Ennahdha refuse toujours que les ministères de souveraineté soient concernés par le prochain remaniement Rebondissement de dernière minute de la part du CPR à propos du prochain remaniement ministériel dont l'annonce est prévue pour le 20 courant, selon les dernières déclarations de Rached Ghannouchi, président du mouvement Ennahdha. Imed Daïmi, membre du bureau politique du CPR et directeur de cabinet du Dr Moncef Marzouki, président de la République provisoire, vient de déclarer que «le congrès exige que le remaniement englobe les ministères de souveraineté et qu'en cas de refus d'Ennahdha, nous nous retirerons de la Troïka». Ce bras de fer est-il annonciateur de l'échec des négociations et des consultations menées par le chef du gouvernement avec les partis composant l'alliance au pouvoir et qui sont sur le point d'aboutir, comme le font entendre plusieurs sources proches de Hamadi Jebali ? Comment les partis politiques réagissent-ils à ce revirement surprenant de la part du CPR quand on sait qu'il était, au départ, contre l'idée de l'élargissement de l'équipe gouvernementale, estimant qu'il n'y avait pas de raison d'y introduire de nouveaux membres ? Un nouvel esprit salvateur Mohamed Bennour, porte-parole d'Ettakatol, refuse de se prononcer sur les déclarations de Imed Daïmi se contentant de relever : «Ce n'est pas notre démarche à nous. Toutefois, nous respectons les positions du CPR». Il ajoute : «Au sein d'Ettakatol, nous estimons que nos deux partenaires au sein de la Troïka sont conscients que les attentes du prochain remaniement sont grandes et que le changement dans la prochaine formation gouvernementale doit être convaincant et rassurant. Il est appelé à apaiser les tensions et à constituer l'amorce d'un état d'esprit qui puisse donner un nouvel élan à l'action gouvernementale et conduire à la réussite de la deuxième étape de la transition démocratique». «D'autre part, tient-il à souligner, notre parti est convaincu que ses choix exprimés le 15 octobre 2011 sont toujours valables et que la situation idoine pour la Tunisie passe par un large consensus et un gouvernement d'intérêt national. Aujourd'hui, nous nous réjouissons que des partis de l'opposition rejoignent ce choix qui s'avère de plus en plus salutaire pour l'intérêt supérieur de la patrie». Mohamed Bennour révèle également que «Hamadi Jebali, chef du gouvernement, devrait rencontrer, demain, les trois présidents de la Troïka au pouvoir pour les consulter sur les portefeuilles ministériels qui seront touchés par le remaniement et leur proposer ses choix à propos des ministres qui seront désignés dans la prochaine équipe gouvernementale». Le consensus est notre destin Quant à Ajmi Lourimi, membre du bureau exécutif d'Ennahdha, il insiste sur le fait que «les partis de la Troïka sont entrés dans un processus d'évaluation du rendement de tous les ministres de l'alliance au pouvoir, qu'ils appartiennent au CPR, à Ettakatol ou à Ennahdha, un processus dans lequel nous nous sommes engagés, sans aucune condition préalable». «L'action entreprise par la haute coordination de la Troïka a pour objectif principal de parvenir à un consensus, et nous considérons qu'il est possible d'y arriver. Le chef du gouvernement consulte, à l'heure actuelle, tous les partis de la Troïka et écoute, dans l'impartialité totale, leurs avis». A propos de l'appel lancé par Imed Daïmi sur la nécessité d'introduire les ministères de souveraineté dans le prochain remaniement, Ajmi Lourimi est on ne peut plus clair et transparent : «Tout est sujet à discussion. Toutefois, il faudrait préciser qu'au départ le CPR n'était pas chaud pour l'idée de l'élargissement de l'alliance au pouvoir et jugeait le rendement du gouvernement acceptable. Ses dernières exigences ne nous sont pas parvenues officiellement, et si un parti de la Troïka trouve que ce qui a été discuté ou proposé jusqu'ici ne satisfait pas ses bases, il peut toujours proposer sa vision». «A la Troïka, nous sommes toujours des partenaires et non des rivaux cherchant chacun de son côté à imposer ses vues. Pour nous, l'essentiel, ce n'est pas les portefeuilles ministériels, mais bien le consensus», ajoute-t-il. «La réduction du nombre des ministères concernera les trois partis composant la Troïka. Nous sommes conscients qu'aucun parti ne peut aujourd'hui gouverner la Tunisie tout seul. Si notre objectif commun est la réussite de la transition démocratique, nous sommes condamnés à travailler ensemble. D'où la nécessité pour tous les partis politiques d'assumer pleinement leur mission d'encadrement et de conscientisation de leurs bases quant à la nécessité de gagner les enjeux inhérents à la réussite de la transition démocratique». Le conseil national du CPR tranchera Contacté pour en savoir plus sur les déclarations de Imed Daïmi, Samir Ben Amor, conseiller auprès du président de la République provisoire, Moncef Marzouki, et membre du Conseil national du CPR, est catégorique : «C'est la position officielle du parti et nous l'avons déjà transmise au mouvement Ennahdha qui refuse toujours que les ministères de souveraineté soient concernés par le prochain remaniement». Samir Ben Amor annonce, d'autre part, que le Conseil national du Congrès pour la République se réunira, samedi prochain, «en vue d'entériner cette position ou peut-être la modifier dans la mesure où le dernier mot lui revient».