Dans un système de retraite par répartition, les salariés et les employeurs versent des cotisations aux régimes de retraite obligatoire de base. Ces cotisations permettent de payer les retraites actuelles. Grâce à leurs cotisations, les salariés s'ouvrent des droits pour leur future retraite. Chaque génération d'actifs se reconnaît une dette vis-à-vis de la génération précédente et bénéficiera à son tour du paiement de sa retraite par la génération suivante. «Ce mécanisme de solidarité, bien qu'il soit nécessaire et garant d'un revenu stable et régulier durant toute la période de la retraite, s'avère, toutefois, insuffisant et nécessite de développer des alternatives pour rendre la retraite plus décente», c'est ce qu'assure M. Skander Lahrizi, directeur technico-commercial à l'assurance vie et capitalisation «Hayett –Comar» «Nous considérons que notre mission est de compléter les régimes obligatoires de sécurité sociale. Car le régime idéal ou parfait serait celui qui pourrait assurer au retraité une pension égale à son dernier salaire, c'est-à-dire un taux égal à 100%. A partir du moment où le système de retraite assure un revenu moindre, notre vocation serait d'intervenir pour aider les gens et leur donner des solutions pour améliorer le taux de remplacement. Il est vrai qu'aucun pays du monde n'arrive par le régime de retraite obligatoire à garantir ce taux élevé. En Tunisie, au niveau de la Cnss, qui représente le système le plus important, le taux peut atteindre 80% après 30 années de service. Ce taux reste théorique, car il n'est jamais calculé sur le dernier salaire, mais sur le salaire moyen des dix dernières années en appliquant un plafond égal à six fois le Smig, soit environ actuellement 1.800 dinars par mois». M. Lahrizi de continuer: «Nous rencontrons souvent des personnes qui partent à la retraite, après 30 ans de service et plus, avec au plus 40% de leurs salaires. Ces problèmes concernent généralement les cadres du secteur privé dont les entreprises n'ont pas opté pour un régime de retraite complémentaire qui complète le régime obligatoire de base». «Certaines grandes entreprises, banques et assurances croient au régime de retraite complémentaire. Mais dans le tissu économique tunisien constitué par des PME, où le taux d'encadrement n'est pas élevé, ce type d'entreprises n'ont pas adopté cette retraite complémentaire de la Cnss. Les cadres travaillant dans ces entreprises seront touchés par le plafonnement de leur pension de retraite à 6 fois le Smig et seraient plus affectés s'ils avaient d'autres avantages en nature comme la voiture de fonction, les bons d'essence, la ligne téléphonique...». Il poursuit : «A partir du moment où le régime de base ne permet pas à toutes les personnes de garder un même niveau de vie à la fin de leur carrière professionnelle, nous proposons à ces personnes des solutions pour leur garantir un niveau de vie égal à celui d'avant. Contrairement aux caisses de sécurité sociale, basées sur le système de répartition, nous proposons un complément retraite par capitalisation. Chaque assuré verse des cotisations qui lui restent acquises, et qui lui seront reversées au moment du départ à la retraite sous forme de rente ou de capital. Les cotisations versées sont investies en placements financiers qui seront liquidés au moment du départ». Développer les produits Beaucoup de gens pensent qu'ils vont atteindre les 80% avec cette retraite complémentaire, mais en fait c'est une fausse idée qui ne résout pas le problème. «Les bases de calcul n'ont pas changé depuis 2005-2006 et les paramètres ne sont pas en faveur des salariés. Nous intervenons donc pour ajuster la situation en jouant un rôle complémentaire. Dans les pays développés, l'assurance vie est d'une importance capitale. Elle est considérée comme la première branche du secteur de l'assurance, elle représente 60 à 70% du secteur, parce que les gens savent que les régimes de retraite sont insuffisants et cherchent à protéger leur niveau de vie. Il faut dire également que des incitations fiscales encouragent les salariés à souscrire à ces régimes, que ce soit pour l'employeur ou le salarié». Selon M. Lahrizi et pour rectifier le tir, des réformes douloureuses doivent être entreprises pour encourager l'assurance vie en plus du régime de retraite général. «Si ces réformes voient le jour, le choc sera moindre pour les personnes qui partent à la retraite. Les autorités ont tout intérêt à favoriser le terrain pour encourager le produit d'assurance complémentaire qui ne représente actuellement que 15% du secteur entier. Déjà, un cadre incitatif existe et des avantages fiscaux, mais qui n'ont pas donné leurs fruits. Il serait davantage important de développer les contrats collectifs d'assurance vie. Ces contrats souscrits par les entreprises permettent à leurs employés de bénéficier de prestations autres que celles imposées par la loi, à l'heure de leur départ à la retraite». Tout l'argent que les compagnies d'assurances, qui proposent le produit d'assurance complémentaire, est injecté dans l'économie nationale et c'est une épargne solide et de très bonne qualité qui assure un type d'épargne à long terme. Cela se traduit sûrement par une croissance économique. «Il est vrai que cette branche se développe en Tunisie mais cela reste insuffisant, elle ne représente que 15% du secteur. Cette branche est la deuxième après l'assurance automobile obligatoire». Les assureurs ont aussi une part de responsabilité dans cette défaillance car ils focalisent beaucoup plus sur les branches obligatoires d'où le développement de l'assurance automobile. «Il est plus facile de vendre un produit obligatoire, mais il reste difficile de convaincre une personne à souscrire un produit optionnel. Le produit vie le plus vendu en Tunisie reste la «temporaire décès en garantie de prêt ». Mais les produits qui nécessitent une stratégie d'entreprise n'ont pas encore pris leur envol». Encore une fois, pour M. Lahrizi, c'est aux autorités et aux pouvoirs publics de moderniser et mettre à niveau le secteur des assurances pour qu'il rende service au pays. II est à rappeler par ailleurs, et selon le dernier rapport de la Fédération tunisienne des sociétés d'assurances (Ftusa), en 2011, que le montant des primes émises de la branche assurance vie s'élève à 176,954 MD contre 161,917 MD en 2010 et 134,595 MD en 2009, soit une augmentation de 9,29 % en 2011. La part des primes de l'assurance vie dans les émissions totales est passée de 13,12 % en 2009 et 14,45 % en 2010 à 15,02 % en 2011.