La plaisance tunisienne accueille bientôt un nouveau-né très attendu. Il s'agit du port de plaisance relevant du projet de la «Marina de Bizerte» qui sera fonctionnel à partir de juin prochain. La nouvelle a été annoncée, hier, par Moez Ben Zid, président du conseil d'administration du projet, dans le cadre d'une journée portes ouvertes, tenue à Bizerte, sur l'état d'avancement des travaux du projet et ses retombées économiques sur toute la région. Une nouvelle qui a suscité une grande joie chez certains et des réactions négatives chez bien d'autres. Couvrant la totalité de 35 ha de plan d'eau, avec 5.000 mètres de quais, ce port de plaisance offrira, selon M. Ben Zid, plus de 800 anneaux (places pour les bateaux), dont 72 prévus pour des « Super Yachts » (bateaux supérieurs à 25 m et pouvant atteindre 180 m). Parmi les composantes du projet, un complexe résidentiel «Nautilus» de 280 appartements «haut standing» qui sera doté de plusieurs services hôteliers : conciergerie, piscine chauffée, fitness, sauna, etc. En plus d'une croisette, où on peut trouver restaurants, cafés, yacht club, galeries d'art et un parking souterrain d'une capacité de 500 places. Le tout, en harmonie, selon la même source, avec l'architecture de la ville de Bizerte. S'y ajoutent également deux chantiers navals à Zarzouna et Menzel Abderrahmane bien équipés afin d'offrir les services nécessaires et de qualité aux plaisanciers. S'attardant sur les impacts économiques du projet de la Marina de Bizerte sur la région, il a fait remarquer qu'il a permis de créer 250 postes d'emploi, dont 90% à Bizerte, durant la phase des travaux. En phase d'exploitation, il générera 150 postes d'emploi au niveau du port de plaisance, 40 postes d'emploi au sein du complexe résidentiel «Nautilus», 120 postes d'emploi directement liés à la Croisette, 600 postes d'emploi dans les chantiers navals susmentionnés et près de 7.000 emplois indirects relevant des prestations rendues aux plaisanciers. Le projet «Marina Bizerte», jouera également un rôle de premier plan, a ajouté M. Ben Zid, dans l'amélioration de l'infrastructure de la ville, avec la réalisation d'une station de désalinisation et l'amélioration du réseau électrique. Tout autant qu'il contribuera à la construction d'un 2e pont d'accès à Bizerte et à la création d'un fonds de développement régional dédié aux prises de participations dans les projets de développement relatifs au secteur de la plaisance haut de gamme dans la région Bizerte-Tabarka. Entre promoteurs et opposants Comme l'a fait observer le même interlocuteur, l'entreprise promotrice du projet a été très déçue par l'absence d'encouragements de la part de l'Etat et ce, en ayant fixé le coût de revient pour l'acquisition et la réalisation de la Croisette commerciale à 950D/m2. Dans la même perspective, on a noté que l'entreprise paye les droits de concession, alors que les terrains sont toujours occupés par les anciens locataires et que la Steg a refusé d'aménager les échéances relatives aux frais d'équipement des lieux en réseaux d'électricité. Toujours dans le contexte des démarches dissuasives adoptées par les autorités concernées, le président du Conseil d'administration du projet a indiqué que «Marina Bizerte» a vainement déposé plusieurs demandes, auprès du ministère du Tourisme, pour l'octroi des avantages prévus pour encourager «un projet porteur et vital pour la croissance économique de la région de Bizerte». Il a, ensuite, émis les réserves de l'entreprise au sein de laquelle il évolue, par rapport aux nouvelles demandes concernant les frais d'occupation des voies publiques et aux procédures pénales adoptées par les associations locales contre les promoteurs. Des réclamations manifestement désapprouvées par certains militants du tissu associatif qui ont assisté aux travaux de ladite journée portes ouvertes. Pour eux, le projet constitue un danger réel pour la survie du vieux port qui demeure un symbole à la fois architectural et civilisationnel de la ville. L'autre indignation formulée par un architecte relevant de la délégation spéciale de la mairie de Bizerte a concerné le fait de renoncer à la construction d'un hôtel 5 étoiles pour se contenter de quelques appartements qui ne feront qu'entraver la beauté des lieux pour ne rien percevoir en contrepartie. «Sacrifier une vue panoramique et une architecture typique au profit d'un grand projet porteur, je veux bien l'admettre, mais le faire pour permettre aux promoteurs de doper leurs recettes aux dépens de tout un patrimoine est à l'évidence synonyme de naïveté et de laxisme de la part des habitants», a-t-il argué.