Les vagues soupçons ont évolué, au fil des ans, en doutes solides, pour devenir vérités ; des vérités claires comme l'eau de roche : la chaîne « Al Jazeera » est au service de l'Emir du Qatar et de ses alliés, ainsi que de leurs agendas, qu'ils soient déclarés, occultes ou louches. Et pour cela, tous les moyens sont bons ; de la manipulation aux images truquées, des entretiens orientés aux témoignages à l'avance sélectionnés. Peu importe la déontologie et au diable l'honneur. Que d'évènements et d'informations ont été tus, ou du moins minimisés, quand ils ne servaient pas Cheikh Hamad, et que d'autres ont été gonflés ou même déformés, lorsque les desseins de ce dernier le nécessitaient ! L'objectivité dont faisait — et fait — preuve cette chaîne dans son traitement des sujets qui ne concernent pas son «maître» n'est qu'un trompe-l'œil pour la parer d'une certaine crédibilité. Aussi des frasques, en a-t-elle commis à ne plus les compter, mais hier elle a dépassé toutes les limites, osant passer au sacrilège. Se permettre d'apposer aux images des funérailles nationales pour les obsèques du martyr de la dignité et de la liberté Chokri Belaïd, et qui restituaient la grogne du peuple contre la Troïka au pouvoir et leur refus catégorique d'un retour en arrière de la démocratie, une bande son d'une autre manifestation qui se tenait devant le siège de l'ANC, avec des slogans laudatifs à l'instar du « Echaâbou mouslim wa la yastaslim » (Le peuple est musulman et ne se résignera pas) ou encore « Berrouh beddam nefdik ya Nahdha » (avec le sang et au prix de nos vies, nous te défendons Ennahdha), revient à fouler aux pieds les principes élémentaires de la déontologie, pour essayer de flouer l'opinion internationale et montrer que les protégés du «maître» de la chaîne, ceux-là mêmes que le martyr combattait, pour leur extrémisme et leur obscurantisme, étaient présents. Cela revient surtout à assassiner une deuxième fois Chokri Belaïd, à profaner sa mémoire et à souiller son dernier moment sur terre. Le peuple tunisien n'est pas dupe et sait mesurer l'ampleur et la grandeur de ces funérailles et les slogans que les Tunisiens ont scandés et qui mettent au pilori la Troïka. Le recours à ce genre de manigances médiatiques prouve que la riposte, par le déploiement sur le terrain de centaines de partisans de la Troïka pour contrecarrer les manifestants par des marches de soutien au régime en place, par des aubades stériles, a été un coup d'épée dans l'eau. Mais là où le bât blesse, c'est que ce viol médiatique a eu comme cadre d'évènements le carré des Martyrs. Ce qui a viré au sacrilège. Honte à toi Al Jazeera !