Le pacte social, qui doit se baser sur un consensus entre les différents partenaires sociaux, constitue un élément important pour le développement de la productivité au sein de l'entreprise. Ce pacte doit consacrer la confiance entre les partenaires sociaux et l'administration et entre les travailleurs et les chefs d'entreprise. Compte tenu de la conjoncture nationale et internationale, plusieurs contraintes sont, aujourd'hui et certainement demain, posées à l'entreprise, appelée à conquérir de nouveaux marchés, à fidéliser les clients et à faire preuve de façon permanente d'innovation, de recherche et de créativité pour pouvoir se positionner sur le marché international. Certains chefs d'entreprise doutent, cependant, de l'impact d'un tel pacte sur l'amélioration de la productivité et la paix sociale. Pour M. Ben Selma Fredj, dirigeant à Cesafe Aero, «la question qui se pose est : quelle stratégie faut-il suivre pour relever les défis sociaux actuels de la Tunisie et relancer l'économie?» Et de répondre : «Aujourd'hui, la prise de conscience de toutes les Tunisiennes et de tous les Tunisiens de la nécessité de relancer, au plus vite, l'économie nationale qui seule permettra de créer des emplois et d'engager des réformes structurelles pour remédier aux disparités régionales et sociales, attend d'être traduite par un passage à l'action pratique sans perdre trop de temps dans le dialogue entre les différentes parties. Cette action passe par la création d'une forte institution de suivi pour son application au niveau national.» «Une logique libérale» «Vu l'absence d'un cadre opérationnel de dialogue, les citoyens(nes) s'engagent à œuvrer pour entreprendre les réformes économiques et sociales nécessaires à la paix et à la stabilité sociales ainsi qu'à la prospérité économique.» Parlant de l'expérience des pays en transition politique, sociale et économique, Ben Selma indique que «seul un dialogue tripartite effectif entre le gouvernement et les partenaires sociaux permettra de garantir la stabilité sociale et relancer la machine économique, mais en Tunisie post-révolution, avec ce niveau très élevé du chômage et des revendications sociales traduites en sit-in et grèves répétés qui ont ralenti l'activité économique déjà affectée par les changements politiques observées en 2011 et en 2012 et la régression économique dans la zone Euro, en se basant sur cela, il serait à mon avis nécessaire de passer à l'action par un pacte en faisant participer toutes les organisations syndicales des travailleurs et des employeurs à cette action. Il est important de s'assurer de leur adhésion à un projet qui est en rapport direct avec la situation économique et sociale dans le pays et qui vise à mettre en œuvre une charte où chacun jouit de droits naturels dans une logique libérale et dans le respect de l'intérêt général». Une institution de suivi semble également nécessaire : «Parallèlement , il faudrait penser à la création d'une institution de suivi où participeront toutes les organisations syndicales, des travailleurs et des employeurs, dont le rôle serait de s'assurer de l'application du suivi par les acteurs actifs concernés par la réalisation de projets qui sont en rapport direct avec la situation économique et sociale dans le pays. Cette institution de suivi visera donc à définir les points forts et les points faibles auxquels il faut remédier. Ce pacte social doit donc répondre à des éléments auxquels les Tunisiens(nes) sont attachés : en premier lieu, le système de santé suivi de l'accès à l'emploi, le système syndical, le système de retraite, l'égalité des chances, le système de protection sociale, le dialogue social et enfin les services publics». Cependant, beaucoup de défis se profilent à l'horizon. Et notre dirigeant d'expliquer : «Les Tunisiens (nes) s'inquiètent : l'économie est menacée. Le gouvernement, l'ANC et les partis politiques en sont les principaux responsables. Et je considère qu'un tel pacte constitue l'un des fondements capables d'ouvrir les portes à un environnement économique et social sain et propice à la promotion des investissements et à la création d'emplois». «Période de stagnation» Selon M. Sami Fatnassi, chef d'entreprise, Servi-Pro : «Avant tout, je vous annonce, comme économiste et politicien, que ce pacte national n'est qu'une prise de position de force dans la scène politique tunisienne, entre la Troïka (les islamistes et leurs sympathisants) au pouvoir et ses opposants (la gauche), afin de chercher en premier lieu à atteindre l'équilibre perdu par les résultats inattendus des élections de la Constituante. En deuxième lieu, et après qu'ils se positionnent, et suivant leur poids politique; s'ils ont le même poids ou presque que la Troïka, ils vont prendre leurs parts dans le gouvernement, s'ils ont un peu plus, c'est le K.-O pour la Troïka, si au contraire ils restent dans la position actuelle, c'est le K.-O définitif pour eux». Il en résulte que le futur proche de la Tunisie reste encore incertain, et il y aura encore des conflits entre les opposants. Donc la situation actuelle du pays va connaître une autre période de stagnation ou même de recul jusqu'aux prochaines élections; on pourra ensuite peut-être parler de productivité et de relance économique. Pour que les vainqueurs montrent au peuple qu'ils méritent d'être élus. Comme l'a fait le président déchu au cours des premières années de son pouvoir afin d'accéder à un deuxième mandat présidentiel, et ainsi de suite... Et nous restons toujours un peuple sous tutelle de l'Occident et maintenant on aura d'autres tuteurs des pays du Golfe (surtout le Qatar), qui cherchent à nous soumettre, par des aides, dons et crédits qui ne peuvent être que des cadeaux empoisonnés pour nous obliger à prendre telle ou telle décision interne (nationale) ou externe (sur la scène internationale) suivant leurs besoins. Pour notre chère Tunisie, il nous manque un pouvoir politique pris par un peuple souverain dirigé par des hommes souverains qui savent très bien où nous en sommes et où nous voulons aller. Bref, nous en sommes un peu loin.