Le secrétaire général du Parti des patriotes démocrates unifié, Chokri Belaïd, a été assassiné hier matin, devant chez lui, à El Menzah VI. Quatre balles lui ont ôté la vie et meurtri toute une nation. La Tunisie a-t-elle basculé dans l'horreur ? Les Tunisiens, non habitués à ce genre d'actes terroristes odieux, ont été abasourdis par la nouvelle, mais sont sortis crier leur indignation et exprimer leurs craintes de voir le pays s'enliser dans une spirale de violence et d'assassinats politiques et, par là même, verser dans l'horreur. Au lieu de renvoyer une image qui pourrait servir de modèle aux nouvelles démocraties arabes, la Tunisie, qui est en pleine phase de transition démocratique, a pris en un clin d'œil l'allure d'une grande arène de gladiateurs où les factions politiques à l'appétit immodéré pour le pouvoir sont prêts à croiser les armes et à tirer à balles réelles. Le peuple, qui voit déjà se profiler au loin la menace d'une nouvelle autocratie religieuse, a dit hier son mot. Les manifestations et les rassemblements qu'ont connus toutes les régions du pays n'ont pas été de simples rencontres entre citoyens venus vider leur sac lacrymal. C'était plutôt un coup de semonce à même de réveiller de la nirvana les responsables et de leur rappeler les devoirs qui leur incombent. Car le temps n'est plus aux tergiversations politiques pour un pays secoué par une conjoncture économique dramatique et sur lequel plane l'ombre de la terreur. Le peuple s'attend à une inflexion majeure qui tranche définitivement avec la dictature et qui ouvre la voie à une vraie démocratie généreuse de défense des libertés fondamentales, et qui ferait entrer la Tunisie dans une modernité constitutionnelle, celle-là même à laquelle aspirait Chokri Belaïd, l'homme qui a vécu en militant et qui est mort en martyr.