sécurité et à la stabilité, et par là même au développement. S' ils ne veulent pas l'admettre, c'est dans cet esprit que le pouvoir, qui aurait dû agir depuis très longtemps, doit le faire immédiatement en déclarant, haut et fort, et avec le maximum de fermeté et de la manière la plus solennelle, que les richesses nationales stratégiques ne doivent, en aucun cas, être prises en otage, pour quelque raison que ce soit. C'est pourquoi le gouvernement ne doit plus tolérer ce comportement égoïste, quitte à employer tous les moyens pour faire cesser ce genre de protestation inacceptable. Ce qui est grave, c'est que le citoyen ne respecte plus personne, surtout qu'il ne ressent plus, qu'il ne perçoit plus l'existence d'un pouvoir public fort, décidé et sûr de lui. Messieurs les gouvernants, cette situation est grave et ne peut perdurer, au risque de nous mener au chaos. Je dis cela parce que j'adore mon pays à qui j'ai donné les plus belles années de ma vie et que j'ai beaucoup de crainte pour lui.
En effet, je discutais, il y a quelques semaines, avec un ami, un ancien ministre, grand patriote et militant de la première heure, sur les fréquents arrêts des unités de production des Industries Chimiques Magrébines. Sa réplique m'interpella vivement: «Quand j'apprends que l'une des unités des I.C.M.est en arrêt forcé, me dit-il, je me demande si je percevrais ma pension le mois prochain !!!». Cela est certainement vrai et inquiétant car nous ne nous sommes jamais posé pareille question, même durant les dernières années de Bourguiba, lorsque l'économie était défaillante et en péril.
Violence et insécurité
De même, est-il encore acceptable que des postes de police, de garde nationale et des sièges de délégations, symboles de l'Etat, continuent, deux ans après la révolution, à être incendiés? Est-il normal et raisonnable que celui qui détient la violence légale la subit sans broncher ? ou plutôt en se cachant pour essayer de «sauver sa peau» ? C'est la honte du siècle. Relisez, messieurs s.v.p., les articles de journaux sur ce qui s'est passé, il y a quelques semaines, en Afrique du Sud, lorsque les employés des mines d'or ont fait grève et ont commencé à emplyer la violence. Oui, cela s'est passé dans le pays du Grandissime Nelson Mandela. Eh bien, la vie a repris son cours, les morts ont été enterrés, et les mineurs sont redescendus dans leurs galeries parce que le gouvernement a pris ses responsabilités sans penser aux prochaines élections et à ma connaissance, aucun policier n'a encore été traduit en justice parce qu'il n'avait fait que son devoir et exécuté les ordres reçus. Voilà comment un gouvernement prend ses responsabilités, toutes ses responsabilités car, non seulement, il y a des limites à tout, mais encore le sens de l'Etat doit prévaloir. Ou alors cherche-t-on l'effondrement de l'Etat et le retour à l'âge des ténèbres?
Messieurs les gouvernants, les forces de l'ordre (policiers, gardes et ceux qui viennent en renfort tels que les militaires ou le douaniers) émanation de l'Autorité légale, elle-même légitimée par les représentants du Peuple, doivent remplir, en tout temps et en tout lieu, leur mission. D'autre part, si elles sont provoquées, elles doivent se défendre avec tous les moyens dont elles disposent sans en demander la permission. Elles doivent aussi interdire, d'une manière permanente, qu'on touche aux symboles de l'Etat ( poste de police, de garde nationale, délégation, gouvernorat et tout bâtiment officiel sur lequel flotte le drapeau national et des représentations étrangères en Tunisie). S'ils ne le font pas, c'est le prestige de l'Etat qui est traîné dans la boue et s'ils ne l'ont plus fait, énergiquement, depuis le 14 janvier 2011, c'est qu'ils ont peur de se trouver, plus tard, traduits en justice et jugés pour les dégâts causés aux assaillants, alors qu'ils étaient tout simplement en mission. C'est pourquoi nous constatons tous une certaine hésitation de leur part lorsqu'ils font face à ces situations délicates. Leurs représentants —les syndicats— ont demandé à plusieurs reprises et continuent de le faire, la promulgation d'une protection, c'est-à-dire, d'une loi qui les protège des poursuites des faits commis alors qu'ils étaient en mission et la mission est et ne peut être que sacrée. D'autre part, faut-il rappeler que ces détenteurs de la violence légale ont tous des familles ( des enfants, des épouses, des mères) et bien qu'ils aient choisi ce métier, noble mais dur et difficile, ils ont été formés, armés et entraînés pour ce genre de mission. Ils ne sont pas des surhommes et ils ont souvent des moments de peur et des périodes de doute comme tout être humain. Et ce à quoi nous ne pensons plus, c'est qu'ils aiment la vie et s'ils ont des devoirs, ils ont aussi des droits comme tout un chacun. C'est pourquoi ils méritent notre estime, notre considération, notre soutien et notre respect parce que, sans eux, notre vie serait un calvaire. Et cela, nous avons tendance à l'oublier.
Est-ce que cette ambiance mi-figue mi-raisin va permettre aux investisseurs étrangers qui, au départ, voulant aider et encourager la Tunisie, le pays de la première révolution arabe, l'initiatrice du printemps arabe, étaient déterminés à venir investir en Tunisie, à se décider à le faire. Le doute est plus que permis car qui peut leur garantir et assurer une sécurité totale et entière pour qu'ils passent à la réalisation de leurs projets. D'ailleurs, l'annulation de la visite de plusieurs responsables occidentaux, dont celle du ministre délégué français chargé du Développement Pascal Canfin, qui sont les meilleures illustrations du changement de comportement de ces grandes puissances à notre égard, doit nous amener à réfléchir et à trouver la solution à ce problème de sécurité, donc de stabilité. Dans ce domaine particulier, celui de la sécurité, notre pays possède des cadres de très grande valeur qui n'étaient d'ailleurs pas des rcdistes, et qui ont été, malheureusement, écartés parce qu'ils ont servi, par le passé, leur pays avec dévouement, abnégation et sérieux. Je suis certain qu'ils n'auraient pas hésité un seul instant à continuer à servir le nouveau régime, donc leur patrie, avec la même volonté, la même sérénité et la même fidélité. Encore une fois, le manque d'expérience des nouveaux dirigeants a été la cause de ce choix qui nous a coûté, et qui nous coûte encore très cher.
Incapacité contre la cherté de la vie
Tant que des lois sévères ne sont pas promulguées pour incriminer ceux qui nuisent aux intérêts économiques de la nation ou s'attaquent aux symboles de l'Etat, le pays ne retrouvera jamais son calme, sa stabilité et sa sérénité et l'heure de la «somalisation» risque de sonner. Alors, il sera trop tard pour réagir et les projets de développement économique et social ne seront qu'un vieux souvenir.
Par contre, pourquoi les pouvoirs publics ne font-ils pas l'effort nécessaire contre la cherté de la vie? Pourquoi la révolution a fait grimper les prix ? Pourquoi on ne s'est pas attaqué aux spéculateurs qui font saigner le pauvre citoyen? Quant à nos produits alimentaires (fruits, légumes et produits laitiers, ces produits laitiers qui, par le passé, ne trouvaient pas preneur) qui passent chez nos voisins en contrebande, leur surveillance peut être mille fois renforcée et aux moindres frais et ce, par l'utilisation de certains moyens techniques et électroniques. Pourquoi ne pas encourager la réalisation de drones dont le prix de revient est à notre portée ? L'Association des anciens officiers de l'Armée nationale peut, grâce à certains de ses adhérents, les brillants anciens officiers de l'Armée de l'air, et en collaboration avec l'E.N.I., réaliser pareil projet qui nous permettra de faire d'importantes économies en hommes, d'une part, et d'autre part d'avoir une surveillance instantanée et des plus efficaces des zones frontalières sensibles. C'est de cette manière, d'ailleurs, que nos programmes de recherche peuvent se développer.
Les informations qui nous sont parvenues de notre voisin du Sud-Est sont loin d'être encourageantes, surtout lorsqu'on apprend l'exclusion de notre pays quant à de la reconstruction de la Libye, pour des motifs subjectifs, alors que l'Egypte en aurait obtenu la part du lion. Cela est incompréhensible compte tenu des relations traditionnelles et historiques entre nos deux peuples d'une part et d'autre part de la symbiose démontrée par nos concitoyens du sud-est lors de l'accueil spontané qu'ils ont réservé aux réfugiés libyens durant leur révolution. D'autre part, s'il est difficile de croire que le gouvernement libyen, souverain dans ses choix et décisions, ait pris pareille mesure d'exclusion, nous comprenons très mal les raisons de ce comportement, d'autant plus que chacun des deux pays représente depuis des siècles, traditionnellement et réciproquement, le prolongement de l'un par rapport à l'autre. Cependant, si ces informations se confirment, cela dénote irrévocablement l'inefficience de notre diplomatie et sa totale absence non seulement sur le plan international mais encore et surtout sur le plan régional et il y aurait lieu de revoir notre copie !
D'autre part, les évènements graves de la région de Feriana et du Djebel Chaâmbi me poussent à inviter nos responsables à réfléchir aux conséquences des décisions prises parfois à chaud, sous la pression de la rue, et à procéder d'abord à la perception des avantages et des inconvénients de chacune d'elles avant d'agir. Il s'agit, en fait, des malheureuses et irréfléchies mesures du premier ministre de l'Intérieur post-révolution qui a, purement et simplement, dissous un organisme institutionnalisé par tous les pays du monde, chez les grands comme chez les petits, chez les riches comme chez les pauvres, chez les puissants comme chez les faibles, un organisme qui est à l'écoute de tous ceux qui, très loin de nous, planifient pour déstabiliser notre pays et lui porter toutes formes de nuisances. En fait, il représente les yeux et les oreilles du gouvernement au-delà de nos frontières. Cet organisme qui va chercher les renseignements de ces groupuscules de malheur, là où ils se trouvent, est chargé d'une fonction très délicate, très importante et très difficile, celle de «la sûreté de l'Etat». Sous d'autres cieux, notre brave ministre devrait rendre des comptes car on ne dissout pas, d'un trait de plume, un service aussi vital pour l'Etat avec, pour le moins qu'on puisse dire, autant de facilité et de rapidité. J'espère que le gouvernement actuel remettra en place ce service, délicat certes, mais indispensable à la sauvegarde de la sûreté de l'Etat tunisien et dont on ne peut, sous quelque motif que ce soit, se passer. Que Dieu veille sur notre pays.
*(Ancien cadre supérieur, diplômé de l'Institut de défense)


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