La pollution ne cesse de gagner du terrain dans la Ville de Tunis depuis la révolution, et ce, pour diverses raisons. En effet, tous les intervenants sur la voirie sont concernés par la propreté, y compris les citoyens qui sont appelés à sortir leurs poubelles ou sachets avant quelques minutes du passage de la benne municipale. Or, l'on constate, souvent en plein jour, des déchets ménagers entassés près des arbres, ce qui porte atteinte à l'aspect esthétique de la ville et constitue un point noir à traiter au plus vite. Récemment, cependant, un nouveau phénomène désagréable a été constaté dans plusieurs endroits de la ville, à savoir la constitution de décharges anarchiques improvisées où les déchets sont jetés en grandes quantités. Du côté du Belvédère, ce principal poumon verdoyant de la ville, la pollution a fait son apparition dans la mesure où les visiteurs de ce lieu censé être propre et agréable ont eu la triste surprise de voir un dépôt de déchets qui ressemble fort à une décharge anarchique. Au moindre vent, les déchets qui ne sont pas couverts, volent en l'air et s'accrochent dans les branches d'arbres. C'est vraiment dommage qu'un lieu comme le Belvédère commence, lui aussi, à être pollué. Circuit touristique urbain Mais la situation est encore pire puisque d'autres endroits ont été transformés en décharges anarchiques comme, à titre d'exemple, un espace situé près de l'avenue Mohamed V et même du côté de l'ancien siège de la Société tunisienne de Distributrion en pleine avenue de Carthage. Comme certains espaces non clôturés ne sont pas exploités, certains riverains n'hésitent pas à les utiliser pour se débarrasser de leurs ordures. C'est le cas dans certaines artères dans la Médina du côté de Bab Jedid et de Mdaq El Halfa à Tunis. Le problème est que ces déchets sont parfois brûlés, ce qui contribue à la pollution de l'air et ne résout aucunement le problème posé. C'est avec amertume que l'on constate que la Ville de Tunis, qui a été toujours considérée comme un circuit touristique urbain très sollicité par les touristes, devient de plus en plus polluée malgré les efforts sans relâche des éboueurs qui font de leur mieux visiblement pour préserver tout au long de la journée la propreté, notamment au niveau de l'hypercentre-ville et des zones environnantes. M. Majdi Hentati, directeur de la propreté à la municipalité de Tunis, estime que la décharge de Jebel Chékir, destinée à accueillir les déchets des quatre gouvernorats du Grand-Tunis, à savoir Tunis, Ben Arous, Ariana et Manouba, soit dans l'ensemble 34 communes, a été fermée pendant quelques jours à cause d'une grève déclenchée par les travailleurs qui ont formulé des revendications sociales. «La Ville de Tunis qui produit chaque jour près de 2 tonnes de déchets a besoin d'un espace capable d'accueillir toutes ces quantités, estime notre interlocuteur. Nous avons donc jugé bon d'utiliser certains dépôts municipaux vides pour y entasser les ordures en attendant la reprise de fonction de la décharge contrôlée de Borj Chékir pour les transporter». Droit au congé payé S'agissant des ordures du côté du Belvédère, M. Hentati estime que les déchets ont été amassés du côté de Jebel Lahmar proche, il est vrai, de cet espace verdoyant. Mais la municipalité nous rassure que la situation n'est que temporaire. «De toutes façons, nous n'avons pas le choix», explique le directeur de la propreté ajoutant qu'en tout «16 points de collecte des ordures ont été improvisés dans les dépôts municipaux dont 10 ont été déjà nettoyés suite au transport des ordures ménagères à la décharge contrôlée de Jebel Chékir. Le reste des dépôts sera nettoyé à fur et à mesure». M. Hentati est contre le fait que certaines personnes brûlent les déchets. Et de préciser que certains espaces sont ouverts et sont fréquentés par les fouilleurs (Berbecha) qui n'hésitent pas à brûler les déchets dans le cadre de leur «travail» qui consiste généralement à chercher les bouteilles en plastique et éventuellement des objets usés de valeur qu'ils tentent de vendre. Ce responsable municipal ne veut pas mettre en cause les agents municipaux dans la dégradation de la situation environnementale dans la Ville de Tunis. Ces agents qui étaient avant la révolution des travailleurs de chantiers ont pu être intégrés pour bénéficier de tous leurs droits, y compris leur droit au congé payé de trente jours et les congés de maladie, ce qui n'était pas le cas par le passé quand ils travaillaient tout au long de l'année sans relâche avec un jour de repos par semaine. Des agents sont partis aussi à la retraite, ce qui a contribué à la baisse du nombre de l'effectif sur le terrain. Pour M. Hentati, tous les intervenants sur la voirie, y compris les citoyens, sont concernés par la propreté de la ville et sont appelés à participer activement à sa préservation en appuyant les efforts de la commune. Les déchets ne doivent pas, par exemple, être amassés n'importe comment et tout au long de la journée. L'utilisation des sachets hermétiquement fermés ou des poubelles à déposer à quelques minutes du passage de la benne municpale peut contribuer à la propreté de la ville. Les corbeilles installées dans la ville — même si certaines sont dépourvues de leur conteneur — doivent également être utilisées par les passants ou les automobilistes dont certains n'hésitent pas vider leur cendrier sur la chaussée.