A l'heure où l'on célèbre la Journée mondiale des droits des consommateurs, la grogne sociale gagne du terrain sur fond de colère et d'indignation contre la cherté de la vie qui demeure un fardeau budgétaire de trop. En fait, la baisse du pouvoir d'achat n'a laissé aucune partie indifférente. Et pas plus tard qu'hier, à partir de 10h du matin, l'Organisation de défense du consommateur (ODC) a observé un sit-in, durant une heure, devant l'Assemblée nationale constituante (ANC), au Bardo, en signe de protestation contre la flambée des prix des hydrocarbures. C'est en quelque sorte, comme l'a signalé son vice-président, M. Mohamed Zarrouk, une façon d'agir pacifiquement pour attirer l'attention du gouvernement sur ce manque de visibilité économique et sur l'ampleur de sa décision irréfléchie. Selon lui, ce mouvement de protestation est un signal fort à l'ANC, la plus haute autorité du pays, pour lui exprimer la position de l'organisation et sa vive préoccupation à l'égard du pouvoir d'achat du consommateur. «Cette décision aura également son impact sur notre économie de marché dont 87 % des produits et services sont libres au niveau de la production et de la distribution Surtout que l'on sait que les hydrocarbures, qui représentent 13% du total des énergies, sont un facteur coût élémentaire dans les différents secteurs de production», analyse-t-il. Quoique la mobilisation n'ait pas été assez importante, le message que l'ODC a voulu passer, à l'occasion, est plus que significatif. Soit la sensibilisation à la révision des prix. C'est déjà une des priorités du gouvernement de Laârayedh. «Il est vrai que la Caisse de compensation a besoin d'être alimentée en revenus et subventions, mais pas de cette manière. L'augmentation des prix des hydrocarbures ne va pas résoudre les déficits financiers enregistrés au niveau de la Caisse, mais plutôt il va y avoir des répercussions sur les coûts des autres secteurs considérés comme énergivores tels que le bâtiment, l'agriculture et le transport. D'ailleurs, cette dernière majoration n'a rapporté que quelque 300 millions de dinars tout au plus. Encore loin de couvrir les dépenses déclarées», a-t-il fait remarquer. «Toutefois, ajoute-il, nous comprenons mieux les déséquilibres financiers de l'Etat et nous sommes pour la révision du système de subvention, mais de façon beaucoup plus rigoureuse. L'on aurait plutôt dû s'attaquer à d'autres phénomènes qui pèsent trop sur l'économie nationale, à savoir la contrebande, l'évasion fiscale, le marché parallèle et bien d'autres...». Des membres du bureau de l'ODC, du bureau local (Bardo) du Parti des travailleurs, ainsi que certains citoyens sont venus soutenir l'appel au gel des prix. «L'ODC appelle le gouvernement à revenir sur sa décision...» et «la hausse des prix des hydrocarbures aura de graves répercussions sur le pouvoir d'achat du consommateur», sont les slogans qui ont été scandés, défendant les droits du consommateur en ce jour anniversaire mondial. «Si notre voix n'est pas entendue, nous allons agir sur le terrain avec le concours de l'Utap, faisant du porte-à-porte auprès des entreprises industrielles pour les solliciter à ne pas trop s'engager dans cette hausse des prix pour l'intérêt du consommateur», souligne M. Zarrouk. A noter que dans la foulée de cette vague de protestation contre l'augmentation des prix des hydrocarbures, les chauffeurs de taxi vont, eux aussi, observer un sit-in lundi 18 mars.