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Contre l'oubli, la mémoire
Vendanges :
Publié dans La Presse de Tunisie le 14 - 02 - 2013


Par Hamma HANACHI
Semaine chargée en émotions, trop chargée. Un lâche et vil assassinat, colère, ressentiment, un enterrement digne des grandes cérémonies historiques, Martin Luther King ou Nasser. Des pleurs et des fleuves de larmes, un univers où les femmes en état de choc et de transe ont partagé le deuil au cimetière. Hommes et femmes côte à côte, étouffés par la douleur, plus que jamais résolus à combattre le mal, à défendre la démocratie jusqu'au bout. Et une veuve, humaine, forcément humaine et décidée à prendre le relais dans la lutte, elle clame haut qu'elle poursuivra le combat à venir, sans concession. Mère courage, sa voix a été entendue partout et sa photo a vite fait le tour du monde. Plateaux télé au seuil de l'explosion, des expressions de compassion, au bord de l'abattement, des yeux qui brillent, des paroles claires, des balbutiements, une idée en commun: le refus de la violence. Chokri Belaïd, plus qu'un héros, un martyr, vivant il dérangeait, mort il est sur toutes les lèvres, par temps calme ou agité, son image ne nous quitte plus.
Au nom de la politique, les chefs de partis démocratiques, les responsables, ses amis, son frère, son père, ses proches, ses alliés, compagnons de route et camarades ont tout dit sur les qualités du martyr, son engagement, son patriotisme et ses vœux, ça continue. Faut-il en rajouter ? Absolument et sans hésitation. Populaire, il le fut et personne ne contestera son soutien aux causes du peuple, pragmatique, il est de ces militants permanents, partisans de ceux qui ont choisi la démocratie directe chère à Rousseau et du philosophe contemporain Alain Badiou. Son soutien aux ouvriers du bassin minier, aux manifestants de Sidi Bouzid et Gafsa a fait de lui le complice, l'ami qui fait corps avec le peuple d'en-bas, au point que le pouvoir en place l'accuse d'être derrière les marches de Siliana, alors qu'il était à Casablanca. Un justicier sans masque et sans autre arme que le verbe, l'action et la conviction.
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Hôte de marque, Jean-Luc Mélenchon. Figure en vue, qui compte dans le paysage politique français et européen, bouillonnant candidat aux élections présidentielles, au nom du Front de Gauche. Salle archicomble de la Maison de la Culture Ibn-Rachiq, si bien que beaucoup de jeunes, des militants de partis de gauche, évidemment, s'étaient assis serrés les uns contre les autres dans les couloirs de passage et les escaliers.
Conférence de l'invité Eco-socialisme, sous-titrée Un nouvel horizon pour le progrès humain. Un tour d'horizon : la population mondiale a doublé, une urbanisation effrénée, une demande de plus en plus forte de matières premières, réchauffement climatique, catastrophes en série, une infime couche sociale détient et exploite les richesses, bref, le monde va mal. On connaissait la fracture sociale, thème de campagne électorale de Jacques Chirac, Mélenchon, lui, propose le concept de bifurcation. Il donne un exemple pour illustrer le phénomène : «Le cas d'un conducteur de voiture qui roule assez vite, une guêpe le pique, il bifurque et c'est l'accident inévitable». L'économie libérale et néolibérale est dans le cas du chauffeur, la guêpe représente les soulèvements. Les émeutes de nos jours sont nombreuses, elles sèment en Grèce, en Espagne, au Portugal, en Italie, sur le flanc sud de la Méditerranée, c'est la révolution en Tunisie contre les kleptocraties des familles, en Egypte, en Libye.
Mélenchon, qui, au passage, rend hommage à Chokri Belaïd, «...le Front de gauche bénéficiera de son expérience», distingue plusieurs bifurcations du système capitaliste dont la folle giration des capitaux, la rapacité et la dérégulation des marchés, l'émission excessive de dollars, les privatisations à outrance des sociétés nationales qui mettent des milliers de travailleurs au chômage ou en situation de précariat, joli néologisme, composé de précarité et prolétariat, et on en passe. L'Histoire lui donnera-t-elle raison ? «Tôt ou tard, le système libéral s'écroulera», annonce-t-il.
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Résistance, luttes, émeutes ou révolutions, démocratie directe ou indirecte, Alain Badiou, esprit radical, qui saluant les révolutions arabes a publié un essai sur le sujet, Le Réveil de l'histoire (Lignes). Où il est question d'émeute immédiate «localisée dans le territoire», telles celles des quartiers de Paris ou de Londres et d'émeute historique comme celle de la place Ettahrir ou de Tunis. Celle-ci a abouti aux victoires démocratiques en Egypte et en Tunisie.
Une crainte cependant caresse l'esprit du philosophe de la gauche radicale, le danger qui guetterait ces révolutions : que la demande de libération se transforme en «désir d'Occident». Désir d'Occident? C'est le désir intégré au monde «civilisé» que les Occidentaux sont certains de représenter. L'Histoire continue.


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