Les travaux de restauration démarrent aujourd'hui Décidément, rien ne semble plus arrêter les apôtres de la violence qui sévissent désormais au vu et au su de tout le monde. L'incendie criminel qui a ciblé, samedi dernier, le mausolée de Sidi Bou Saïd s'inscrit bien dans une série d'actes répréhensibles et inadmissibles qui ont visé, tout au long de l'année 2012, plusieurs mausolées et zaouias. Les auteurs de ces actes qui courent toujours, bien que des enquêtes policières et judiciaires aient été ouvertes à leur encontre mais restées sans résultat jusqu'ici, justifient leur comportement par le fait que «la vénération des marabouts est contraire à l'Islam et constitue une hérésie pure et simple à laquelle il faut mettre un terme par tous les moyens, y compris l'incendie, la destruction des différentes composantes de ces mausolées et l'intimidation des gens qui y assurent l'entretien et ceux qui leur rendent visite régulièrement». Une vision bien étrangère au legs civisationnel et culturel de la Tunisie, terre d'Islam, de tolérance, de dialogue et des lumières. D'ailleurs, les différents actes criminels qui ont déjà ciblé les mausolées de Saida El Mannoubia, de Sidi Ahmed Assila au Bardo, et de Sidi Abdelaziz à La Marsa (pour ne citer que ceux qui ont bénéficié d'une certaine médiatisation alors que d'autres ont été saccagés dans le silence total) ont suscité des réactions d'indignation forte et ferme de la part aussi bien des autorités publiques que de l'ensemble des Tunisiens s'estimant touchés profondément dans leur identité et leur personnalité. Pas plus tard qu'hier, la présidence de la République a réagi avec vigueur «à l'incendie criminel de Sidi Bou Saïd, un monument culturel et religieux de patrimoine national». Tout en s'engageant à restaurer le mausolée, dans les plus brefs délais, la présidence de la République appelle, dans un communiqué diffusé, hier, «à déployer tous les efforts nécessaires pour arrêter les criminels et faire preuve de vigilance pour protéger le mausolée de Sidi Bou Saïd et tous les autres monuments». La présidence de la République souligne également que «les auteurs de ce crime cherchent à perturber le paisible village de Sidi Bou Saïd, à provoquer ses habitants et à porter atteinte à la culture du pays dans sa dimension historique». De son côté, le ministère de la Culture estime que l'agression perpétrée contre le mausolée de Sidi Bou Saïd constitue «un crime à l'encontre du patrimoine national matériel et immatériel». D'autre part, le ministre de la Culture, Mehdi Mabrouk, s'est rendu sur place, samedi dernier, pour constater les dégâts subis par le mausolée. «Les experts de l'Institut national du patrimoine, précise une déclaration du ministère dont une copie est parvenue à La Presse, engageront les travaux de restauration le plus tôt possible afin de préserver la valeur patrimoniale du mausolée et sa vocation culturelle et touristique». Ces travaux démarreront aujourd'hui, a annoncé Mehdi Mabrouk. Quant aux causes de l'incendie, elles sont toujours inconnues. Les investigations sécuritaires ont déjà démarré et on est dans l'attente des résultats auxquels elles aboutiront. Il reste aussi que les associations et organisations de la société civile se doivent d'appuyer les efforts des autorités dont en premier lieu le ministère de la Culture afin que la préservation de ce riche patrimoine cher à tous les Tunisiens soit une responsabilité collective. Quant au ministère de l'Intérieur, il vient d'annoncer qu'«un plan d'action sera mis en place en partenariat avec le ministère de la Culture pour protéger les monuments historiques».