Les conclusions préliminaires du FMI suite à une mission du 12 au 20 novembre 2012 à Tunis ne sont aucunement rassurantes. Le rapport laisse entendre justement que l'économie tunisienne n'arrive pas à retrouver un rythme de relance assez encourageant. Elle semble encore très mal outillée au triple niveau structurel, financier et «professionnel». En effet, après une année 2011 totalement catastrophique, 2012 s'est avérée également difficile, malgré quelques éclaircies, qui restent tout de même insignifiantes. On parle ainsi d'une baisse, trop timide, du taux de chômage , qui est passé de 18,9% à 17, 6%, alors que celui des jeunes se situe encore aux alentours de 40%. Cette légère régression du chômage revient certainement au «rétablissement progressif du stock d'emploi dans certains secteurs tels que le tourisme et les industries manufacturières», comme l'atteste le rapport du FMI. Selon le FMI, la difficulté de l'économie tunisienne à trouver ses repères de reprise est manifeste à plusieurs niveaux. Il est question d'abord d'un taux d'inflation régulièrement à la hausse avec 5,6% au terme de l'année 2012, en dépit de la rigidité de la politique monétaire imposée par le gouvernement provisoire. Il est question aussi d'un déficit des transactions extérieures courantes qui continue de se creuser. Le FMI précise à ce propos que «les difficultés économiques dans la zone euro ont pesé sur la demande extérieure des biens tunisiens, textile et matières premières industrielles surtout, alors que les importations progressent dans la plupart des secteurs». On parle surtout d'une hausse de 30% des importations des matériels de transport et d'énergie au cours des 9 premiers mois de l'année 2012. Ce qui va aggraver encore plus le déficit du compte courant qui serait, selon les projections du FMI, de 8,3% pour toute l'année. Le rapport relève d'un autre côté une certaine stabilité du «niveau des réserves officielles de change au dernier trimestre de 2012». L'on estime toutefois que le volume des IDE, les prêts bilatéraux et multilatéraux et l'accès aux marchés de capitaux n'ont pas réussi à couvrir le déficit commercial lors des dix premiers mois de 2012. L'on pense également que la politique « budgétaire a été moins expansionniste » que prévu, en raison certainement de la bonne tenue des recettes fiscales. Les dépenses totales à fin septembre ont de leur côté diminué de 3% par rapport à la même période de l'année 2011. Une régression qui s'explique elle-même par «la baisse des investissements publics (-21%)». Face à tous ces indicateurs, le rapport du FMI estime que les perspectives de l'économie tunisienne pour l'année 2013 peuvent être à risques, notamment à court terme, en raison d'une conjoncture plutôt défavorable et d'un marché économique mondial totalement incertain. De ce fait, l'on pense que «la récession en Europe, la conjoncture mondiale morose et l'attentisme des investisseurs étrangers pèseraient sur le marché». A ce niveau-là, le chômage resterait élevé, le taux d'inflation se situerait aux alentours de 5%, et le déficit du compte courant demeurerait de son côté élevé avec 8% du PIB. L'on pense aussi que la «croissance faible en Europe continuera d'entraver une reprise des exportations, tandis qu'un rebond de la demande intérieure alimentera les importations». Ainsi, toujours selon le FMI, «et en dépit d'un appui extérieur estimé à environ 2 milliards de dollars, les réserves brutes diminueraient à 6,9 milliards de dollars, soit environ 90 jours d'importations». Reste que malgré ces projections pessimistes, le FMI n'exclut aucunement une possible croissance économique de 3,5%. En effet, le bon comportement de la production agricole, le rebondissement du tourisme qui devrait retrouver sa performance de 2010, et la dynamisation des IDE sont autant de facteurs qui pourraient justifier cette éventuelle croissance.