Suite à la décision jugée unilatérale qu'avait prise, dernièrement, le Syndicat tunisien des médecins de libre pratique portant sur la suspension des tarifs conventionnés, et ce à partir du 1er mars, dans l'objectif de revaloriser leurs honoraires, la Caisse nationale d'assurance maladie (Cnam) s'est déclarée surprise par une telle position décidée sans préavis. Surtout que les propositions qui ont été suggérées lors de la séance de négociations tenue, le 22 du mois écoulé, sous l'égide du ministre des Affaires sociales, sont en cours d'examen. Afin de tirer les choses au clair, M. Fayçal Chebbi, directeur de l'assurance maladie et de la couverture sociale, a donné, hier en début d'après-midi, une conférence de presse au siège de la Cnam à Montplaisir. Le conférencier a, en fait, remis la question dans un contexte socioéconomique sensible, où la Caisse souffre dans sa chair, éprouvant d'énormes difficultés financières qu'elle traîne depuis sa création en 2007. D'ailleurs, la rencontre avec le ministre de tutelle a été une occasion de le souligner haut et fort, dans une tentative d'attirer l'attention du syndicat concerné sur les maux du secteur et le fardeau qu'il supporte pour le bien-être de ses affiliés. Qu'on le veuille ou pas, lance-t-il, la situation de la Caisse demeure, ainsi, hypothéquée par l'étape délicate par laquelle passe aujourd'hui tout le pays. Il a espéré que les médecins privés conventionnés agissent dans ce sens, en faisant preuve de coopération et d'engagement sérieux. Et M. Chebbi d'insister sur la nécessaire concertation entre les deux parties pour aboutir au consensus souhaité, appelant, dans ce cadre, le syndicat à honorer ses engagements comme le stipule ladite convention dont la révision se fait tous les trois ans. Dans le même ordre d'idées, l'orateur a réaffirmé que la récente décision du syndicat relative à l'augmentation des tarifs des médecins de libre pratique conventionnés ne correspond pas aux exigences de la convention bilatérale et que cela n'engage en rien la Cnam. Cette dernière porte à la connaissance de ses affiliés sociaux que rien n'a été changé au niveau des honoraires des consultations médicales, soit 18 dinars pour les médecins généralistes, 30 dinars pour les spécialistes et 35 dinars en ce qui concerne les psychiatres et les neurologues. Ces tarifs, a-t-il fait remarquer, sont encore en vigueur. «Toute majoration au-delà de cette grille tarifaire n'aura aucun effet sur la valeur des prestations fournies à nos assurés sociaux. Nous sommes en train de réfléchir aux mécanismes et procédures à mettre en œuvre pour protéger nos affiliés et leur permettre, le cas échéant, de changer de médecin...», prévoit-il. Et M. Chebbi d'expliquer qu'en 2008, bien avant la révision de la convention qui était prévue en 2010, il y avait eu une augmentation des tarifs à hauteur de 20 %. Ces augmentations, faut-il le noter, se calculent sur la base de l'évolution du Smig et du taux d'inflation. Il importe, ici, de souligner que les 6.250 médecins privés conventionnés avec la Cnam, dont plus de la moitié sont des spécialistes, bénéficient de tarifs conventionnés presque quatre fois plus que ceux pratiqués en France. Et malgré tout, ils veulent majorer de 10 dinars leurs honoraires sur trois ans, alors qu'une majoration d'un seul dinar pour une seule année au niveau des tarifs des consultations pourrait coûter à la Cnam quelque 7 millions de dinars. Que dire d'une augmentation de 10 dinars. Dans sa filière assurance maladie, la Caisse souffre d'un déficit financier estimé à 150 millions de dinars. Ces chiffres alarmants ont été révélés par M. Abdelmajid Jabri, directeur des études et des statistiques à la Cnam. «Et si on n'y pense pas à long terme, ce déficit sera aux alentours de 280 millions de dinars d'ici 2020», prévient-il. M. Chebbi est revenu sur la question pour faire prévaloir le dialogue et le consensus, afin de garantir aux affiliés de bonnes prestations. Il a déclaré que la Cnam favorise toujours la voie de la concertation et de la négociation pour arriver à bon port. Toutes les parties intervenantes devraient accorder leurs violons, a-t-il conclu.