Le renforcement des opérations de séchage et de stockage du lait permet de faire face à la régression de la production. Equilibrer la filière laitière nécessite la mise en place d'une stratégie cohérente de stockage, de séchage et d'exportation du lait, a estimé M. Kamel Rjaïbi, directeur des études et marketing au groupement interprofessionnel des viandes rouges et du lait (Givlait). La production de lait, en Tunisie, connaît une période de haute lactation, au cours des mois de mars, avril et mai, laquelle se poursuit jusqu'au mois d'août de chaque année, et une autre caractérisée par une basse lactation qui démarre au mois de septembre. La Tunisie est passée, en novembre et décembre 2012, par une pénurie de lait, suite à la baisse de la production et à un accroissement de la demande, a rappelé le responsable. La vente illégale du lait vers la Libye, au cours de la période post-révolution (17 décembre 2012-14 janvier 2011), a été, également, à l'origine du manque enregistré en ce produit de base, a-t-il ajouté. M. Rjaïbi a fait savoir que la consommation de lait, en Tunisie, a cru de 428 millions de litres, en 2010, à 508 millions de litres, en 2012, soit une hausse de 19%. La mise en place, en concertation avec les professionnels et spécialistes du domaine, d'une stratégie visant la promotion des exportations vers la Libye, permettrait de lutter contre la spéculation et le trafic illégal à travers les frontières, a-t-il affirmé. Riadh Louhichi sous-directeur, chargé de la promotion de la qualité au Givlait, a avancé que le renforcement des opérations de séchage et de stockage du lait contribuerait à résorber l'excédent de production de ce produit enregistré au printemps et en été. L'objectif ultime est de faire face à la régression de la production au cours des saisons d'autonome et d'hiver, a-t-il précisé. Louhichi a fait savoir que les quantités collectées, quotidiennement, atteignent, actuellement (février 2013), un million 700 mille litres et dépasseront les deux millions de litres, au cours de la période de pointe (mars, avril et mai 2013), contre une moyenne de consommation quotidienne de lait oscillant entre un million 400 mille et un million 500 mille litres. Pour le responsable, la véritable problématique du secteur du lait réside, essentiellement, en la concomitance entre les périodes de basse lactation (automne et hiver) et de forte consommation. En revanche, a fait remarquer M. Louhichi, l'augmentation de la production de lait (printemps, été), en Tunisie, a pour corollaire un recul de la demande en ce produit. La filière du lait en chiffres Les quantités de lait collectées, quotidiennement, sont estimées à 1 million 700 mille litres, au cours du mois de janvier 2013, contre des prévisions de 2 millions de litres, au cours de la période de haute lactation (mars, avril et mai 2013). La moyenne de collecte quotidienne, au cours de la période de basse lactation (octobre, novembre et décembre) varie entre 1 million 400 mille litres et 1 million 500 mille litres. L'opération de collecte du lait est répartie, au plan national, sur 5 bassins de collecte. Le bassin du Nord-Ouest (gouvernorats de Béja et Jendouba) représente 20% du total des quantités de lait collectées. Le taux de collecte du lait dans le bassin du Nord-Est (Bizerte, Ariana et La Manouba) est de 25% du total des quantités collectées. La contribution du bassin laitier du Centre-Ouest (gouvernorats de Sidi Bouzid, Gafsa et Kasserine) est de l'ordre de 20%. Le bassin du Centre-Est (Mahdia, Sfax et Monastir) collecte 32% du total des quantités collectées tandis que le bassin laitier de Gabès collecte 3%. Selon les chiffres du Givlait, la production de lait a atteint 509 millions de litres en 2012, soit une augmentation de 14% par rapport à 2011 (447 millions de litres). La même source indique que la production nationale de lait varie entre 1 milliard 100 millions de litres et 1 milliard 130 millions de litres en 2012, contre 1 milliard 88 millions de litres en 2011. Il y a lieu de rappeler que la commission d'estimation de la production, relevant de la direction générale de la production agricole au ministère de l'Agriculture, est chargée de fixer la quantité annuelle de production du lait. Les quantités de lait reçues par les usines, et dont le nombre s'élève à neuf, ont frôlé les 619 millions de litres en 2012 contre 536 millions de litres en 2011, soit une hausse de 15%. La capacité de transformation quotidienne de ces usines est d'environ deux millions 500 mille litres, alors que la capacité de production de l'unité de lyophilisation (lait en poudre), située dans la région de Mornaguia, (gouvernorat de La Manouba), atteint, environ 150 mille litres quotidiennement. En ce qui concerne les besoins quotidiens en lait des usines de production de yaourts (7 usines), ils sont de l'ordre de 500 mille litres alors que la capacité de production des usines de production des fromages (24 usines) est estimée à 500 mille litres de lait, quotidiennement. La capacité de production des usines de lait et dérivés est ainsi évaluée à 3 millions 650 mille litres par jour.