«Coupable» d'une performance historique face à Federer, Jaziri est, encore une fois, en point de mire Ce que vient de réussir Malek Jaziri au tournoi de Dubaï relève de l'énorme performance sportive. Et cela seuls ceux qui n'ont rien à voir avec le tennis l'ignorent. Notre joueur, qui essaye de revenir à son meilleur niveau, n'a pas battu l'intenable Roger Federer, mais pour ceux qui comprennent ce qu'est le tennis de haut niveau, arracher un set au grand Suisse et jouer sans complexes est déjà un exploit. On n'a pas la chance de croiser l'Helvète tous les jours et, quand on le fait (même si c'est un tirage pas clément du tout !), on ne peut pas se permettre de rester les bras croisés. C'est le cas de notre champion national qui, malgré les séquelles d'une blessure qu'il traîne depuis fin décembre, il a tenu très bon avec un premier historique set remporté 7/5. La suite, c'est le physique qui a fléchi (et c'est normal) et deux sets remportés par le grand Federer 6/0 et 6/2. Nous sommes contents qu'il commence, enfin, la saison par un tournoi aussi grandiose que celui de Dubaï face au grand Federer. Nous sommes contents aussi pour ce champion, mal encadré par une FTT où l'élite est complètement marginalisée, presque totalement délaissé au moment où il traînait les blessures (et ce n'est pas la première fois que ça lui arrive !) et qui se bat tout seul pour gérer sa carrière (alors qu'il grimpait dans le Top 100). Le peu que lui alloue la FTT n'est pas en mesure (et on l'a toujours dit !) de répondre aux besoins d'une carrière de joueur de haut niveau. Trop peu pour un Jaziri qui poursuit de grands objectifs et qui se mesure aux plus grands. La preuve, cette chute vertigineuse au classement ATP et ses bobos qu'il traîne, faute de moyens et de logistique. La participation de Jaziri a tourné au vinaigre avec une polémique déclenchée par la FTT et, bien sûr, son président, mais aussi le ministère des Sports. Loin de nous l'idée de nous attaquer aux personnes ou aux institutions, mais nous défendons nos champions et nos joueurs qui brillent au plus haut niveau. Au-delà de toutes ces lenteurs et aberrations bureaucratiques qui tirent notre sport et nos sportifs vers le bas, nous sommes choqués de voir une performance sportive en procès. Au lieu de fêter cela, au lieu d'aider ce joueur à retrouver le Top 100, on le jette en pâture à l'opinion sportive. Voilà, enfin, les détails de cette mauvaise polémique racontés par les parties prenantes. Jaziri : «Déçu...» Les paroles de Malek Jaziri à notre confrère Rabï Bechouri sur la Nationale 2 juste après son match sont claires et nettes: «C'est vrai que j'étais blessé, mais j'ai pu récupérer depuis une dizaine de jours et je me suis senti mieux. Il n' y a pas mieux que moi pour juger bon ou pas de jouer contre Federer. J'étais à Dubaï, les organisateurs du tournoi ont eu l'amabilité de m'inviter. Pouvais-je refuser cela ? Je joue contre la légende vivante du tennis, je lui arrache un set, tout le monde en parle. Aujourd'hui, je suis coupable de bien représenter mon pays dans le gotha du tennis. Je suis vraiment déçu de l'attitude de la FTT». Ce sont les dires les plus significatifs de notre Jaziri. Ryadh Azaïez (directeur de l'élite au MJS) : «Procédures...» Que reproche-t-on à Jaziri ? Ryadh Azaïez précise le point de vue officiel : «Nous sommes toujours aux côtés de Jaziri, un champion qui a tant donné au tennis tunisien. Mais sur ce dossier, il y a un tas de procédures et de faits administratifs à relever. Nous avons reçu un avis médical de la part de la FTT qui affirme que Malek, forfait en coupe Davis, n'est pas apte à jouer à Dubaï en raison d'une tendinite. La décision de la FTT a été transmise via un mail à Jaziri le samedi. Le risque d'une rechute et de complications graves en cas de compétition est la raison qui appuie cette décision validée par un avis médical. En tant que ministère, nous sommes avec le champion, nous sommes contents qu'il sorte une performance pareille face à Federer, mais nous avons une obligation de respecter les règlements. Nous comptons beaucoup sur Jaziri dans l'avenir (Jeux Med) et nous sommes là pour l'aider, mais nous devons prendre en considération la position de la FTT qui gère son dossier». Une polémique est née. Jaziri va-t-il encore peiner pour reprendre une courbe ascendante? Une chose est sûre : on n'a pas le droit d'incriminer le champion, on n'a pas le droit de dire que Jaziri n'a pas représenté la Tunisie contre Federer. C'est grave, c'est insolent et c'est bas comme position!